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Point de penalty (Daniele Zanni/Flickr)

Où l'on en apprend plus sur l'expression « point de penalty »

Coupe du monde oblige, Dominique Boyer, notre spécialiste des mots d’origine française utilisés dans la langue portugaise, se penche sur l’étymologie du mot « point de penalty », dans les différentes langues des pays déjà vainqueurs d’une Coupe du monde.

Lorsque survient le moment du penalty, du kick of death (le coup de la mort) comme il était nommé par les Anglais lors de sa création en 1891, c’est habituellement lentement et concentré que le joueur chargé d’exécuter la sentence se dirige vers le point de penalty. La possibilité de marquer est très importante et avant l’édition russe, plus de 150 buts avaient été marqués à partir de ce point lors d’une Coupe du monde.

Pour nommer ce lieu immensément favorable ou encore parfaitement détestable selon le camp où nous nous trouvons, l’idée de pénalité, d’une peine donnant beaucoup de peine, prend une importance énorme. En effet, maintenant, le moment décisif est arrivé. Et c’est ainsi de manière très obéissante qu’à partir du penalty anglais sont apparus, dans leurs petits souliers, les penaltis espagnol, argentin et uruguayen, le pênalti portugais et le penalty français.

Ensuite, ce qui nous intéresse est l’endroit même où déposer le ballon pour ce tir que le pittoresque entraîneur brésilien Neném Prancha disait qu’il était si important qu’il devrait être tiré par le président du club. L’ancêtre le plus utilisé est le punctus latin, de la famille du verbe pungere, qui signifiait « piquer ». On le retrouve avec le point de penalty français, dans les puntos penales ou encore puntos de pênalti espagnol, argentin et uruguayen. Même si l’appellation punto de reparação fut un temps utilisée au Brésil, le terme le plus employé dans ce pays est marca do pênalti qui, comme le penalty mark anglais et la strafstoßmarke allemande, comptent la présence d’un descendant, marca, mark, ou marke, du germanique marko qui représentait à l’origine une limite, une frontière. Par exemple, les marquis étaient initialement des nobles chargés de conserver les territoires situés aux confins des royaumes et le Danemark de Peter Schmeichel ou de Brian Laudrup signifiait aussi initialement la « limite des Danois ». En 1998, la France imposa ses limites aux Danois lors de la phase de groupe en les battant 2-1 avec des buts de Youri Djorkaeff et Emmanuel Petit. Qu’en sera-t-il en 2018 ?

Le point des 11 mètres

Le penalty spot anglais ne sera que peu développé, le terme spot étant considéré d’origine incertaine. Nous allons donc le laisser avec son ascendance douteuse, en espérant que ce manque de référence n’affecte pas le tireur anglais chargé de la sentence... Enfin, tout dépend de qui sera son adversaire !

Enfin, pour conclure la liste de ce fameux point de penalty, nous trouvons le terme le plus différencié de tous, l’allemand elfmeterpunkt. Comment diable celui-ci se décompose-t-il ? Elfme-terpunkt ? El-fme-terp-unkt ? Elf-met-erpunkt ? La réponse est proche : il s’agit de Elf-meter-punkt, où Elf se révèle comme le frère du eleven anglais. Puis vient meter, frère du mètre français, venu du mέτρον grec. Enfin, punkt conclut en tant qu’autre rejeton du punctus latin. Ainsi, dans le cas où ils oublient la distance exacte, le terme elfmeterpunkt sera toujours présent pour rappeler aux joueurs allemands que le point de penalty se situe exactement à 11 mètres. D’ailleurs, peut-être est-ce cette certitude absolue des Allemands par rapport à la distance exacte qui leur permet d’atteindre le pourcentage exceptionnel de réussite de 94 % lors des séances de tirs au but en Coupe du monde, soit 17 réussis pour 18 tentés ! Il n’est pas bon ainsi de disputer une séance de penaltys contre la Mannschaft... Mauvais, horribles, exécrables souvenirs de Séville…

Car réussir le penalty est une obligation absolue, il n’existe pas de droit à l’erreur et certains joueurs, même les plus grands, n’oublieront jamais leurs échecs. « J’échangerais tous les penaltys que j’ai faits contre un que j’ai raté et qui est resté marqué », avouera un jour Zico... De bons souvenirs de Guadalajara pour équilibrer !

Pour savoir...

Que représentait initialement le « Goal » pour les Anglais ?
Comment ont surgi les termes « Touchline » et « Ligne de Touche » ?
Comment est né le mot « Pelouse » que nous utilisons ?
Quel est le rapport entre la date de la création du football et Pelé, Maradona et Garrincha ?
Celui entre la Hongrie et le métier d’entraîneur ?
Celui entre le « Short » et le « Shirt » anglais ?
Pourquoi les « three lions » du blason des Anglais sont tous trois français ?

Consultez le site de Dominique Boyer.

 

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