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Qui était Ruy Barbosa ?

Régulièrement, Bom Dia Brésil vous explique qui se cache derrière les noms de rues ou de stations de métro de certaines villes brésiliennes. Aujourd’hui : Ruy Barbosa.

Des rues, des avenues, une place : Rui Barbosa est à l'honneur à São Paulo, Rio de Janeiro, Fortaleza (Ceará), João Pessoa (Paraíba), Campinas et Santo André (São Paulo), Canela (Rio Grande do Sul). On le trouve sous l'orthographe de Ruy ou Rui, la seconde ayant été privilégiée à partir de la réforme orthographique brésilienne de 1943, qui préconisait d'actualiser les noms propres des personnalités. Ruy Barbosa devenait alors Rui Barbosa. Toutefois, cette règle n'est plus d'actualité depuis le 31 décembre 2015 quand le nouvel Accord orthographique de la langue portugaise, signé en 2009, est devenu obligatoire au Brésil et au Portugal. Et Rui redevint Ruy. Un personnage emblématique du Brésil, au long et riche parcours. En voici les principales étapes.

Un orateur brillant

Ruy Barbosa est né le 5 novembre 1849 à Salvador (Bahia). Il était le fils d'un médecin et député, secrétaire de l'Education de la province de Bahia. Ayant reçu une éducation très stricte, il va tôt à l'école et sait lire et écrire dès ses cinq ans. C'est un élève brillant loué par tous ses professeurs, qui conclut sa scolarité à 15 ans, se classant premier.

En 1866, il intègre la faculté de droit de Recife, avant de rejoindre celle de São Paulo deux ans plus tard. Dès 1868, il se montre ouvertement abolitionniste. Ruy Barbosa tient une conférence et montre son talent d'orateur en prononçant un discours  défendant ses convictions concernant l'esclavage. Il publie également un manifeste dans le Radical paulistano, où il déclare : « L'abolition de l'esclavage, que le gouvernement le veuille ou non, devra être conclue dans un futur proche ».  Il conclut ses études en 1870.

Le Bahianais occupera son premier emploi deux ans plus tard, au sein du cabinet d'avocat de Souza Dantas, à Salvador. Ce dernier est également propriétaire du journal Diário da Bahia auquel collabore Ruy Barbosa, avant d'en prendre la tête. Il intègre également le Parti libéral et prononce divers discours - pour lesquels il devient célèbre, défendant les élections directes, la liberté de culte et encore et toujours l'abolition de l'esclavage. En 1877, il devient député de Bahia et entre au Parlement de l'Empire l'année suivante. Mais ses positions politiques dérangent les grands propriétaires terriens qui ne souhaitent pas perdre leurs ouvriers esclaves. Il n'est donc pas réélu.

Ministre des Finances du premier gouvernement de la République

Ruy Barbosa se tourne alors de nouveau vers le journalisme dès 1889. Mais le 15 novembre de cette même année est proclamée la République et le premier gouvernement de Deodoro da Fonseca l'appelle à devenir ministre des Finances. Il marque alors le Brésil de son empreinte par la rédaction quasi intégrale de la Constitution de 1891. Mais incitant au développement industriel en octroyant de nombreux crédits et en émettant de la monnaie à tout va, il engendre une période d'inflation et de crise économique. Il quitte donc le gouvernement. Et retour à la case journalisme : il devient directeur du Jornal do Brasil. Mais il poursuit en parallèle son activité politique, s'opposant au gouvernement de Floriano. Il sera d'ailleurs élu sénateur en 1895, avant de devoir s'exiler en Angleterre cette même année, étant accusé d'être l'un des instigateurs d'une révolte contre le gouvernement. Il revient au Brésil peu de temps après.

En 1897, Ruy Barbosa devient membre fondateur de l'Académie brésilienne des lettres. Dix ans plus tard, il représente le Brésil lors de la Conférence de La Haye, qui visait à instaurer une cour permanente de justice. Le Brésilien y brille et gagne le surnom d'« Aigle de La Haye ».

Il se présente à l'élection présidentielle de 1909, sans succès, mais poursuit tout de même son action politique en tant que sénateur, tout en étant déçu de la « vieille République ». Il meurt à Petrópolis le 1er mars 1923. Il sera consacré par la revue Epoca, « plus grand Brésilien de l'Histoire », considéré comme l'un des pères fondateurs de la République brésilienne et « plus grand Bahianais de tous les temps » par le quotidien bahianais A Tarde.

A noter que l'actrice Marina Ruy Barbosa, souvent à la une des revues people, est l'une de ses descendantes et que la dernière demeure carioca de son prestigieux ancêtre, située à Botafogo, est ouverte au public depuis 1930 (rua São Clemente, 134).

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