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Ph. Mondial de la bière/Flickr.

Mondial de la Bière : « Le Brésil essaie d’inventer son école »

Altair Nobre, fondateur du magazine BeerArt (Devoluçao/Facebook).

Avec 13,4 milliards de litres produits par an, le Brésil est le troisième marché de la bière au monde, derrière la Chine et les Etats-Unis. Le Mondial de la Bière, qui se tient du 11 au 15 octobre à Rio, est l’occasion de se pencher sur le dynamisme du marché brésilien et notamment celui des bières artisanales. Ces dernières représentaient 10 % du marché en 2013 et, selon le Syndicat national de l’industrie de la bière, elles devraient atteindre 20 % en 2020. Altair Nobre, fondateur et rédacteur en chef du magazine BeerArt, revient pour Bom Dia Brésil sur la « révolution du marché brésilien de la bière ». Entretien.

Les créations de micro-brasseries se sont multipliées ces dernières années. Quel a été l’impact pour la production de bière au Brésil ?

Aujourd’hui, le marché brésilien, c’est plus de 600 brasseries, 1.000 en comptant celles qui utilisent les installations d’autres brasseries pour leur propre production. Nombre d’entre elles sont entrées dans une phase plus mature, avec davantage de gestion et de marketing. Le consommateur a changé, il est beaucoup plus connaisseur et il exige davantage des micro-brasseurs. Ces derniers cherchent donc à réduire les coûts, à mieux contrôler la qualité de leur production. Mais ils sont bien implantés dans le paysage : on n’a plus besoin de démontrer que la bière artisanale a de la valeur au Brésil.

Les premiers grands progrès que les brasseurs brésiliens ont fait, c’est en recherchant à atteindre l’excellence dans l’imitation de bières étrangères.

Comment sont nées les premières bières artisanales brésiliennes ?

La Dubbel de la brasserie Wäls (Devolução).

Ici, contrairement à l’Allemagne, à la Belgique, à la République tchèque, aux Etats-Unis, on n’a pas une école, une tradition de la bière. Les premiers grands progrès que les brasseurs brésiliens ont fait, c’est en recherchant à atteindre l’excellence dans l’imitation de bières étrangères. Par exemple, en 2014, lors de la World Beer Cup, qui est la compétition la plus ancienne et la plus importante dans l’univers de la bière, le titre de meilleure bière du monde a été décerné à une bière produite au Brésil : une variété de bière belge produite dans le Minas Gerais, la Dubbel de la brasserie Wäls, de Belo Horizonte. C’était la première médaille d’or pour le Brésil et on l’a obtenue avec une bière d’inspiration belge. On pourrait aussi citer la brasserie Abadessa, qui fait des bières d’inspiration allemande à Porto Alegre (Rio Grande do Sul) ou Bodebrown, qui produit dans le style américain à Curitiba (Parana).

Mais on commence à voir sur le marché des bières spécifiquement brésiliennes...

Hop Arabica, de la brasserie Morada (Devolução).

On essaie en effet d'inventer une école propre, notamment en utilisant des ingrédients typiquement brésiliens comme le café, qui est véritablement associé à l’âme brésilienne. Je pense notamment à la bière Hop Arabica de la brasserie Morada de Curitiba. C’est une bière claire, avec un arôme de café très intéressant. La brasserie Colorado, de Ribeirão Preto (São Paulo), utilise elle la rapadura, sucre de canne complet typique du Brésil. La brasserie Amazon Beer, de Belém (Pará), a toute une ligne de produits avec des ingrédients issus de l’Amazone. Par ailleurs, une des difficultés pour les brasseurs brésiliens, c’est qu’ils dépendent beaucoup de produits importés. C’est notamment le cas du houblon, mais on commence à en cultiver au Brésil et certaines brasseries se lancent dans des expériences avec du houblon brésilien. On augmente aussi la production d’orge. Et on commence à chercher à créer des levures brésiliennes, grâce aux travaux de Gabriela Montandon, une biologiste du Minas Gerais qui a créé sa propre brasserie.

Rio ça a été longtemps le paradis de la Brahma, qu’on dégustait bien fraîche au soleil. La scène des microbrasseries y est plus récente qu’à São Paulo ou que dans le Sud du Brésil, mais elle est bouillonnante.

Qu’attendez-vous d’une manifestation comme le Mondial de la Bière de Rio ?

Maracujipa, de la brasserie carioca Duas Cabeças (Devolução).

Ce qui intéressant, c’est les révélations qu’on peut y trouver. Rio, ça a été longtemps le paradis de la Brahma, qu’on dégustait bien fraîche au soleil. La scène des micro-brasseries y est plus récente qu’à São Paulo ou que dans le sud du Brésil, mais elle est bouillonnante. Il y a plein de nouvelles micro-brasseries qui font beaucoup parler d’elles. Je pense à la brasserie Duas Cabeças, qui est aujourd’hui une des meilleures du Brésil et qui a été découverte il y a quelques années au Mondial. Elle est très créative, elle a par exemple créé la Maracujipa, une Indian Pale Ale au maracuja, qui s’inscrit complètement dans la recherche d’un style brésilien. Il y a aussi la Jeffrey Niña, qui est une bière blanche très respectée. Ou Hocus Pocus, qui fait une triple IPA, la Supersymmetry Northeast Triple IPA. A Rio, il y a beaucoup de bars qui proposent des bières artisanales, beaucoup de fêtes avec des stands de micro-brasseurs, il y a la route de la bière dans la Sierra Fluminense. Rien qu’à Petropolis, on trouve 21 brasseries, c’est incroyable.

Mondial de la Bière, du 11 au 15 octobre, Pier Mauá, Armazéns 2,3 et 4. Horaires : mercredi 11 et vendredi 13 de 15h à 23h, jeudi 12, samedi 14 et dimanche 15 de 14h à 23h. Entrée à partir de 60 reais.

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