Lille, capitale française du choro ? C’est l’objectif affiché avec beaucoup d’enthousiasme par les organisateurs du Lille Choro Festival, dont la première édition aura lieu du 9 au 11 mars prochains dans plusieurs lieux de la ville.
Si la samba et le forró ne sont pas inconnus des Lillois, le choro ou chorinho, lui, n’y avait pas encore vraiment sa place comme dans d’autres villes françaises. Il faut dire que ce courant musical né à la fin du 19e siècle à Rio n’a pas non plus autant de notoriété chez nous qu’au Brésil, où il est considéré comme une musique à la fois populaire et « savante ». Mélange de sonorités européennes (polka, valse…) et brasilo-africaines (lundu), son rythme enjoué fait souvent penser à une rencontre entre jazz manouche et samba, plaisant immédiatement aux Nordistes lors d’une première initiation à succès, la Lille Choro Week, en juillet dernier.
Etienne Clément, passionné et dévoué à la cause du choro
« Quand on a vu la vibration des gens qui ont rempli les bars, venant parfois plusieurs soirs de suite, on s’est dit qu’il fallait faire découvrir plus amplement cet autre Brésil, hors des clichés », indique à Bom Dia Brésil Etienne Clément, professeur de portugais et d’interculturalité à l'université de Lille, mais aussi président de l’association Açaí, organisatrice de l’événement. Cette dernière a été fondée dans le Nord en 2012 par le musicien brésilien Roberto de Oliveira, directeur artistique du festival, dont Etienne Clément contribue depuis l’année dernière à promouvoir l’œuvre dont il s’est épris.
La série de cinq concerts donnée lors de la Lille Choro Week par Roberto Oliveira et deux autres musiciens renommés, Rosivaldo Cordeiro et Osman Martins, deux compositeurs de choro installés respectivement en France et en Belgique et coordinateurs musicaux du festival, a donné lieu à la création du trio Caldo de Cana. « Il s’est créé dans les bars, de manière spontanée, alors qu’ils n’avaient jamais joué ensemble ni même répété, cela a été une véritable fusion », raconte, enthousiaste, Etienne Clément, qui les a accueillis en Vendée en octobre pour l’enregistrement de leur premier album, Sentido bem.
Hommage à Jacob do Bandolim
Et c’est toute une communauté lilloise qui a commencé à se former autour du choro, aboutissant dès l’automne dernier au lancement successif d’un cycle de master class afin d’apprendre à jouer le choro et de conférences sur le courant musical et le Brésil plus largement.
Le Lille Choro Festival du mois prochain, parrainé par le tromboniste de légende Raul de Souza, permet de réunir toutes ces initiatives et d’ainsi marquer dans la pierre l’installation définitive du choro dans l’agenda musical de la ville. Tout en rendant hommage à Jacob do Bandolim, l'un de ses plus grands représentants dont on commémore le centenaire cette année. Si des concerts de choro et des rodas, ainsi que six master class de guitare, cavaquinho, pandeiro, accordéon et samba gafieira, sont prévus, l’événement va même au-delà de la seule musique. « L’idée est d’avoir d’autres portes d’entrée, offrir une pluralité de regards pour accueillir un public plus large », souligne Etienne Clément.
« Nous voulons que le choro se pérennise dans le Nord »
C’est ainsi que le festival proposera également une exposition de photos, des tables rondes sur les relations culturelles et politiques franco-brésiliennes en présence d’experts reconnus du Brésil (Gilles Lapouge, Jean-Pierre Guis, Jean-Jacques Kourliandsky, Dominique Dreyfus…), des projections de films et même des ateliers de produits cosmétiques artisanaux. « Nous avons de grandes ambitions, mais la vibration est tellement forte que nous nous sommes sentis possédés de faire un événement de cette portée, nous voulons que le choro se pérennise dans le Nord », clame Etienne Clément.
A cette fin, une campagne de financement participatif a été lancée, d’une durée encore de quinze jours, afin de soutenir le développement de l’enseignement du choro dans la région et aider à l’organisation des prochaines éditions du festival. N'hésitez pas à apporter votre contribution pour que les Lillois puissent bientôt chanter en chœur : « Au Nord, c’était le choro ».