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Fernando Haddad (PT), dans un bureau de vote en 2012 (Agência Brasil)

Élections au Brésil, mode d’emploi

Les 7 et 28 octobre prochains auront lieu respectivement le premier et le second tour des élections générales brésiliennes. Bom Dia Brésil vous détaille tous ses ressorts.

De quelles élections s’agit-il ?

Le sénat brésilien (Agência Brasil)

Dans un système ressemblant à la fois aux élections américaines et françaises, les électeurs brésiliens sont invités à voter, lors des deux tours se déroulant un dimanche à trois semaines d’intervalle, pour plusieurs scrutins en même temps. L'élection la plus médiatique est évidemment la présidentielle à laquelle concourent treize candidats cette année. Il s’agit d’un scrutin uninominal majoritaire à deux tours où chacun des postulants propose un ticket avec un candidat à la vice-présidence, qui n'est pas forcément du même parti. Sur le même modèle, on retrouve également l'élection des gouverneurs (et vice-gouverneurs) pour chaque Etat.

A cette occasion sont aussi renouvelées toutes les assemblées, fédérales et locales. Ont ainsi lieu des élections législatives concernant à la fois la Chambre des députés de Brasilia et celle de chaque Etat. Les députés fédéraux (513 au total, chaque Etat disposant d'un quota selon la taille de sa population, de 8 à 70) et locaux (pour chaque assemblée locale, dont le nombre d'élus varie selon son nombre de députés fédéraux) sont élus via un scrutin proportionnel de liste ouverte ; c'est-à-dire que la conquête de leur siège va dépendre autant du nombre de votes recueillis pour eux-mêmes que de celui accumulé pour leur parti (ou alliance de partis). Les électeurs peuvent voter soit pour un candidat en particulier, soit pour le parti tout entier de leur choix. Les résultats donnent un certain nombre de sièges pour chaque parti, qui sont ensuite distribués pour leurs candidats ayant reçu le plus de votes - néanmoins, depuis cette année, ils doivent avoir reçu plus de 10 % des voix pour pouvoir obtenir un siège.

Enfin, des élections sénatoriales sont aussi proposées, avec un scrutin majoritaire, mais seulement pour renouveler, alternativement, un tiers ou deux tiers du Sénat brésilien (ils sont 81 sénateurs au total, trois pour chaque Etat). Cette année, ce sont deux tiers de la chambre haute (54 sénateurs) qui sont concernés avec deux sièges en jeu pour chaque Etat (un seul siège lorsqu'un tiers du Sénat est renouvelé).

Quand les élus entreront-ils en fonction et pour combien de temps ?

Tous ces élus ne prendront leurs fonctions qu’à partir du 1er janvier et ce pour quatre ans, sauf les sénateurs, pour huit ans.

A quel âge peut-on être élu au Brésil ?

Comme en France, une condition d'âge existe pour exercer un mandat. Ainsi, pour être président, vice-président ou sénateur, il faut avoir au minimum 35 ans. Pour le poste de gouverneur et vice-gouverneur, c'est 30 ans. Puis 21 ans pour tous les autres mandats législatifs fédéraux et locaux, ainsi que municipaux. Il n'y a que le mandat de conseiller municipal qui autorise des élus à partir de 18 ans.

Qui peut voter ?

A la différence de la France, au Brésil, le vote est un devoir tout autant qu'un droit. Il est ainsi obligatoire pour les personnes de 18 à 70 ans. Il devient facultatif pour les personnes de plus de 70 ans, mais aussi pour celles de 16 à 18 ans, qui peuvent également voter, ainsi que les analphabètes et personnes présentant des problèmes de locomotion. Si un électeur ne se rend pas au scrutin, il doit justifier son absence avant ou après (dans un délai de 60 jours) auprès de la justice électorale. S'il ne donne aucune justification, l'électeur brésilien est passible d'une amende (variable, elle ne représente que quelques reais), à s'acquitter sous 60 jours. S'il ne paye pas son amende, les conséquences s'alourdissent : renouvellement de carte d'identité ou passeport bloqué, interdiction de participer à des concours publics, de contracter un crédit auprès des banques ou même gel du salaire si la personne est un fonctionnaire. S'il persiste trois élections consécutives sans payer ses amendes, son droit de vote lui sera retiré jusqu'à régularisation. Si cette dernière n'intervient pas au bout de six ans, l'électeur est alors radié à vie.

Comment vote-t-on ?

(Fernando Frazão/Agência Brasil)

Si plus de trente pays dans le monde ont recours au vote électronique pour organiser des élections, le Brésil fait incontestablement figure de pionnier en la matière. Les premières machines ont été introduites lors des municipales de 1996 et quatre ans plus tard, en 2000, le système électoral brésilien était devenu 100 % électronique.

Depuis, tous les deux ans, le rituel est le même. Le jour du vote, les électeurs doivent saisir sur une urne électronique les numéros correspondant au(x) candidat(e)s de leur choix. La photo, le numéro, le nom et le sigle du parti du candidat apparaissent alors sur l'écran, comme on peut le voir sur un simulateur mis en ligne par le Tribunal supérieur électoral (pour le lancer, cliquez ici). L'électeur doit vérifier si les informations sont correctes, puis cliquer sur le bouton « confirmer » pour enregistrer le vote ou sur « corriger » pour recommencer. Un bouton « blanc » est également présent. Pour voter nul, il suffit de taper un numéro inexistant et de confirmer. Une fois le vote enregistré, il est transmis aux serveurs du TSE.

Principal avantage : le résultat final de l'élection est annoncé très rapidement. Mais ce vote 100 % électronique est également la source de nombreuses critiques, à l’image de celles exprimées encore récemment lors du premier débat de la campagne par le candidat à la présidentielle Cabo Daciolo (Patriota), qui dénonce des fraudes dans les urnes électroniques. Depuis 2009, des tests publics ont été réalisés pour vérifier la sécurité des urnes. Lors de deux d'entre eux, une équipe coordonnée par Diego Aranha, professeur à l'université d'État de Campinas (Unicamp), a trouvé des failles, rapporte l'Estadao. Mais selon Giuseppe Janino, secrétaire aux technologies de l'information du TSE cité par le quotidien, « en 22 ans d'utilisation (...), il n'y a pas eu de cas de fraude ».

Comment se déroule la campagne ?

Marina Silva en campagne (Flickr/Leo Cabral)

En octobre dernier, de nouvelles règles ont été votées par le Congrès brésilien. Tout d’abord, la période de campagne du premier tour des élections a été divisée par deux. Elle a débuté le 16 août et durera jusqu’au 6 octobre (du 8 au 27 octobre pour le second tour). Du 31 août au 4 octobre sont diffusés les spots de propagande électorale à la télévision et à la radio (par blocs de 12 minutes, deux fois par jour, trois jours par semaine) pour les candidats à la présidentielle.

Ces jours-là, à 13h et 20h30 à la télévision et 7h et midi à la radio, tous les candidats s'exprimeront les uns après les autres durant 12 minutes et trente secondes au total. Plus la représentativité de leur alliance de partis est importante, plus les candidats ont un temps de parole élevé. Geraldo Alckmin (PSDB) est ainsi le plus gâté avec 5 minutes 32 secondes au sein de chaque bloc, devant Lula (PT, 2 minutes et 23 secondes), Henrique Meirelles (MDB, 1 minute 55 secondes), Alvaros Dias (Podemos, 40 secondes), Ciro Gomes (Parti démocratique travailliste - PDT, 38 secondes) et Marina Silva (Rede, 21 secondes). Jair Bolsonaro (PSL) n'aura lui que huit secondes de propagande électorale, soit à peine trois secondes de plus que les plus petits candidats du premier tour. L'ordre de passage des candidats, tiré au sort, changera à chaque jour de diffusion avec un bonus de neuf secondes pour le dernier à s'exprimer. Pour le second tour, la diffusion va du 12 au 26 octobre, les spots sont équitables, dix minutes pour chaque candidat.

Autre nouvelle règle : le financement de la campagne. Les dons d’entreprises sont désormais prohibés. Pour la présidentielle, le plafond est à 70 millions de reais pour le premier tour, 35 millions pour le second. Une réduction drastique quand on sait que Dilma Rousseff et Aécio Neves, les deux candidats au second tour de la dernière élection, avaient respectivement dépensé plus de 300 millions et plus de 200 millions de reais pour leurs campagnes respectives.

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