Parti de Brasilia le 18 octobre dernier, le Français Stéphane Gallet est arrivé dimanche à Rio après un périple de 1 700 km à vélo, via le Minas Gerais. Pour le fondateur de l’agence de cyclotourisme Halcyon Tours, contacté par Bom Dia Brésil, il ne s’agissait pas seulement d’une balade, mais d’une campagne de sensibilisation des Brésiliens à la lutte contre la corruption à travers un partenariat avec l’Observatorio social do Brasil (OSB).
Comment est né le projet « Pedal Pacto pelo Brasil » ?
Tous les ans, Halcyon Tours mène une action pour une cause spécifique. L’an dernier, c’était au Liban par exemple. Cette année, nous voulions que ce soit au Brésil alors nous avons demandé à nos clients de nous recommander des causes intéressantes. Parmi les 25 que nous avons évaluées, l’initiative de l’Observatorio social do Brasil apportait une réponse solide. La corruption est le thème dont tout le monde parle, mais leur message est positif.
Il s’agit à chaque fois d’un voyage à vélo ?
Non, c’est la première fois. Le principal défi de l’OSB, c’est que leur système se développe et nous nous sommes dit qu’il fallait faire connaître leur existence dans plusieurs villes d’où l’idée de cette traversée en vélo. D’autant plus que le cyclisme suscite de plus en plus d’intérêt au Brésil. Le fait que je sois français et que je voyage seul a suscité la surprise des Brésiliens et l’attention des médias par la même occasion.
Vous n’avez pas seulement pédalé, vous avez aussi parlé de la lutte contre la corruption aux Brésiliens…
Oui, j’ai pédalé environ 80 km par jour, m’arrêtant dans 25 villes qui ont été autant d’étapes. Dans chaque ville, l’équipe de l’OSB avait organisé au préalable un événement durant laquelle je faisais une présentation de trois à quatre heures sur les causes de la corruption et les solutions. Dans certaines villes, j’ai aussi visité des écoles, des collègues, une prison, des associations…
Comment avez-vous été reçu par les Brésiliens ?
Au début, c’était un peu plus difficile, il n’y avait pas beaucoup de public, puis, une fois que la médiatisation a été plus importante, cela a été plus facile, avec de plus en plus de gens et de demandes. De manière générale, cela a aussi mieux marché dans les petites villes plutôt que les grandes. Au fur et à mesure, j’ai également été accompagné sur certaines étapes par d’autres cyclistes qui ont fait le chemin avec moi.
J’ai ressenti beaucoup d’impuissance face à la corruption, surtout dans les petites villes.
Quelle perception avez-vous eu des Brésiliens par rapport à la corruption ?
J’ai ressenti beaucoup d’impuissance, surtout dans les petites villes. Mais j’arrivais avec un message très positif, simple et légal, à savoir la surveillance des appels d’offres à l’échelle municipale. Une fois que les gens ont compris qu’il y avait une solution simple pour lutter contre la corruption, tout ce pessimisme se transformait en joie et en volonté d’agir. Ceux qui l’avait déjà, mais avaient reçu des menaces, ont appris que l’OSB pouvait leur servir d’armure juridique pour les protéger.
Pensez-vous que l’opération Lava Jato et ses conséquences aident à porter le message de l’OSB ?
Oui, c’est positif et cela montre que le pouvoir judiciaire est en action. Puis, je leur ai cité des cas français, comme l’affaire Elf, pour leur montrer que la corruption à grande échelle existe aussi en dehors du Brésil. Beaucoup de Brésiliens pensent en effet qu’il n’y en a que chez eux et en sont gênés. Mais la lutte contre la corruption à l’échelle locale est plus importante qu’en haut. Lava Jato, ce n’est rien par rapport à la corruption qui est générée dans tout le Brésil.
Quel est votre bilan de ce projet et qu’envisagez-vous ensuite ?
Cela a bien marché et l’OSB est très heureux des retours. On va voir comment continuer, peut-être dans d’autres Etats, on accepte toutes les bonnes idées.