Anne Cecillon, professeure de danse, a créé à Rio la compagnie de spectacle « Paris chic » avec comme objectif de présenter le « cabaret parisien », le French Cancan, au public brésilien. Elle a raconté à Bom Dia Brésil son parcours personnel et les origines de sa motivation pour réaliser ce rêve.
Quel était votre projet quand vous êtes arrivée à Rio il y a 8 ans ?
Je souhaitais faire une pause dans ma carrière de professeure de danse et de chorégraphe. Je voulais apprendre à réaliser des costumes de Carnaval et pour cela j’ai suivi les cours de l’Ecole de mode de Rogerio Santini. J’y ai tout appris : la couture, le modelage, la décoration…. C’était passionnant : je suis en totale admiration devant le savoir-faire et la créativité des « artisans » des écoles de samba.
Avez-vous pu travailler ensuite pour une école de samba ?
Oui, mais ce fut difficile. C’est un monde très fermé, surtout pour une étrangère. En plus l’activité est concentrée sur une courte période de temps dans l’année, d’octobre jusqu’au Carnaval. J’ai travaillé plusieurs années dans les ateliers de l’école de samba de Grande Rio à la Cidade do Samba. Bien que « petite main », j’ai eu la chance unique de défiler sur l’un des chars allégoriques de l’école lors d’un Carnaval.
Mais la danse vous a rattrapée….
C’est toute ma vie. De nombreuses années durant j’ai été danseuse professionnelle (de style jazz) et depuis longtemps professeur de danse. Par la suite, j’ai vécu 12 ans au Mexique où j’ai en plus monté une compagnie de spectacle « Paris chic », consacrée au « cabaret parisien », au French Cancan. J’ai souhaité répéter cette heureuse expérience au Brésil.
Pourquoi ?
J’ai vite constaté que le « cabaret parisien », la revue française style Moulin Rouge, était peu connu ici à Rio, sauf de quelques amateurs de la France qui fréquentent régulièrement Paris. Mais j’ai pensé que ce genre de spectacle pouvait parfaitement plaire à une partie du public carioca. Il met en scène tout un imaginaire français fait de glamour et d’élégance, qui séduit toujours ici. Mon idée est donc d’actualiser le cabaret français en le modernisant et en y accentuant ses touches bien brésiliennes, comme le dynamisme et la couleur.
C’est un pari osé ?
Oui, c’est difficile de faire son trou dans l’univers du spectacle à Rio : la concurrence est vive, l’exigence est grande. Mais le public est curieux et réceptif, si on sait capter son attention. Il faut arriver avec une proposition forte, professionnelle et créative. Alors, on est pleinement respecté.
Comment voyez-vous la danse au Brésil ?
Le Brésil respire la musique et la danse, de façon naturelle, spontanée. Chez nous, en Europe, la danse est plus codifiée, plus contrôlée, plus technique. Il faut savoir marier les deux, trouver le bon équilibre : c’est mon rôle et j’ai déjà eu à relever le même défi au Mexique.
Question spectacle, le Brésil est une référence du genre avec le Carnaval, comme j’ai pu le vivre de près. Alors je me dis qu’il peut, qu’il doit y avoir une place ici pour d’autres spectacles venus d’ailleurs.
Comment réagissent les danseurs brésiliens de votre compagnie ?
Avec enthousiasme ! Et une vraie compréhension de ce qu’est le French Cancan : du cabaret mais avec du chic et de l’élégance française. Ils apprécient qu’il y ait dans ce spectacle un vrai travail de chorégraphie et de mise en scène, avec l’apport complémentaire d’un chanteur.
Où en êtes-vous de ce projet ?
Le spectacle est prêt et j’espère pouvoir le présenter à Rio l’année prochaine. Le bon accueil d’un spectacle récent consacré à Joséphine Baker est un encouragement. Il y a sans doute aussi des opportunités du côté de São Paulo.
Avez-vous d’autres projets ?
J’ai monté une revue qui tourne autour du charleston et du jazz. Nous la présenterons à la fin de ce mois. Elle reflète plus globalement l’ambiance des années 1920, que j’aime particulièrement. Je sens un nouvel intérêt pour cette période. Sans doute la période de crise actuelle favorise cette nostalgie d’une époque plus joyeuse et festive.
Votre passion, c’est le spectacle !
Absolument. Et question spectacle, le Brésil est une référence du genre avec le Carnaval, comme j’ai pu le vivre de près. Alors je me dis qu’il peut, qu’il doit y avoir une place ici pour d’autres spectacles venus d’ailleurs, comme le nôtre qui allie le « chic » parisien à une énergie et une bonne humeur bien brésiliennes.