Après Rio, c'est au tour de São Paulo de découvrir le spectacle de l’actrice et chanteuse Claire Nativel. Elle présente du 29 juin au 1er juillet Brasil mon amour au théâtre de l'Alliance Française de São Paulo. Un spectacle en forme de monologue musical qu’elle a écrit et dans lequel, comme elle l’a expliqué à Bom Dia Brésil, elle raconte sa passion pour son pays d’adoption. Interview.
Comment êtes-vous devenue actrice et chanteuse au Brésil ?
Nous nous sommes installés au Brésil avec mon mari en 2012. C’était un projet commun. Je faisais déjà de la musique à Paris, et après des études de commerce, je me suis orientée vers le chant. En arrivant à Rio, j’ai vu qu’il y avait des opportunités dans l’univers de la comédie musicale : il s’y passait plein de choses et ça m’intéressait. J’ai commencé à me former dans ce domaine, à rencontrer des gens, et ça a bien marché pour moi. J’ai pu participer à mes première comédies musicales à partir de 2014.
La barrière de la langue n’a pas été un problème ?
C’est quelque chose qu’il faut surmonter mais qui se travaille. J’ai passé pas mal de temps avec un orthophoniste pour corriger mon accent. Et puis je me suis aussi rendu compte que l’accent français ça peut intéresser aussi les Brésiliens. Le fait d’avoir un profil différent peut être un atout dans le théâtre par exemple. Ça m’a aussi permis de participer à une novela.
Quand avez-vous décidé de monter votre propre spectacle ?
J’ai commencé à écrire en juin 2017. Au départ, je ne savais pas ce que j’allais en faire. Je voulais écrire des choses que j’avais envie de dire sur le Brésil. Une amie de São Paulo m’a poussé à le faire, notamment parce qu’en tant que Française on a un regard différent sur le Brésil. En fin d’année dernière, je me suis dit que ça pouvait devenir une pièce musicale, d’autant plus que c’est ce que je sais faire de mieux aujourd’hui. J’ai fait appel à une autre amie pour m’aider sur la dramaturgie, et j’ai présenté le projet à une metteuse en scène avec qui j’avais déjà travaillé. Elle a aimé et les choses se sont faites très vite. On a commencé à travailler concrètement sur le spectacle en janvier.
Brasil mon amour est un monologue musical...
Je suis seule sur scène avec deux musiciens. C’est un spectacle qui parle à la fois aux Français et aux Brésiliens, qui raconte l’histoire d’une Française née à l’île de la Réunion, qui passe par Paris et qui tombe amoureuse du Brésil. C’est un monologue entrecoupé de chansons d’un répertoire varié, qui emprunte à la chanson française comme à la musique brésilienne. Ça parle du choc culturel, de l’expérience d’être française au Brésil. Je parle des situations cocasses dans lesquelles on se retrouve avec la langue. Il y a tellement de subtilités que même quand on a beaucoup travaillé pour bien parler le portugais il reste toujours des pièges. C’est très amusant d’expliquer au Brésilien que leur accent tonique c’est quelque chose de très difficile à apprivoiser pour un Français. Je parle aussi des clichés : de ceux qu’on a sur le Brésil quand on arrive, et de ceux que les Brésiliens véhiculent sur les Français quand on arrive ici. Dans les clichés il y a toujours une part de vérité et on ne peut qu’en rire.
J’ai retrouvé plein de choses ici qui m’ont rappelé mon île.
Comment est née votre passion pour le Brésil ?
Mon histoire avec le Brésil est ponctuée de découvertes musicales. Mon premier contact, même si ça fait sourire, c’était la pub Schweppes avec Essa moça ta diferente de Chico Buarque. J’étais petite et j’avais adoré cette chanson, sans savoir d’où elle venait et qui la chantait. Plus tard, à l’adolescence, on m’a offert un CD de Bossa Nova et ça a été un déclic. J’ai vraiment commencé à m’intéresser au Brésil, à vouloir y aller, en faisant un échange. Je me suis mise à apprendre le portugais toute seule.
En plus, comme je suis originaire de La Réunion, j’avais le sentiment d’avoir beaucoup de choses en commun avec les Brésiliens. Mais quand je suis arrivée à Rio, les Brésiliens n’arrivaient pas du tout à le comprendre. Ils ont du mal à envisager la France sans une image de Tour Eiffel dans la tête. Ce spectacle, c’est l’opportunité d’expliquer ça, que la France est beaucoup plus diverse qu’ils ne l’imaginent. En parlant de la Réunion, ma région d’origine.
C’est un atout d’être Réunionnaise pour s’adapter au Brésil ?
Je pense que oui. J’ai retrouvé plein de choses ici qui m’ont rappelé mon île. Ça va des fruits aux légumes en passant par la végétation et une certaine façon d’être. Je me suis assez vite sentie plus à la maison ici qu’à Paris. J’ai eu aussi des échanges très intéressants avec mes musiciens, ils ont appris à jouer de la musique réunionnaise, et on en a introduit dans la pièce. Il y a des passerelles avec la musique brésilienne. Le maloya, par exemple, est une musique traditionnelle réunionnaise qui a été classée au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. Elle a été créée par des esclaves, se base sur une tradition orale, et fait un peu penser aux rodas de samba. Il y a beaucoup de racines en commun entre la Réunion et le Brésil. Ça m’a toujours attirée. A la Réunion, il y a une danse qui est presque équivalente à la capoeira, qu’on appelle le moringue. C’est un art martial chorégraphié, les danseurs sont en blanc, les ressemblances sont frappantes. La culture brésilienne est tellement riche et diverse que je continue à découvrir des points communs. On s’enrichit beaucoup culturellement en vivant au Brésil. J’ai l’impression d’avoir changé au contact des Brésiliens, d’avoir pris davantage conscience de ma propre culture aussi.