C’était l’une de ses principales promesses de campagne. Jair Bolsonaro a signé ce mardi au Planalto le décret facilitant la possession d’armes pour les Brésiliens.
« Comme le peuple l’a décidé souverainement, afin de protéger son droit à la légitime défense, je vais maintenant, en tant que président, utiliser cette arme », a plaisanté le président brésilien en présentant son stylo pour signer le décret, selon Agência Brasil. Néanmoins, dans un sondage du mois dernier, 61 % des Brésiliens s'opposaient à la détention d'armes par les particuliers en raison du danger encouru.
Des règles un peu plus souples
Le décret apporte une nouvelle réglementation à la possession d’armes. Le port d’armes, lui, n’est toujours pas autorisé – mais il est envisagé par le gouvernement dans une prochaine étape. Jusqu’à ce décret, il fallait répondre à des règles très strictes pour posséder une arme au Brésil : avoir plus de 25 ans, un casier vierge, passer des tests techniques et psychologiques, demander une autorisation à la police fédérale en prouvant la nécessité de détenir une arme et enregistrer cette dernière auprès des autorités.
Le nouveau décret conserve la plupart des règles antérieures, mais la preuve du besoin de posséder une arme a été retirée. Une condition « subjective », selon Jair Bolsonaro, qui résultait de la bonne volonté de la police fédérale. A été ajoutée la possibilité de posséder jusqu’à quatre armes (dans des conditions sécurisées en cas d’enfants vivant dans le foyer) et le permis a été prolongé de cinq à dix ans. Cette flexibilisation vise aussi les habitants des zones rurales et les habitants des villes où le taux d’homicide annuel est supérieur à 10 pour 100.000 habitants, soit trois Brésiliens sur quatre, selon Exame.
Un coût onéreux, une efficacité discutée
Cependant, posséder une arme a un coût qui ne sera pas à la portée de tous. Selon une étude d’O Globo, actuellement, il est compris entre 4.000 et 10.000 reais. Les armes (autorisées) coûtent entre 3.500 et 8.000 reais, mais l’ouverture du marché voulue par Jair Bolsonaro pourrait conduire à une réduction des prix. « Donner accès au citoyen sans ouvrir le marché national n'a pas de sens, cela permettra uniquement aux riches de se défendre et privilégiera un monopole national des armes », avait récemment souligné sur Twitter Eduardo Bolsonaro, fils du président.
Les coûts additionnels sont ceux de la taxe pour obtenir une autorisation de la police fédérale (88 reais), des tests techniques et psychologiques (environ 200 reais chacun) et des cours de tir (environ 500 reais).
Les experts de la sécurité ne voient pas tous cette mesure d’un bon œil. « Dans le contexte d'intolérance et de radicalisation que nous vivons, une plus grande circulation des armes à feu a de quoi inquiéter », a indiqué au Globo Pablo Lira, universitaire spécialisé dans la sécurité publique, qui considère que la politique publique devrait plutôt consister en désarmer les criminels plutôt que d’armer davantage la population. La crainte d'une augmentation des violences domestiques et des suicides est également évoquée par les spécialistes.