Une grande absente de dernière minute, une chef renommée qui claque la porte, une drag queen qui vole la vedette, des messages anti-gouvernementaux à foison… Le premier week-end de la 7e édition brésilienne de Rock in Rio, comme d’habitude, n’est pas passé inaperçu.
Alors que les festivals de musique populaire sont toujours plus nombreux à travers la planète, la grand-messe musicale brésilienne imaginée par l’homme d’affaires Roberto Medina dans les années 1980 confirme encore cette année qu’elle est toujours l’un des plus grands événements du genre au monde et peut-être bien le meilleur.
Les plus artistes les plus populaires au rendez-vous
A vrai dire, en termes musicaux propres, Coachella (Californie), le seul généraliste à s’étendre lui aussi sur deux week-ends prolongés successifs, est sans doute plus pointu et surtout plus « rock » que Rock in Rio, dont beaucoup débattent du nom depuis plusieurs éditions maintenant. En effet, le festival brésilien a commencé à ouvrir ses portes à la pop et au R’n’B contemporains dès sa 3e édition, en 2001 (avec Britney Spears et ‘N Sync), après deux premières éditions plus « restrictives ».
Certes, avec le temps, le rock est donc moins présent – au moins un week-end sur deux tout de même, mais l’événement accueille, tous les deux ans depuis 2011, la plupart des artistes les plus populaires au monde au même endroit, ce qui se voit nulle part ailleurs. Sans oublier les plus grands artistes brésiliens évidemment. Les éditions internationales de Rock in Rio qui ont émergé à Lisbonne, Madrid et Las Vegas depuis 2004 sont extrêmement bien fournies également, mais les dimensions du festival y sont moindres.
Des chiffres gigantesques
Cette année, le premier week-end accueillait ainsi, entre autres, Maroon 5 – deux fois car Lady Gaga a déclaré forfait au dernier moment, Shawn Mendes, Justin Timberlake et Alicia Keys – après Rihanna, Katy Perry et Sam Smith il y a deux ans. Le week-end prochain, qui débute jeudi 21 septembre, place à Aerosmith, Bon Jovi, Tears for Fears, Guns N’ Roses, The Who et les Red Hot Chili Peppers – succédant à Queen, Metallica, System of a down et Queens of the stone age en 2015. Difficile de faire plus énorme.
Les chiffres de cette édition sont eux-mêmes extravagants, le festival occupant une surface plus grande grâce à son déménagement au sein du parc olympique de Barra da Tijuca, à l’abandon ou presque depuis la fin des Jeux il y a un an. La « Cité du Rock » s’étend ainsi sur 30 hectares, accueillant sept scènes, 100.000 visiteurs par jour – munis de billets à 455 reais la journée épuisés depuis bien longtemps, 1.000 volontaires, 14 bars et restaurants, une montagne russe, une tour de 40 mètres de hauteur permettant de sauter à l’élastique, plus de 700 produits dérivés, une chapelle pour abriter sept mariages durant l’événement… Et comme Rock in Rio se veut écoresponsable, le festival a déjà planté 118.000 arbres dans la région du Xingu (Mato Grosso), avec un objectif d’un million pour compenser ses émissions de CO2.
Les temps forts du premier week-end
Et que s’est-il donc passé lors de ce premier week-end ? Avant même que le festival ne commence vendredi 15 septembre, il faisait déjà parler de lui. Tout d’abord, la grande vedette d’ouverture, Lady Gaga, est tombée malade, au grand dam de ses fans qui l’attendaient déjà devant son hôtel carioca – où elle n’aura donc pas mis les pieds.
Une ouverture de Rock in Rio offerte au mannequin brésilien le plus célèbre, Gisele Bündchen, qui a pleuré lors de son discours appelant à sauver la planète, avant d’interpréter Imagine en duo avec la première artiste de la soirée, Ivete Sangalo.
Pour clore cette première soirée, Maroon 5 a donc remplacé au pied levé Lady Gaga, offrant notamment au public une reprise de l’incontournable Garota de Ipanema.
Samedi, on apprenait que la meilleure chef d’Amérique latine 2015, Roberta Sudbrack, fermait son stand après le passage d’une inspection des contrôles sanitaires cariocas, qui ont appréhendé 160 kilos de nourriture artisanale (fromages et saucisses) auxquels il manquait un label fédéral ou de l'Etat de Rio de Janeiro.
La musique a vite fait oublier la controverse puisque la reine de la soirée a été la drag queen brésilienne qui monte, Pabllo Vittar. Elle a d’abord affolé la foule sur une petite scène alternative…
Avant de littéralement voler la vedette lors du concert de Fergie un peu plus tard…
Enfin, si les messages anti-gouvernementaux et « Fora Temer » (« Dégage Temer ») ont essaimé de la part de certains artistes brésiliens et du public dès l’ouverture, le plus marquant aura été, dimanche, le baiser homosexuel offert sur scène par Johnny Hooker et Liniker alors que défilait sur un écran derrière eux le message « amar sem temer » (« aimer sans peur », tel un jeu de mot avec le nom de famille du président brésilien).
En attendant de voir ce qu'il va se passer à partir de jeudi 21 septembre pour le second week-end prolongé du festival, cette édition de Rock in Rio s'avère d'ores et déjà une réussite, mais pourrait être la dernière au Brésil, Roberto Medina ayant fait part à Veja en juillet dernier de sa lassitude devant l'immobilisme de la société brésilienne. Toutefois, le site officiel de l'événement propose déjà une pré-vente de billets pour la prochaine édition de 2019...