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Talita Menezes et son fils Rafael le 29 septembre 2018 à Rio (Facebook)

Ça fait du ramdam au Brésil : la déclaration d’amour d’un couple pour leur fils gay

Samedi après-midi, Rafael, 16 ans, et sa mère, Talita, étaient à la manifestation des « Femmes contre Bolsonaro » à Rio. Sur leur front était respectivement inscrit « viado » (« pédé ») et « mae de viado » (« mère de pédé »). Leur photo a fait le tour du Web brésilien, s’attirant des commentaires d’encouragement, mais aussi de haine.

Comme elle l’a raconté à l’édition brésilienne de Marie Claire, Talita Menezes a au départ été surprise que son fils choisisse le terme « viado » plutôt que « gay ». « Parce que c'est de "pédé" qu'ils me traitent, c'est "pédé "qu'ils m'appellent. Je me l’approprie. Quand j’inscris "pédé" sur mon front, je m’empare de leur pouvoir. J’enlève le mot de la bouche de ces personnes », a justifié Rafael auprès de sa mère, qui raconte que l’adolescent revendique son homosexualité depuis l’âge de 10 ans.

Touchée, Talita Menezes a alors décidé de le soutenir en imitant son initiative : « Comme c’était déjà fait, je n’allais pas le laisser s'exposer seul. Alors j'ai dit à son amie: "C'est bon, écris 'mère de pédé' ici. Parce que, puisque c’est un pédé, la mère du pédé est ici. Si quelqu'un vient se moquer, je suis là". »

Des commentaires haineux à la pelle

Si leur présence à la manifestation a été un succès, de nombreuses personnes les prenant en photo et les encourageant, la répercussion immédiate sur les réseaux sociaux a été compliquée. Même si la photo a reçu des dizaines de milliers de « likes » sur Twitter, l’avocate et professeure d’université a « commencé à voir que beaucoup de gens l'utilisaient pour dire des choses horribles », du type « le père doit être en train de pleurer dans la salle de bain » ou encore « il n'a pas de père ».

Choqué, le père de Rafael, Fabio Pereira, a répondu aux critiques le lendemain, dimanche, par une longue déclaration d’amour pour son fils sur Facebook. « A ces gens, ce que je veux dire, c'est que votre phobie vous masque la vérité : vous êtes horrifiés par ce qui est différent. Ma famille transmet l'amour, l'affection et possède des valeurs de solidarité et de dignité. Je suis fier de mon fils homosexuel et ravi de dire que je suis le père de cette belle personne. Celle-là même qui est talentueuse, intelligente, responsable et surtout aimée par tout le monde dans sa famille ! » écrit-il, avant de conclure : « Ensemble nous sommes forts et plus unis dans l’amour que jamais ! L'amour avant tout ! »

L’amour, difficile vainqueur

Le texte de Fabio Pereira a été partagé plus de 44.000 fois, engendrant plus de 29.000 commentaires, dont une grande majorité d’encouragements, même si, là encore, les répliques haineuses n’étaient pas absentes. « Cela encourage l’homosexualité ! », commente ainsi Claudyr Montagnolli. « Chacun son orientation sexuelle, mais l’exposer… c’est un truc de pédé », renchérit Reinaldo Aranha. D’autres, électeurs de Jair Bolsonaro, tentent de défendre maladroitement leur candidat. « Félicitations à la famille et à l’amour manifesté, cela ne justifie néanmoins pas les préjugés à l’égard du candidat Bolsonaro, il n’est pas celui que l’on décrit », estime Sergio Urbano.

Pour rappel, 445 personnes LGBT ont été assassinées au Brésil l’an dernier en raison de leur orientation sexuelle, soit une victime toutes les 19 heures, un record et une hausse de 30 % par rapport à 2016, selon le Grupo Gay da Bahia (GGB).

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