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Ph. Fernando Frazão/Agência Brasil

La décla de la semaine : « Interdire l'avortement en cas de viol ne passera pas à l'Assemblée »

Rodrigo Maia, président de la Chambre des Députés, a clairement exprimé son opinion. (Ph. Facebook/Reproduction)

C'est avec ces mots que le président de la Chambre des députés, Rodrigo Maia (Démocrates, DEM), a condamné sur sa page Facebook la proposition d'amendement visant à interdire l'avortement dans les cas actuellement autorisés par la loi, à savoir à la suite d'un viol, dans les cas d'anencéphalie et lorsque la grossesse représente un risque pour la vie de la mère.

Cette réaction fait suite au vote de la proposition de l'amendement 181/2015 par une commission spéciale de la Chambre des députés, concernant l'allongement du congé maternité lors de la naissance d'enfants prématurés, adoptée mercredi 8 novembre, à 18 voix contre 1. Connu comme l'« amendement cheval de Troie », le texte initial a été altéré par Jorge Tadeu Mudalen (DEM), sous la pression des évangéliques, représentant 22 des 32 membres de la commission. Il précise que « la vie commence dès la conception », ce qui de fait amènerait à considérer comme criminel tout cas d'avortement au Brésil.

Pour rappel, au Brésil, en dehors des trois cas cités ci-dessus, l'avortement est considéré comme un crime (articles 124 et 126 du code pénal), passible d'un à trois ans de prison, la personne ayant réalisé l'acte chirurgical pouvant écoper d'une peine d'un à quatre ans d'emprisonnement.

De vives réactions

A la suite du résultat du vote, les réactions ne se sont pas fait attendre. A commencer par Erika Kokay (Parti des travailleurs, PT), la seule députée - et unique femme du groupe - à avoir voté en défaveur de l'amendement. « Nous allons mobiliser la société contre cette modification qui a déformé la proposition initiale de congé maternité et créé une situation opposée à la loi approuvée dans les années 1940, qui garantit à la femme le droit à l'avortement en cas d'anencéphalie, de viol et de risque vital pour la mère. Ils veulent profiter d'un consensus pour allonger le congé maternité, pour instaurer un vrai retour en arrière », explique-t-elle dans un entretien accordé à Marie Claire. La même idée a été soulignée par l'ancienne présidente Dilma Rousseff, sur son compte Twitter : « Interdire l'avortement même en cas de viol est un profond retour en arrière. »

Durant les débats menés au sein de la commission, le député Pastor Eurico (Parti humaniste de solidarité, PHS) a insisté sur le fait que le débat « n'est pas religieux » et que « le Brésil ne défend pas l'avortement ». Avant de pousser plus loin en affirmant qu'être en faveur de l'avortement était un acte « satanique, diabolique, destructeur. »

Le texte doit désormais être soumis au vote de la Chambre des députés, où il devra recueillir au moins 308 votes, avant d'être présenté au Sénat.

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