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Ph. Mostra de São Paulo/Flickr.

« Face aux films français, le public brésilien est parfois très surprenant »

Début novembre prenait fin la Mostra de São Paulo au cours de laquelle le cinéma français s’est particulièrement distingué. L’occasion pour Bom Dia Brésil de rencontrer Chloé Bernabé di Rollo, chargée de mission audiovisuelle au consulat de São Paulo. Entretien.

Chloé Bernabé di Rollo, chargée de mission audiovisuelle, oeuvre avec l'Institut français brésilien à la diffusion du cinéma français au Brésil (Ph. Divulgação)

Lors de la Mostra, le cinéma français a été au premier plan…

En effet, un prix hommage a été remis à Agnès Varda, le Prix Leon Cakoff a été décerné à Paul Vecchialli. Visages, villages d’Agnès Varda et JR, a été désigné meilleur documentaire international par le public et a reçu le prix spécial du jury critique. Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand, a été désigné meilleur film international par la critique, et Gabriel et la montagne, de Fellipe Barbosa, une coproduction franco-brésilienne, a été nommé meilleur film brésilien.

Qui diffuse l’audiovisuel français au Brésil ?

On compte quatre types d'acteurs : l’ambassade, les consulats et les Alliances françaises ; les professionnels du milieu du cinéma ayant un lien avec la France ; les distributeurs brésiliens ; et enfin les propres événements brésiliens qui sont demandeurs et qui veulent travailler sur la production française.

En quoi consiste votre collaboration avec les festivals brésiliens ?

Par exemple, pour la dernière mostra, Paul Vecchialli était une suggestion faite par le service audiovisuel. Il y a des festivals qui souhaitent travailler avec la France et qui savent ce qu’ils veulent. Dans ce cas, on est plutôt là pour faciliter, on met en contact, on entre en jeu financièrement ou non. Et il y a d’autres festivals qui savent qu’ils veulent travailler avec la France, mais qui sont ouverts, qui attendent des suggestions. Tout un dialogue se met alors en place. Pour la mostra, il y avait 92 films français (au sens large) et la sélection a été faite par l’équipe du festival.

Le cinéma français peut aussi compter sur son propre festival au Brésil...

Le festival Varilux est en effet le fleuron du cinéma français au Brésil. C’est à cette occasion que la production française est présentée au public brésilien. Un public a priori de plus en plus intéressé et de plus en plus nombreux puisque le festival grandit tous les ans, tant par rapport au nombre de spectateurs qu’au nombre de villes où il se déroule. Au départ, le festival n’était basé que dans les grands pôles : São Paulo, Rio, Recife. Et peu à peu, le directeur du festival a voulu étendre et emmener la culture française le plus loin possible, rayonner dans tout le Brésil.

Le cinéma permet de voir le pays tel qu’il est aujourd’hui, au-delà des clichés.

Qu’est-ce qui attire les Brésiliens vers le cinéma français ?

C’est compliqué de parler du public brésilien, parce que c’est énorme. Il y a ces gens qui attendent ce qu’ils pensent être la France, qui veulent des choses très policées, des clichés. Pour la fête de la francophonie de l’année dernière, on avait fait une mostra sur les migrations, sur les difficultés que connaissent la France et l’Europe aujourd’hui et il y a eu un public extrêmement intéressé. Parmi celui-ci, des gens ont été vraiment choqués de voir ça et se sont demandés si c’était vraiment ça la France. Ils sont donc attirés parce que c’est la France, mais le cinéma permet de voir le pays tel qu’il est aujourd’hui, au-delà des clichés. Je pense aussi que l’humour des films français marche bien. C’est dans tous les cas un public très sensible, très réactif. Au service audiovisuel, on appuie la venue de beaucoup d’artistes, de réalisateurs, ils sont toujours surpris positivement par leurs rencontres avec le public brésilien, car ils sont très communicatifs, vont remercier, dire à quel point ils ont aimé et pourquoi.

Quels sont les films qui ont été plébiscités au cours des dernières années ?

Le Petit Prince a été un franc succès au Brésil. (Ph. Divulgação)

Pour 2017, le film qui a eu le plus de spectateurs à Varilux, c’est Paris pieds nus (Fiona Gordon et Dominique Abel, NDLR). A priori, pas du tout le film auquel on pensait. Le public brésilien est parfois très surprenant ; on ne peut pas prévoir ses réactions ou ses intérêts. Le deuxième était Demain tout commence (Hugo Gélin, NDLR), avec Omar Sy et là ça fait un peu plus de sens, parce que cet acteur est une figure que tout le monde adore ici au Brésil. En 2015, le gros succès, ça a été Le Petit Prince (Mark Osborne, NDLR) : il a fait 2,1 millions d’entrées au Brésil. C’était un raz-de-marée, mais qui réunissait un public varié d’enfants, mais aussi d’adultes francophones et de francophiles. C’est aussi une référence culturelle connue, sans compter le côté animé, qui a sans doute bien aidé.

Le nombre de films français diffusés a incontestablement augmenté.

Quelle est la part des films français diffusés dans les salles brésiliennes ?

En plus des films dont nous venons de parler, le cinéma français ce sont aussi des films comme Taken, les Luc Besson, qui ont des parts françaises, mais entrent dans une autre catégorie : ils font des scores incroyables, bien plus que les autres productions, parce qu’ils sont plus proches des films américains, qui sont incontestablement les leaders du marché et ont l’amour du public brésilien. La France se maintient bien : on est le 3e pays, derrière les Etats-Unis et le cinéma national. Le nombre de films français diffusés a incontestablement augmenté. Si on parle des films 100% français, en 2009, il y en avait eu 25 de lancés, en 2016 : 31. Avec un pic de 47 films en 2015, qui a été la grosse année.

Et pour les coproductions françaises ?

Les films ayant des parts françaises étaient au nombre de 26 en 2009 et de 92 en 2016. Les coproductions françaises sont en franche augmentation. Pour le Brésil, il y a un accord de coproduction dans le cinéma depuis le 6 février 1969, rénové en 1985 et 2010. En moyenne, un à deux films par an sont coproduits par la France et le Brésil. C’était le cas notamment d’Aquarius (Kleber Mendonça Filho - 2016, NDLR) et de Gabriel et la montagne (Fellipe Gamarano Barbosa - 2017, NDLR) qui a reçu le prix de la critique du meilleur film brésilien.

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