Alors que l’opération Lava Jato occupe le devant de la scène médiatique, le Brésil est-il confronté à une recrudescence des affaires de corruption aux échelons intermédiaires de l’administration ? Bruno Brandão, représentant de l’ONG Transparency International au Brésil, fait le point pour Bom Dia Brésil.
Bruno Brandão, quelle est votre réaction quand sortent des affaires comme celle des pompiers de Rio ?
C’est dramatique. On parle là d’une profession qui caracole en tête des enquêtes de popularité. Les personnes impliquées ne font pas qu’un tort considérable à l’image de leur institution. C’est gravissime de monnayer la sécurité des gens. N’oublions pas que derrière les pratiques corrompues, il y a souvent des victimes : si un bus est accidenté alors qu’il a été mal contrôlé, si un commerce est le théâtre d’incendie alors qu’il a été mal inspecté...
Derrière les pratiques corrompues, il y a souvent des victimes.
Vous semble-t-il que les cas de corruption dans la fonction publique se multiplient ?
La première chose, c’est de reconnaître que la corruption est endémique au Brésil. Si vous mettez votre nez dans les affaires des 5.570 municipalités brésiliennes, dans les différentes entités du pouvoir judiciaire ou du pouvoir exécutif, vous allez trouver des pratiques de corruption, c’est inévitable. Il y a des pays pires que le Brésil [qui est le 79e pays au classement sur la perception de la corruption dans le monde, selon Transparency International] et d’autres qui ont obtenu des avancées considérables, grâce à l’intervention de la Justice, mais aussi en réduisant le poids de la bureaucratie, en modernisant l’administration.
Pour vous, Lava Jato va aider la société brésilienne à tourner la page de la corruption...
Lava Jato, c’est plus qu’une opération, c’est une attitude, un déclencheur qui va changer la société. Aujourd’hui, il y a une génération de juges, de procureurs qui ont décidé de prendre de front le problème de la corruption. C’est grâce au contexte de Lava Jato que la société brésilienne peut envisager de tourner la page. La corruption n’est pas dans notre ADN, c’est une question de système. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a aujourd’hui dans la société brésilienne un mouvement pour que les choses changent, une vraie prise de conscience. Ce que nous vivons actuellement avec l’opération Lava Jato et les découvertes de cas de corruption aux niveaux intermédiaires, c’est un traumatisme nécessaire, qui doit conduire à construire une société plus moderne, plus transparente.