Il ne faut jamais désespérer. Jusqu’à dimanche soir, Michel Temer était le président brésilien le plus impopulaire depuis le retour de la démocratie, en 1985. Celui qui avait inspiré le slogan Fora Temer (Dehors Temer) à une gauche brésilienne qui ne lui avait pas pardonné d’avoir remplacé Dilma Rousseff à la tête de l’État en 2016 après une procédure de destitution controversée. Fin septembre, selon un sondage Ibope, sa cote de popularité s’élevait à 4 %. Mais dimanche soir, les Brésiliens ont envoyé au second tour d’une élection présidentielle extrêmement polarisée Jair Bolsonaro (PSL) et Fernando Haddad (PT). Et dans la soirée, la liste des trending topics de Twitter Brasil a rapidement vu surgir un #FicaTemer (#ResteTemer) et une cohorte de mèmes dédiés au retour en grâce de l’actuel président.
Sur Twitter, certains ont décidé de faire amende honorable, comme @MeloGabm :
Eu apagando todas as vezes que coloquei FORA TEMER nas redes sociais #FicaTemer pic.twitter.com/CEYvmkTk0N
— ☆ (@MeloGabm) October 7, 2018
« Moi en train d’effacer toutes les fois ou j’ai mis Fora Temer sur les réseaux sociaux. »
Nombreux sont ceux qui s’amusent de ce retournement de situation, Michel Temer étant d'habitude une des cibles préférées des producteurs de mèmes brésiliens.
Pour @gottabesirius, « le plus grand rebondissement de l’histoire du Brésil, ce sont les gens qui lancent le #FicaTemer » :
o maior plot twist da história do brasil é a galera levantando o #FicaTemer
— cami (@gottabesirius) October 7, 2018
Déclaration d'amour
Pour certains, le président Temer mérite une déclaration d’amour empruntée aux paroles d’une chanson du duo sertanejo Chitãozinho & Xororó. « Et dans cette folie de dire que je ne t’aime pas, je nie les apparences, je cache les preuves, mais pourquoi vivre en prétendant si je ne peux pas tromper mon cœur... Je sais que je t'aime #FicaTemer », tweete ainsi @lokisbaes.
E nessa loucura de dizer que não te quero, vou negando as aparências, disfarçando as evidências, mas pra que viver fingindo se eu não posso enganar meu coração... eu sei que te amo #FicaTemer pic.twitter.com/XEDpMI9u32
— larissa (@lokisbaes) October 9, 2018
Pour d’autres, il est temps de s’attendrir :
Iti Malia, meu Temeroso... Quem é meu vampirão favorito? Quem é? #FicaTemer 😂 pic.twitter.com/EfCRke9knE
— Fala Rafa (@ProgramaDoRafa) October 9, 2018
« Qu’il est mignon, mon Temeraire... C’est qui mon vampire préféré ? C'est qui ? »
Certains mèmes sont souvent une critique à peine déguisée de l'autoritarisme affiché par Jair Bolsonaro. « Je ne sais pas, la façon dont il a retiré mes droits était différente », tweete ainsi @sweetpix :
Sei lá, o jeito que ele tirava meus direitos era diferente #FicaTemer pic.twitter.com/y2qdul1VxT
— Vitória (@sweetpix_) October 9, 2018
Mais pour la journaliste Mariana Godoy, #FicaTemer vise autant Fernando Haddad que Jair Bolsonaro :
Hahaha #FicaTemer é bom demais😂😂 representa bem o desespero de quem não queria nem um, nem outro. Vamos ao segundo turno. Tem debate na RedeTV! Dia 15 de outubro. Beijo!
— Mariana Godoy (@mariana_godoy) October 7, 2018
« Ahahah, #FicaTemer c’est trop bon, ça représente bien le désespoir de ceux qui ne voulaient ni l'un ni l'autre. Allons au deuxième tour. Il y a un débat sur RedeTV! Le 15 octobre. Bisou! »
Les deux candidats se laisseront-ils déborder par ce mouvement #FicaTemer lancé sur Twitter ? Du côté de Fernando Haddad, on a en tout cas l’air de prendre la chose au sérieux, si l’on en croit un tweet publié mardi 9 octobre :
O extremo que nosso adversário representa não vai levar o Brasil a recuperar a economia, e sim aprofundar nossa crise. Não podemos deixar que o povo chegue a sentir saudades do governo Temer, temos que supera-lo.
— Fernando Haddad 13 (@Haddad_Fernando) October 9, 2018
« L'extrême que notre adversaire représente ne conduira pas le Brésil à rétablir l'économie, mais à aggraver notre crise. Nous ne pouvons pas laisser les gens ressentir une nostalgie du gouvernement Temer, nous devons le battre. »
Au parti de #LulaLivre, on ne lâche pas le #ForaTemer comme ça.