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Ph. Rosanna Perroti.

À São Paulo, la « ration du pauvre » de Doria fait scandale

Des granulés pour les pauvres ? Face à la polémique, la municipalité de São Paulo tergiverse. Le 8 octobre, le maire João Doria lançait le programme Alimentos para todos (De la nourriture pour tous), à destination des plus démunis. Au cours de l’événement, Doria en a expliqué le principe, décrivant les granulés disposés dans des pots en verre : « Ici, vous voyez des aliments qui auraient été jetés à la poubelle et qui sont réutilisés en toute sécurité. Ils sont lyophilisés et transformés en des aliments complets. Ils sont riches en protéines, en vitamines et en sels minéraux. » Mais une semaine plus tard, lundi 16 octobre, la ville annonçait dans un communiqué qu’il n’y avait aucune certitude que les granulés seraient distribués, et que dans tous les cas si tel était le cas, ils ne seraient pas offerts de manière « généralisée », mais seulement comme un « complément alimentaire ». Mercredi 18 octobre, le maire de São Paulo est revenu à la charge, en annonçant que le complément alimentaire en question serait au menu des écoles municipales jusqu'à la fin du mois d'octobre.

Fournis à titre gracieux par l’entreprise Plataforma Sinergia, les granulés sont composés d’aliments approchant de la date de péremption, ainsi que de produits ne convenant pas aux normes de vente en supermarché. Au vu de l’apparence de la préparation, les réactions ne se sont pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, il a vite été reproché à Doria de proposer comme solution une « ration du pauvre », dont beaucoup doutent de la qualité réelle. Sur Twitter, Paola Carosella, chef du Arturito et jurée de MasterChef Brasil, a déclaré qu’il s’agissait d’une « Violence sous forme de ration pour "humains" », mettant en avance la ressemblance de ces granulés avec des croquettes.

« Contraire aux principes du Droit humain à une alimentation adéquate »

Du côté des spécialistes, le projet a également soulevé de nombreux doutes. Dans un communiqué, le Conseil régional de la nutrition s’est montré en défaveur de la mesure, soulignant qu’elle était « contraire aux principes du Droit humain à une alimentation adéquate (DHAA), ainsi qu'au Guide alimentaire pour la population brésilienne » et qu’elle s’opposait aux « politiques publiques menées dans le combat à la faim et la dénutrition ». Contactée par El País, Mariana Garcia, nutritionniste et chercheuse pour la section alimentaire de l’Institut brésilien de défense du consommateur (Idec), s’interroge sur la composition réelle du produit. Elle souligne également que celui-ci ne devrait être utilisé qu’en cas d’extrême urgence, car dans tous les cas mieux vaut « privilégier de fournir des nutriments par le biais d’aliments naturels plutôt que par des produits ultra-transformés ».

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