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Les unes des principaux quotidiens brésiliens au lendemain de la victoire de Jair Bolsonaro à la présidentielle (Amélie Perraud-Boulard/Bom Dia Brésil)

Présidentielle : la victoire de Jair Bolsonaro vue par la presse brésilienne

La plupart des titres de la presse brésilienne se sont contentés de titres sobres annonçant la victoire de Jair Bolsonaro face à Fernando Haddad au second tour de la présidentielle dimanche 28 octobre.

« Les pervers sont habiles à séduire »

L'Estado de S. Paulo a pris le parti de mettre l'accent sur les premières paroles du nouveau président élu. « Bolsonaro est élu et promet de défendre les réformes, les libertés et la démocratie », titre ainsi le quotidien pauliste. Isabel Fleck, du Huffington Post, a elle aussi noté ce discours ouvert sur la démocratie du président nouvellement élu. Elle espère toutefois que ce signal positif envoyé aux Brésiliens « ne s'exprime pas seulement en paroles, mais également en actes », mais qu'il sera également « continu ». De même, dans une lettre ouverte au président d'Abilio Diniz publiée par l'Estadão, l'homme d'affaires rappelle que la population « veut un seul Brésil fait par et pour tous les Brésiliens. La lutte doit être menée dans une direction unique, visant à améliorer la vie de tous ».

Après une campagne on ne peut plus agressive, ces signes encourageants envoyés dimanche soir ont été appréciés. O Globo rappelle tout de même que c'est son « discours conservateur, antipétiste et d'outsider de la politique » qui a su séduire la majorité des Brésiliens. « Bolsonaro a grandi grâce à l'indignation populaire », note Paulo Sternick dans sa chronique pour le quotidien carioca. Selon lui, le nouveau président s'est fait « le symbole du héros qui va dérouter les politiques - notamment les pétistes », une position attrayante pour des Brésiliens dégoûtés de la politique. Mais il s'inquiète de cette stratégie, car « les pervers sont habiles à séduire ». Il craint ainsi que Jair Bolsonaro ne finisse par n'être que l'un de ces nombreux hommes politiques « qui font des promesses intenables » et que les Brésiliens se sentent trahis une nouvelle fois.

« Un saut dans le noir »

L'Estadão considère que l'avènement du candidat d'extrême droite représente « un saut dans le noir » : « L'électeur a choisi Bolsonaro sans avoir la moindre idée de ce qu'il fera une fois qu'il sera assis dans le fauteuil du président. Ce n'est pas de bon augure, c'est justement en ce moment que notre pays a le plus besoin de clarté, de compétence et de leadership ». La Folha de S. Paulo ne mâche pas ses mots en le décrivant comme un « petit membre du clergé à la performance parlementaire médiocre », mais aussi de personnage considéré comme « pittoresque » à la Chambre des députés, du fait de ses « discours intolérants en défense de la torture et de la dictature militaire ». Cacá Diegues, dans les pages d'O Globo, rappelle les divers positionnements polémiques de l'homme politique, comme le fait que l'ONU soit, selon lui, un repère de communistes, son intention de pas respecter l'Accord de Paris - même s'il est revenu dessus depuis, de vouloir éliminer les « rouges » de ce pays en les emprisonnant ou en les incitant à l'exil. « Je ne peux donc comprendre cette nette victoire de Bolsonaro que comme une punition que le peuple a décidé de donner à son propre pays », écrit-il.

Pourtant, dans la Folha, l'analyste politique Tom Rogan, de la revue américaine Whashington Examiner, estime que « Bolsonaro a le potentiel pour améliorer le Brésil », « d'apporter quelque chose de nouveau et de meilleur pour le Brésil, pour l'Amérique latine et pour le monde ». Avant toutefois d'atteindre ces sommets, il lui faudra s'atteler à de lourdes tâches, dont, entre autres, « le Sphinx », la fameuse réforme des retraites : soit il en « déchiffrera l'énormité des défis », soit « il sera dévoré », estime le quotidien pauliste.

El Pais évoque le bon accueil que le marché financier a fait à l'annonce de sa victoire : « Il y a un vote de confiance évident des investisseurs, sur le court terme, sur la qualité de Guedes », explique le site d'information, en citant le conseiller économique du nouvel élu, pressenti pour être à la tête du ministère des Finances. Ce dernier, caution économique de Bolsonaro, semble rassurer quant à la direction qui serait donnée sur le plan économique du pays, notamment avec un travail rapide sur la réduction de la dette publique, rappelle le site d'information BBC Brasil. Selon Valor, il a toutefois déjà surpris les membres du Mercosur, annonçant que la zone économique ne serait pas prioritaire, soulevant ainsi l'inquiétude des pays voisins, partenaires économiques du Brésil.

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