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Pendant l'ascension du Pain de sucre (N. Coisplet/Bom Dia Brésil)

J’ai testé... l’ascension du Pain de sucre à pied

« Faites confiance à vos pieds. » Debout sur la paroi légèrement inclinée de la face est du Pain de sucre, Alexis, guide de montagne et cofondateur de l’agence Itaway Ecotours, donne ses consignes au groupe de marcheurs qu’il accompagne dans l’ascension de l’icône carioca. La paroi granitique est très adhérente et son inclinaison côté Sud permet d’atteindre le sommet à pied, avec tout de même un court passage d’escalade à la clef. C’est par là qu’avait été réalisée la première ascension du Pain de sucre, par la Britannique Henrietta Carsteirs en 1817.

Deux cent deux ans plus tard, mon tour est arrivé. Le rendez-vous était donné un peu plus tôt sur la praia vermelha, à Urca. Deux litres d’eau, une boîte de raisins secs et un tube de crème solaire dans le sac à dos, chaussures de marche aux pieds, me voilà fin prêt pour suivre les traces d’Henrietta. Avec le groupe encadré par Alexis, on ne s’attarde pas trop sur la plage et on rejoint le début de la piste Claudio-Coutinho, qui longe les faces est du morro da Urca et du Pain de sucre. L’occasion de prendre contact avec la végétation qui recouvre les bases des deux sommets et d’avoir très vite l’impression d’avoir quitté Rio et ses 7 millions d’habitants. Ou de découvrir quelques curiosités comme la Pedra do Urubu, gros bloc granitique surplombant la mer, sur lequel un grimpeur allemand a ouvert la voie d’escalade la plus difficile d’Amérique latine dans les années 1980.

Bromélias et embauba

Longue de 1,5 km, la piste Claudio-Coutinho a des allures de promenade du dimanche. A son extrémité, les choses un peu plus sérieuses commencent. On suit un sentier qui entre dans la forêt puis on commence à longer la paroi Est au milieu des bromélias. Alexis fait une pause pour nous expliquer l’importance de ces plantes pour l’écosystème local, notamment par leur faculté à stocker de l’eau. On parlera aussi de l’embauba, cette espèce dont les feuilles larges créent beaucoup d’ombre et dont le tronc vide abrite des colonies de fourmis.

La pause terminée, on sort de la forêt et le spectacle peut commencer. La vue sur la région océanique de Niteroi, avec ses plages de Camboinhas, d’Itacoatiara, les sommets de la Pedra do Elefante, et parfois les cargos qui entrent ou sortent de la baie de Guanabara est à couper le souffle. Une expression à prendre au premier degré alors que l’ascension sur la paroi du Pain de sucre commence : la pente est raide, même si j’ai bien retenu la leçon et fais confiance à mes pieds.

La vue sur la région océanique de Niteroi (N.Coisplet/Bom Dia Brésil)

Après une vingtaine de minutes, une nouvelle pause s’impose alors qu’on atteint le côté sud du Pain de sucre. Le panorama est grandiose là aussi, alors que s’offrent à nous la baie de Guanabara, la ville de Niteroi, les forteresses de Santa Cruz et de São João, et plus loin, les sommets de la Serra dos orgãos.

Quinze mètres d'escalade

Une fois nos forces reprises, on poursuit l’ascension sur la paroi granitique pendant une trentaine de minutes et atteignons le morceau de choix de l’ascension : un passage d’escalade d'une quinzaine de mètres qu’Alexis s’emploie à démystifier en présentant le matériel de sécurité employé et en détaillant la marche à suivre pour franchir l’obstacle. Armé d’un baudrier et assuré, me voilà parti à l’assaut de la principale difficulté du jour. Là aussi, il faut faire confiance aux pieds qui adhèrent sur le granite et les prises pour les mains semblent rare. Pour corser le tout, notre groupe a fait le choix de réaliser l’ascension un matin, sous le soleil, et la roche est brûlante. « En cette saison, je recommande vraiment de venir l’après-midi, quand la face Sud est à l’ombre », observera plus tard Alexis. Après quelques mouvement exigeants que j’aurai eu bien du mal à effectuer sans les conseils de mon guide, l’obstacle est franchi. Assis sur un talus de terre, je reprends mon souffle, profite du panorama et observe quelques vautours qui semblent s’intéresser à mes camarades de cordée qui en bavent eux aussi un peu plus bas.

La partie escalade terminée, le groupe reprend l’ascension et sent que le sommet approche. La paroi est moins inclinée, la végétation plus dense. On accède rapidement à la pedra filosofal, que certains considèrent comme le plus beau point de vue de la randonnée. Le panorama s’étend du morro da Babilonia à la Pedra da Gavea, en passant par Copacabana et la praia vermelha. Après cette dernière pause, il ne reste qu’une vingtaine de minutes pour atteindre le sommet du Pain de sucre. Les jambes sont un peu dures, mais la perspective du rafraîchissement bem gelado qui nous attend nous donne le courage qui aurait pu venir à manquer.

La vue sur la Zona Sul (N.Coisplet/Bom Dia Brésil)

Au sommet, on pense à Henrietta Carsteirs qui n’avait certainement pas accès à un bar-lounge pour se désaltérer et on prend le téléphérique pour regagner le morro da Urca d’où on redescendra à pied. Avec une idée en tête, revenir l’après-midi pour pouvoir profiter du coucher du soleil depuis le Pain de sucre en fin de randonnée.


Alexis Vidal-Quadras de Meaux a fondé avec Felipe Gavazza l'agence d'écotourisme Itaway Ecotours. Plus d'informations sur Instagram et itawayecotours.com. Contact : info@itawayecotours.com
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