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Lisa Azuelos et Thaïs Alessandrin (DR)

Lisa Azuelos et Thaïs Alessandrin : « Mon bébé raconte une histoire universelle »

À l’occasion du 10e Festival Varilux du cinéma français au Brésil, une délégation de réalisateurs et acteurs sont venus présenter leurs films à São Paulo et Rio de Janeiro. Parmi eux, la réalisatrice Lisa Azuelos et sa fille, l’actrice Thaïs Alessandrin, pour le film Mon bébé. L’histoire vraie d’une mère qui laisse partir sa fille au Canada après 18 ans de vie commune. Entretien.

Laisser partir son enfant, c’est ça la véritable preuve d’amour ?

Lisa Azuelos : Entre autres. Se réveiller toutes les nuits pour leur donner un biberon c’est aussi une preuve d’amour. Mais il y a une preuve d’amour selon les âges et arrive un âge où la preuve d’amour c’est de laisser partir son enfant. Et même parfois de l’encourager à partir. Parce qu’il y a certains enfants qui ne veulent pas partir, et alors là, notre rôle c’est de les pousser dehors.

En tant que mère, vous-êtes vous sentie abandonnée ? Guéri-t-on du départ de ses enfants ?

Lisa Azuelos : Non, je n’ai pas ressenti ça comme un abandon, mais plutôt comme un vide. On ne guérit pas du départ de ses enfants, on fait mieux, on grandit, on devient une nouvelle personne. Heloïse (la mère interprétée par l’actrice Sandrine Kiberlain) dans la dernière scène du film à l’aéroport, son diadème sur la tête, se remercie d’avoir accompli tout ça. Toutes ces petites actions au long-court en amont, qui permettent un jour d’accompagner son enfant à l’aéroport pour le grand départ. Elle se sent légère. Après avoir quitté son dernier enfant, elle a toute la place pour se réinventer. Être mère c’est une vraie identité, le jour où notre enfant s’en va, nous perdons cette d’identité. C’est dans ce moment crucial, qu’il est très important de se reformuler qui on a envie d’être, de s’occuper de soi, de laisser enfin la place à un projet, une vie, un homme, la détente…

Et quitter sa mère alors, c’est comment ?

Thaïs Alessandrin : C’est un vrai saut dans le vide, comme dans le film. Il faut du courage pour laisser ses repères et sa stabilité émotionnelle derrière soi et s’envoler pour l’autre bout du monde. Mais je ne suis pas partie parce que je fuyais un amour trop puissant. J’avais réellement envie et besoin de vivre quelque chose de nouveau, seule. Peut-être bien qu’une partie inconsciente de moi avait besoin de couper les liens du passé, pour se réinventer, devenir quelqu’un. Évidemment je me suis sentie coupable de quitter ma mère au début, de lui infliger cette peine là. Elle m’avait tout donné pendant 18 ans et moi pour la remercier, je la quittais. C’est violent.

Pourquoi est-il important pour vous de présenter ce film au Brésil ?

Lisa Azuelos : «Ce film c’est mon histoire et celle de ma fille, mais finalement c’est le même vécu pour tout le monde. Ce qui m’a réellement décidé à faire ce film c’est l’universalité du sujet. La preuve c’est qu’il est bien accueilli ici aussi.

Thaïs Alessandrin : C’est super agréable de présenter un film devant un public qui n’est pas français. On sait que la culture n’est pas la même, que les rapports familiaux peuvent être différents, pourtant l’émotion est bien là. J’ai été très surprise par les bonnes réactions à la fin du film à São Paulo. Certaines personnes sont venues nous serrer dans leurs bras, j’ai trouvé ça super fort.

Quel conseil donneriez-vous aux mères et filles qui sont en train de passer par là ?

Thaïs Alessandrin : De ne surtout pas culpabiliser! Et de ne pas croire qu’en se quittant, on se quitte pour de bon. Le lien est toujours là, simplement il évolue.

Lisa Azuelos : Thaïs a raison, ne pas culpabiliser, c’est la chose la plus importante. Une relation parents-enfants ce n’est pas que du plein, c’est aussi du vide. Comme la respiration, respirer, expirer, on a besoin des deux.

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