Créer une nouvelle novela dont le cadre est Salvador de Bahia et le casting majoritairement blanc : l’idée, née dans les studios de Rede Globo, a été accueillie fraîchement sur les réseaux sociaux. Destiné à prendre la suite d’O Outro lado do Paraíso à 21h, le feuilleton Segundo Sol, dont vous pouvez découvrir une bande-annonce ci-dessous, doit être lancé le 14 mai. Selon Rede Globo, l'intrigue de cette novela dirigée par João Emanuel Carneiro explorera des conflits familiaux avec la musique comme toile de fond. Tout cela à Bahia, entre Salvador et une ville fictive, Boiporã. Là ou le bât blesse, c’est que, comme le rapporte le HuffPost Brasil, on dénombre trois acteurs noirs sur les 26 réunis au casting et aucun dans les rôles principaux. Alors que dans l’État de Bahia, 76 % de la population se déclare noire ou métisse.
Avant même que son premier épisode ait été diffusé, la nouvelle novela a donc commencé à faire parler d’elle sur les réseaux sociaux. L’actrice Samara Felippo a ainsi partagé sur son compte Instagram un texte de la dramaturge noire Maria Shu, qui a déjà été partagé plus de 14.000 fois. Maria Shu y liste plusieurs novelas où les acteurs noirs brillent par leur absence, avant de conclure : « Nous ne rentrons pas dans les novelas. Où rentrons-nous, au final ? »
Sur son site Telepadi, la journaliste Cristina Padiglione, spécialiste de la télévision brésilienne, relève elle aussi qu’il manque des noirs parmi les acteurs principaux de Segundo Sol, « comme cela arrive avec toutes les novelas ». « Quand un noir surgit parmi les personnages principaux, écrit-elle, cela devient une information, comme c’est arrivé pour Da Cor do Pecado, avec Tais Araujo. » Cette dernière, l’une des rares stars de couleur de la télévision brésilienne, n’aurait pas été disponible pour Segundo Sol, selon la page Facebook Trick Tudo, qui a donc eu l’idée de chercher quels acteurs noirs auraient pu décrocher un rôle dans la série. Le résultat : un album de photos intitulé « Je pourrais être dans la novela Segundo Sol » et réunissant les portraits de 53 acteurs et actrices de couleur ayant déjà figuré au générique de novelas de Rede Globo. Ce trombinoscope a été vu plus de 40.000 fois et partagé plus de 20.000 fois sur Facebook.
Depois de uma discussão acirrada sobre a escalação em sua maioria "branca" da novela Segundo sol que se passará na...
Gepostet von TRICK TUDO am Freitag, 27. April 2018
Sur la défensive, Rede Globo a rétorqué dans un communiqué que « les critères de casting d’une novela sont techniques et artistiques. Globo ne fait pas de choix par la couleur de la peau, mais par l'adéquation au profil du personnage, du talent et de la disponibilité de la distribution ».
Sur Twitter, certains constatent que Segundo Sol n'est pas la première novela à poser problème. Ainsi, pour @AraujoDeivisson, « en observant ces gens qui veulent boycotter Segundo Sol à cause du manque d'acteurs noirs, une question : vous venez d'observer que ça arrive sur Globo seulement maintenant ? Ça fait longtemps qu’on observe ce manque ».
Só observando esse povo querendo boicotar #SegundoSol pq causas da falta de atores negros escalados, agora uma pergunta: gente vcs só vieram observar q isso ocorre na Globo só agora? A muito tempo observa-se essa falta
— 💥 (@AraujoDeivisson) May 1, 2018
Cristina Padiglione est du même avis. « Ça a toujours été comme ça, mais il n’est plus possible de feindre que c’est normal », écrit-elle. Si elle se prononce contre le recours à un système de quotas, la journaliste observe qu’« il manque une disposition de la télévision à trouver des noirs et des métisses. La mode en fait déjà plus que la télé sur ce terrain. La musique, n’en parlons pas. S’ils arrivent à attirer les foules dans d’autres secteurs, pourquoi pas devant les caméras ? »
Pour Cristina Padiglione, l'exemple à suivre se trouve peut-être au cinéma. Elle fait ainsi référence au célébrissime Cidade de Deus, pour lequel la production était allée chercher certains de ses acteurs non-professionnels dans le réseau Nos do morro : « Vous imaginez raconter cette histoire sans noirs ? »