La solidarité brésilienne est indéfectible. Un nouvel exemple a été aperçu la semaine dernière du côté de Montes Claro, dans le Minas Gerais. Alors que les forces de l’ordre s’apprêtaient à appréhender la cargaison d’un vendeur ambulant de salgados et de jus de fruit, les passants se sont unis pour la lui racheter, provoquant une vague d’émotion à travers le Brésil.
« Vous ne pouvez pas le voler, laissez-le travailler »
Sur la courte vidéo qui a fait le tour du pays, on peut voir Leonardo Ferreira Soares, 44 ans, essuyer ses larmes alors qu’il recueille les billets que les passants lui donnent les uns après les autres pour lui acheter ce qu’il lui reste de victuailles. Le vendeur ambulant est encerclé par des policiers militaires, policiers municipaux et employés de la mairie de Montes Claro qui allaient emporter ses boîtes en polystyrène dont il vendait le contenu illégalement sur une place de la ville, ainsi que sa carriole utilisée pour les transporter. « Vous ne pouvez pas le voler, laissez-le travailler », leur lancent les habitants.
« Près de 30 personnes se sont mises autour de moi. Certaines voulaient juste m'aider, des gens m'ont donné un billet de 10 reais sans rien prendre, je pleurais d'émotion et j'ai aussi commencé à distribuer les jus et les salgados à ceux qui ne m'avaient rien donné », a raconté à la BBC Brasil Leonardo Ferreira Soares, qui fait quotidiennement une heure et demie de marche pour vendre ses produits sur cette place.
« J’ai juste pleuré. Je n'allais pas me battre avec eux »
« Ce qu'ils (les forces de l’ordre, ndr) m'ont fait était inhumain. C’est comme si j'étais un voleur. J’ai juste pleuré. Je n'allais pas me battre avec eux. Je ne suis pas comme cela. Ce qui me dérange, c’est que pour nettoyer la place, il n’y a personne, mais pour en retirer un travailleur, il y a foule », a-t-il ajouté.
Contactée par la BBC Brasil, la mairie de Montes Claro a indiqué que l’opération était légitime car elle visait à empêcher la « vente de produits non réglementés ». Leonardo Ferreira Soares affirme que c’était son premier contrôle en quatre ans, lorsqu’il a commencé cette activité après avoir perdu son emploi à São Paulo et s’être retrouvé criblé de dettes. Le quadragénaire s’est dit néanmoins constamment menacé par les autorités et a désormais peur de revenir vendre ses produits dans la rue. « Je ne travaille pas en tant que vendeur ambulant par choix, je travaille ainsi parce que je n'ai rien d’autre à faire. Evidemment, j'échangerais ce travail pour n'importe quel autre », a-t-il clamé.
Cette notoriété soudaine pourrait l'aider à se sortir de cette situation. L'une des vidéos de l'incident a été partagée plus de 125 000 fois sur Facebook, avec plus de 3 millions de vues. Et les commentaires des internautes, à la fois touchés par le geste et révoltés contre les autorités, sont unanimes. « C'est l'une des plus belles choses que j'aie jamais vues dans ma vie, un acte d'humanité de la part de ces gens. C'est une honte, un camouflet pour ceux qui ont fait saisir la marchandise », a réagi Claudio Cesar. Emotion également pour Gleise Neves : « Des larmes me viennent aux yeux quand je vois des gestes de solidarité, il me reste une once d'espoir dans l'humanité. » Le mot de la fin pour Rafael Araujo : « Des moments comme celui-ci ne viennent que du peuple, nous sommes pauvres du point de vue financier, mais jamais du point de vue spirituel. »