Comme leurs homologues du monde entier, les militants d’extrême droite brésiliens ont de sérieux problèmes avec l’histoire. L’une de leurs habitudes est d’apparenter leurs adversaires de gauche aussi bien avec le communisme qu’avec… le nazisme (parce que Parti national-« socialiste »). L’ambassade d’Allemagne au Brésil a ainsi décidé, comme si de rien n’était, de leur donner une petite leçon d’histoire au début du mois.
Dans une courte vidéo postée sur Twitter, sans viser personne directement, la chancellerie entend démontrer que « les Allemands ne cachent pas leur passé » et « comment l’histoire est enseignée en Allemagne ». Le document explique notamment que les écoliers allemands commencent à être éduqués sur le nazisme et les horreurs de l’Holocauste entre 13 et 15 ans, que de nombreux musées et mémoriaux existent pour en témoigner à travers le pays, mais aussi que la négation de l’Holocauste, les symboles nazis et toute autre manifestation en ce sens sont des crimes. A cela s’ajoutent des citations de membres du gouvernement allemand, affirmant la relation entre l’extrême droite et le nazisme. « Qui manifeste contre les nazis n’est pas de gauche, mais normal », conclut subtilement la vidéo, se référant au slogan d’une pancarte de manifestation.
Os alemães não escondem o seu passado. Saiba como se ensina história na Alemanha:#história #alemanha #museus #deutschland #passado #futuro pic.twitter.com/VuTWj1VA3A
— AlemanhanoBrasil (@Alemanha_BR) 5 septembre 2018
Les extrémistes de droite brésiliens pas convaincus
Ce rappel, court et efficace, a provoqué depuis l’ire des extrémistes de droite brésiliens. Ils sont loin de se montrer convaincus, comme on peut le voir sur Twitter, via des internautes qui en grande majorité s'affichent ouvertement comme des électeurs de Jair Bolsonaro, le candidat du Parti social libéral à l'élection présidentielle.
Vídeo em plena as eleições do brasil, com candidato de direita na frente em todas as pesquisas, que sofreu atentado.
Sinto que quer influenciar nas eleições.
E sem colocar as evidencias que nazismo é de direita é foda neh?
Eu também sei fazer este vídeo e colocar esquerda!— Jesse Araujo (@Helleyser) 17 septembre 2018
« Une vidéo en pleine élection au Brésil, avec un candidat de droite en tête de tous les sondages, qui a été victime d'un attentat. Je pense que vous voulez influencer l'élection. Et sans apporter les preuves que le nazisme est de droite c'est génial hein ? Moi aussi je peux faire cette vidéo et dire que c'est de gauche ! »
Extrema direita? Um movimento vindo do PARTIDO NACIONAL SOCIALISTA DOS TRABALHADORES ALEMÃES?! Como assim extrema direita?
— Maikon Silva (@maikon_esilva) 17 septembre 2018
« Extrême droite ? Un mouvement issu du Parti national socialiste des travailleurs allemands ? Comment ça extrême droite ? »
D'autres vont jusqu'à nier l'Holocauste, qualifiant l'événement qui a provoqué la mort de plusieurs millions de juifs de « farce » ou postant des montages de propagande antisémite.
Des soutiens et des excuses
Mais d’autres internautes viennent heureusement en aide à l’ambassade d’Allemagne, qui a pris soin de répondre sobrement à chaque commentaire haineux sur la même publication postée sur Facebook, s’excusant du comportement de leurs compatriotes. « Je vous prie de nous excuser au nom des professeurs et futurs professeurs d’histoire de ce pays », écrit l’un d’eux, cité par O Globo. Même schéma sur Twitter :
Brasileiro não sabe nem pronunciar a marca Volkswagen correto , mas quer saber da história da Alemanha, mais que a própria Alemanha.
— Diego Mateus Isidoro (@_Isidoro_Diego) 17 septembre 2018
« Le Brésilien ne sait même pas prononcer correctement la marque Volkswagen, mais entend mieux connaître l'histoire de l'Allemagne que les Allemands. »
Engraçado é ver Brasileiros que não conseguem compreender a história do próprio país, tentando explicar a História da Alemanha, PARA OS ALEMÃES. Brasilerio só sabe mesmo é passar vergonha.
— Vinicius Feliciano (@ViniciusFR572) 17 septembre 2018
« C'est drôle de voir les Brésiliens qui ne parviennent même pas à comprendre l'histoire de leur propre pays tenter d'expliquer l'histoire de l'Allemagne aux Allemands. La seule chose que le Brésilien sait bien, c'est se couvrir de honte. »