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L'ancien président Lula, le 7 avril 2018 (Agencia Brasil)

Lula s'est rendu à la police fédérale de Curitiba

Depuis le rejet mercredi 4 avril par le tribunal suprême fédéral (STF) de la demande d'habeas corpus qui aurait permis à Lula d'éviter la prison avant l'épuisement de tous les recours contre sa condamnation à 12 ans et 1 mois de prison pour corruption passive et blanchiment d’argent, les choses s'accélèrent pour l'ancien président brésilien. Bom Dia Brésil revient sur les derniers développements de l'affaire.

Samedi 7 avril - L'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva est arrivé vers 22 heures samedi 7 avril à Curitiba, où il a été incarcéré. Après avoir rejoint la capitale du Paraná en avion depuis São Paulo, il a été transféré en hélicoptère dans les locaux de la surintendance de la police fédérale de Curitiba. Des incidents entre sympathisants de l'ancien président et police militaire ont eu lieu au moment de son arrivée.

Samedi matin, après une nouvelle nuit passée au siège du Syndicat des métallurgistes de Sao Bernardo do Campo (Sao Paulo), Lula avait assisté sur place à une messe à la mémoire de sa femme, Marisa Leticia, qui aurait eu 68 ans ce samedi. Il avait ensuite pris la parole pour la première fois depuis que le juge Sergio Moro a demandé à l'ancien président de se rendre à la police fédérale de Curitiba. Dans un discours de près d'une heure devant ses militants qui encerclent les lieux, Lula a une nouvelle fois clamé son innocence, mais indiqué qu'il répondrait favorablement à la décision du juge fédéral. « J'ai 72 ans, mais je ne leur pardonne pas d'avoir menti en me faisant passer pour un voleur », a notamment déclaré l'ancien président, cité par Agência Brasil.

En milieu d'après-midi, une voiture transportant Lula a tenté de quitter le siège du Syndicat des métallurgistes, mais sa sortie a été bloquée par les nombreux militants présents. L'ancien président est alors retourné dans le bâtiment. Pour mieux le quitter, à pied, un peu plus tard, et embarquer dans une voiture un peu plus loin, une fois le barrage des militants franchi.

Vendredi 6 avril - Attendu jusqu'à 17h à la police fédérale de Curitiba, Lula ne s'y est pas présenté. Il est resté au siège du Syndicat des métallurgistes, où il avait passé la nuit de jeudi à vendredi.

Cependant, la justice fédérale du Parana a indiqué que Lula n'était pas considéré comme fugitif pour autant car il n'y avait pas d'éléments présentant une fuite. Comme il ne s'est pas rendu volontairement, il devrait être interpellé par la police fédérale. Cette dernière doit s'organiser désormais pour réaliser cette interpellation en toute sécurité. Le lieu où se trouve l'ancien président est encerclé par des centaines de militants du Parti des Travailleurs (PT) notamment. Les avocats de Lula négocieraient avec la police fédérale les conditions de cette interpellation. Selon Estadao, elle pourrait intervenir samedi 7 avril à São Paulo après un messe donnée en l'honneur de Marisa Leticia, l'épouse décédée de l'ancien président. Pour Extra, l'interpellation pourrait être réalisée lundi 9 avril.

Dans la journée de vendredi, les avocats de Lula ont tenté de nouveau d'obtenir un habeas corpus auprès du Tribunal supérieur de justice. Ce dernier l'a rejeté.

Jeudi 5 avril - Sergio Moro a décidé jeudi 5 avril l’incarcération de Lula. Selon G1, le juge fédéral a demandé que l'ancien président se présente volontairement à la police fédérale à Curitiba, avant 17h ce vendredi 6 avril. Les détails de la comparution devant la police fédérale doivent être fixés avec les avocats de l’ancien président. Le juge a interdit l'utilisation de menottes.

Une salle a été réservée à l’intention de Lula à la surintendance de la police fédérale, selon la note du juge Sergio Moro, qui explique avoir tenu compte de la dignité de la fonction qu’il a occupée par le passé : « L'ancien Président y sera séparé des autres prisonniers, sans aucun risque pour son intégrité morale ou physique. »

Une nouvelle défaite au STF

Mercredi 4 avril - Après 11 heures de jugement et un vote serré, Lula avait encaissé une nouvelle défaite dans la nuit de mercredi à jeudi devant le Tribunal suprême fédéral. A six voix contre cinq, la cour suprême brésilienne a décidé de rejeter la demande d'habeas corpus de l'ancien président brésilien. Il pouvait donc dès lors être amené à commencer à purger la peine de 12 ans et un mois de prison à laquelle il a été condamné par une cour d'appel en janvier dernier pour corruption passive et blanchiment d'argent. Et ce avant que tous les recours en seconde instance aient été épuisés.

Alors que cinq ministres du STF (Mendes, Toffoli, Lewandowski, Marco Aurélio, Celso de Mello) avaient voté pour accorder l'habeas corpus et cinq contre (Fachin, Moraes, Barroso, Rosa Weber, Fux), la voix de la dernière votante, Cármen Lúcia, présidente de la Cour, était donc décisive. Elle a rapidement précisé qu'elle resterait sur la position qu'elle tenait depuis 2009, à savoir être favorable à un emprisonnement après le jugement en deuxième instance, scellant ainsi le sort du leader du Parti des Travailleurs (PT).

Réactions

A Brasilia, le vote des ministres du STF a été très serré (José Cruz/Agência Brasil)

Sepúlveda Pertence, avocat de Lula et ancien président de lu Tribunal suprême fédéral (STF), s'était selon UOL montré très critique face à la décision du STF : « A mon avis, une garantie fondamentale, l'habeas corpus, a été enterrée. » L'avocat n'a pas voulu se prononcer sur les prochaines étapes de la défense, car il a déclaré qu'il n'était pas le seul défenseur de l'ancien président : « Il y a toute une équipe, nous devons discuter. » La procureure générale de la République, Raquel Dodge, a elle déclaré selon G1, que cette décision correspondait « à ce que le ministère public avait demandé ». Dans un communiqué, le PT a quant à lui affirmé qu'il s'agissait d'une « journée tragique pour la démocratie et le Brésil », et que la « Constitution avait été déchirée ». « Il n'y a pas de justice dans cette décision. C'est une combinaison d'intérêts  politiques et économiques, contre un pays et sa souveraineté, contre un processus démocratique, contre le peuple brésilien » conclut la note. Selon l'Estadão, l'ancien président, qui a assisté au jugement en compagnie de proche au Syndicat de la métallurgie de la zone ABC (São Paulo), a admis qu'il était désormais en dehors de la course aux présidentielles.

D’après Exame, le leader du Parti social démocrate brésilien (PSDB) à la Chambre des députés, Nilson Leitão, a salué le fait que le STF avait « rempli son rôle », affirmant qu’une « décision contraire aurait frustré la société et renforcé un sentiment de retour en arrière dans le combat contre l’impunité ». Le président national du Parti socialisme et liberté (PSOL), Juliano Medeiros, s’est quant à lui montré déçu par la décision du STF qui selon lui représente un mépris de la démocratie. « Cela montre la nécessité de la formation d’un front démocratique contre l’escalade de l’autoritarisme et de la violence » a-t-il insisté.

Sur le plan international, peu de réactions hormis celle du président vénézuélien Nicolas Maduro sur son compte Twitter. « Ce n’est pas seulement le Brésil, mais le monde entier qui te prend dans ses bras Lula. Cette injustice fait mal à l’âme. La droite, par son incapacité à gagner démocratiquement, a choisi le chemin judiciaire pour effrayer les forces populaires. Mais tôt ou tard vaincra la Patrie ».

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