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La 17e édition du Lavage de la Madeleine, le 1er juillet 2018, à Paris (C.CHAUVEL/BOM DIA BRESIL)

Le Lavage de la Madeleine fait vibrer Paris aux sons et croyances de Bahia

Dimanche, 12h, chaleur et soleil au zénith. Place de la République à Paris, les bannières aux couleurs de l’arc-en-ciel de la Marche des fiertés de la veille ont laissé place aux drapeaux du Brésil. Le cortège de la 17e édition du Lavage de la Madeleine va pouvoir démarrer.

Les mães de santo mènent le bal

De l’avis des habitués du plus grand événement culturel brésilien de la capitale française, on a connu des foules jusqu’à dix fois plus importantes par le passé. Cette année, les choses semblent avoir changé : la date déjà, passée de septembre à ce premier jour de juillet, en concurrence frontale avec le Carnaval tropical sur les Champs-Elysées, sans oublier des conditions d’organisation rendues plus ardues en raison du plan Vigipirate.

Durant plus d’une heure, une dizaine de mães de santo (mères de saint), reconnaissables à leur coiffe et robe blanche vont mener le cortège idéalisé en 1998 par le chanteur et danseur bahianais Robertinho Chaves jusqu’à l’église de la Madeleine – dont les marches accueillent l’événement depuis 2002, après celles du Sacré-Coeur.

La 17e édition du Lavage de la Madeleine, le 1er juillet 2018, à Paris (C.CHAUVEL/BOM DIA BRESIL)

Gilberto Gil, Rai et Cristina Cordula

Derrière ces représentantes des religions afro-brésiliennes, un orchestre de batucada, Batucados, impose son rythme endiablé sur lequel une troupe de danseurs virevolte dans son sillage. Suivent ensuite deux bus et un camion, ce dernier accueillant sur sa plateforme parrain et marraine de l’événement, Rai et Cristina Cordula, ainsi que Robertinho Chaves qui enchaîne les tubes bahianais, bientôt rejoint par Gilberto Gil pour la fin du défilé.

Enfin arrivé derrière l’église de la Madeleine peu avant 15h, une centaine de personnes ont pris le cortège en marche et s’enthousiasment aux pieds d’un Gilberto Gil visiblement en forme. Le temps de terminer sa chanson avant qu’il ne s’éclipse pour laisser place au fameux « lavage ».

La 17e édition du Lavage de la Madeleine, le 1er juillet 2018, à Paris (C.CHAUVEL/BOM DIA BRESIL)

La Festa de Nosso Senhor do Bonfim à Paris

En quoi consiste-t-il ? Il reprend la tradition de la Festa de Nosso Senhor do Bonfim, qui a lieu le deuxième jeudi du mois de janvier depuis 1773, à l’église Nosso Senhor do Bonfim de Salvador (Bahia). A l’origine, il avait été demandé aux esclaves de nettoyer les marches de l’édifice avant que la fête n’ait lieu. Le candomblé a repris cet événement à son compte, l’intégrant à son calendrier de rituels, même s’il consiste aujourd’hui en une cérémonie interreligieuse réunissant des milliers de personnes chaque année – c’est le deuxième plus important événement de Bahia derrière le carnaval.

C’est ainsi que sur les marches de l’église de la Madeleine, on retrouve côte à côte un Babalorixá (un pai de santo, père de saint) et le prêtre de la paroisse, célébrant une courte cérémonie en français, portugais et yoruba (langue provenant des esclaves africains et utilisée dans les rites du candomblé) – une messe interreligieuse franco-brésilienne a été célébrée quelques jours plus tôt dans la Madeleine. De l’eau est ensuite versée sur les marches par les mães de santo, qui y jettent également des fleurs, avant qu’elles ne les nettoient symboliquement.

Puis des dizaines de fidèles brésiliens se ruent pour se faire mouiller la tête de cette eau bénite afin de purifier leur âme et s’offrir accessoirement un bon rafraîchissement par cette canicule. Les plus croyants ont le visage encore plus humide : ils pleurent.

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