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Lors d'une opération au complexo Penha, en février 2018 (Agência Brasil)

Ça fait du ramdam à Rio : l'opération militaire dans les favelas de l'Alemão, Penha et Maré

Depuis lundi 20 août, les complexos de Maré, Alemão et Penha, dans la zone nord de Rio de Janeiro, sont le théâtre d’une vaste opération de sécurité publique. Quelque 4.200 militaires, 70 policiers civils, des véhicules blindés et des hélicoptères ont investi ces ensembles de favelas. Avec pour résultats, selon Metro Jornal, 43 confrontations entre forces de l’ordre et trafiquants dès lundi, huit morts (cinq suspects et trois militaires, les premiers depuis de début de l'intervention), 70 interpellations, ainsi que 14 armes et 554 kg de marijuana et de munitions saisis. Mais aussi des milliers de vies chamboulées, des écoles fermées et des habitants ne pouvant se rendre sur leur lieu de travail : plus de 270.000 personnes vivent dans ces communautés défavorisées de la zone nord, selon le recensement officiel, 550.000, selon le site redesdamare.org.

D'après O Globo, habitants et ONG dénoncent la brutalité du mode opératoire choisi par les responsables de l’intervention fédérale dans la sécurité publique de l’État de Rio de Janeiro. Au Complexo do Alemão, des témoins ont affirmé que les militaires inspectaient les messageries WhatsApp des habitants. Ou qu’ils fouillaient jusqu’aux cartables des écoliers, comme le rapporte @Cpx_Zn_Rj sur Twitter :

« Il n’y a même pas besoin de légende ! #paixaucomplexodoalemão »

Selon O Globo, l’ONG Redes da Maré a également recensé des perquisitions qui auraient été effectuées sans aucun mandat dans des maisons. Des faits également rapportés par le site vozdascomunidades, média créé par des habitants des favelas :

« Un habitant du complexe de Penha a raconté sur Facebook que sa maison avait été envahie par les militaires. L’opération continue dans les complexes de l’Alemão, Penha et Maré. »

Tirs en l'air pour disperser des femmes et des enfants

Au complexe de Penha, des habitants blessés par des tirs auraient été longuement empêchés de rejoindre un hôpital par un barrage des forces de l'ordre, rapporte G1.

Par ailleurs, UOL rapportait mardi 21 août que des policiers militaires auraient tiré en l’air pour disperser un groupe composé majoritairement de femmes et d’enfants qui protestaient contre l’opération à Nova Holanda (Complexo da Maré) lundi soir, comme on peut le voir dans une vidéo partagée par RedesdaMaré :

Contacté par UOL, le porte-parole du commandement militaire de l'Est a déclaré qu'il ne ferait aucun commentaire sur le fait que les policiers ont tiré des coups de feu et regretté « la présence de femmes et d'enfants comme boucliers humains ».

Enquêtes et prières

Selon Agência Brasil, le défenseur public de l'Etat de Rio de Janeiro a déclaré par la voix de son médiateur, Pedro Strozenberg, qu'il se rendrait dans les complexes de l’Alemão, Penha et de Maré pour écouter les habitants. Pour les ONG, qui critiquent la pertinence de l’intervention fédérale depuis février dernier, les conséquences de l'opération déclenchée lundi sont préoccupantes. Dans un communiqué, la directrice exécutive d’Amnesty International au Brésil, Jurema Werneck, a appelé les autorités à « agir pour assurer une enquête immédiate, indépendante, impartiale et approfondie sur les décès résultant des opérations de police qui ont eu lieu à Rio de Janeiro lundi. (...) La létalité des opérations de police a considérablement augmenté au cours de la période d'intervention fédérale et il est extrêmement préoccupant que ces décès ne fassent pas l'objet d'une enquête. »

Selon O Globo, le commandement militaire de l'Est a déclaré que « toutes les dénonciations devraient être formalisées au poste de police de la région et par le canal du médiateur de l'intervention ».

Côté politique, les critiques les plus virulentes viennent de la gauche et notamment du Parti socialisme et liberté (Psol) de l’ancien candidat à la mairie de Rio Marcelo Freixo. Tarcisio Motta, candidat du Psol pour le poste de gouverneur de l’État de Rio de Janeiro, a ainsi exprimé sa « solidarité avec les habitants des favelas de l’Alemão, de Penha et de Maré », et jugé « inacceptable » que la confrontation devienne la norme. « Nous avons besoin de toute urgence d'une autre logique de sécurité publique. »

Reste, sur les réseaux sociaux, les nombreuses voix qui expriment simplement une pensée pour les habitants des communautés de la zone nord de Rio, à l’image de @Fill_PS :

« Que Dieu bénisse les habitants des complexes de l’Alemão, Penha et de Maré… si ce n'est pas Dieu ce ne sera personne. »

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