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Mathieu Boogaerts (DR)

Mathieu Boogaerts : « J’aimerais élucider les mystères du Brésil »

A l’occasion de la Fête de la francophonie, le chanteur français Mathieu Boogaerts est en tournée depuis quelques jours dans les Alliances françaises du Brésil. Seul sur scène, il jouera ce vendredi soir à Ouro Preto (Minas Gerais), avant Porto Alegre (Rio Grande do Sul) lundi et Florianopolis (Santa Catarina) mardi. Bom Dia Brésil l’a rencontré lors de son passage à Rio en début de semaine.

Vous voilà parti pour une belle balade à travers le Brésil, est-ce la première fois que vous posez votre guitare par ici ?

Non, je suis déjà venu deux fois. La première fois, c’était il y a vingt ans avec ma petite amie de l’époque. On avait passé un mois et demi de vacances, à Rio notamment. La seconde fois, c’était en 2009 à l’occasion de l’année de la France au Brésil durant laquelle j’avais fait une petite tournée dans le Nordeste.

Que représente le Brésil pour vous ?

C’est un pays dont j’ai à chaque fois le sentiment de ne pas le comprendre, parce qu’il est très grand et j’ai toujours été près des côtes, donc il y a tout un monde que je ne connais pas. Je suis toujours un peu frustré de ne pas connaître le Brésil rural, du village, de la petite ville de province… Au même titre que quelqu’un qui vient visiter la France, s’il ne reste qu’à Paris, cela a un sens, mais il ne pourra pas comprendre la France. De même, ici à Rio, il y a ces favelas dans lesquelles je n’ai jamais mis un pied parce qu’on m’a dit « faut pas y aller » et du coup, j’ai l’impression d’être dans la moitié de la ville et de ne pas avoir accès à l’autre moitié. Je reste toujours un peu sur ma faim, mais si un jour je viens en voyage seul, je me donnerai les moyens d’y accéder. Là, je suis en tournée, j’ai des concerts, des responsabilités, je ne peux pas prendre le temps de le faire. En résumé, je ressens une frustration de ne pas avoir toutes les clés du Brésil, mais, à terme, j’aimerais élucider ces mystères.

J’ai écouté beaucoup de musique brésilienne, mais c’est « malheureusement » de la musique des années 1960-1970.

Vous avez un lien musical fort avec l’Afrique, le Brésil aussi. La musique brésilienne a-t-elle pu vous inspirer ?

L’inspiration, c’est très inconscient car il y a des choses que je choisis d’écouter et d’autres que j’écoute sans m’en apercevoir donc je ne sais pas trop ce qui m’influence. En tout cas, j’ai écouté beaucoup de musique brésilienne, mais c’est « malheureusement » de la musique des années 1960-1970. Sans dire que c’est moins bien depuis parce que je ne connais pas trop, mais j’évite de le dire aux Brésiliens parce que c’est comme si on arrive en France et qu’on dit « oui, j’aime beaucoup Edith Piaf ».

Le public brésilien est connu pour être l’un des « meilleurs » du monde, est-ce que cela réchauffe d’autant plus de venir jouer ici ?

En général, je déteste avoir un a priori sur le public, positif ou négatif, parce que si je pense qu’ils sont gentils, je vais trouver qu’ils ne sont pas aussi gentils que je ne le pensais, et s’ils sont méchants... vice versa. Du coup, cela va influencer mon attitude… donc je vais faire comme si je n’avais pas entendu votre question et je vais aborder les concerts comme n’importe lesquels où que ce soit, essayant de vivre l’instant et de sentir le truc sur le moment présent.

Alors comment aborde-t-on malgré tout un public qui n’est pas forcément francophone ?

C’est un peu délicat. A chaque fois, je prends des interprètes, qui ne vont pas traduire en temps réel mes chansons, mais qui vont pouvoir traduire au moins ce que je dis entre chaque morceau. Si je faisais du funk, je m’en foutrais, ça danse toute la soirée, mais là, ce n’est pas le cas, il y a un côté intime donc j’ai besoin de pouvoir m’exprimer et être compris.

Jouer dans le cadre de la Fête de la francophonie à l’étranger vous fait-il vous sentir comme un ambassadeur de la langue française ?

Le mot est un peu fort, mais comme j’écris des chansons en français et que j’attache beaucoup d’importance aux mots, je me sens en tout cas vraiment légitime et à ma place. D’autant plus parce que je suis invité par l’Alliance française et cela me fait plaisir. Mais je n’ai pas vocation non plus à inciter les gens à apprendre la langue française.

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