Toujours plus de films, toujours plus de villes. Le Festival Varilux est devenu l’an dernier le plus important événement consacré au cinéma français à l'étranger, avec 180 000 spectateurs (+15 %). Et il entend conserver ce rang lors de la 9e édition qui débute officiellement jeudi, après une ouverture ce lundi soir à Salvador, mercredi soir à São Paulo et jeudi soir à Rio.
« Cela devient énorme », se félicite auprès de Bom Dia Brésil la Française Emmanuelle Boudier, codirectrice du festival. De 55 villes l’an dernier, l’événement va atteindre cette année pas moins de 88 municipalités du Brésil grâce à un nouveau partenariat avec le Sesc (Serviço social do comercio). Ce dernier permettra la projection gratuite de 15 des 21 films de la sélection dans 29 villes, parfois de manière exclusive, tandis que 63 proposeront la totalité de la programmation également dans des cinémas commerciaux.
21 longs-métrages, 7 courts-métrages
« Quand un film français est lancé au Brésil, il est distribué dans un maximum de 15 villes, jamais au-delà », souligne Emmanuelle Boudier, qui est ravie, via le Sesc, de pouvoir ouvrir le Festival Varilux « à des gens qui n’ont jamais vu de films français de leur vie et de renforcer plus généralement la démocratisation de l’accès au cinéma ».
Au programme donc, 21 longs-métrages, tous inédits au Brésil, ainsi que, pour la première fois, une offre de courts-métrages, au nombre de sept, tous primés. « Quand on voit ce qu’il y a dans les salles brésiliennes, cela manque beaucoup de diversité alors qu’il y a au Brésil un public cinéphile qui veut autre chose. Notre sélection reflète la diversité française dans les genres (comédies, drames, films historiques, d’animation, classique – Z de Costa Gavras – et même de zombies !) comme dans la maturité des cinéastes avec des très confirmés, mais aussi des jeunes et quelques premiers films. C’est notre rôle de les faire découvrir », détaille Emmanuelle Boudier.
Les coups de cœur d’Emmanuelle Boudier
S’il y a quelques films phare dans la programmation comme Au revoir là-haut, d’Albert Dupontel, ou L’Amant double, de François Ozon – qui sert d’affiche au festival, les coups de cœur de la codirectrice du festival vont à des œuvres moins en vue : La Nuit a dévoré le monde, de Dominique Rocher, « un film de genre, original, avec une manière de voir Paris différemment » ; Diane a les épaules, de Fabien Gorgeart, « une comédie jamais ridicule sur un sujet très original (la gestation pour autrui, ndlr) traité sans complaisance » ; Gaspard va au mariage, d’Antony Cordier, « un film très onirique, presque excentrique » ; et Carnivores, de Jérémie et Yannick Renier, « le premier film de Jérémie Renier comme réalisateur, tout à fait réussi ».
Comme chaque année, le Festival Varilux a convié une délégation francophone de réalisateurs et acteurs pour ouvrir l’événement. « En général, ils sont ravis, c’est souvent leur première fois au Brésil et ils repartent toujours avec du baume au cœur d’avoir rencontré un public bienveillant, qui a envie de se faire plaisir », indique la codirectrice. On retrouvera ainsi cette semaine Jérémie Renier, Yannick Renier et Zita Hanrot (Carnivores) ; Fabien Gorgeart et Clotilde Hesme (Diane a les épaules) ; Nabil Ayouch et Maryam Touzani (Razzia) ; et « le jeune avec le vent en poupe » Finnegan Oldfield (Marvin ou la belle éducation).
Jérémie Renier à Rio ce lundi soir
Le chef de file de la délégation, Jérémie Renier, se voit d’ailleurs offrir ce lundi au Cinemaison du consulat général de France à Rio une session dédiée et gratuite avec la projection de quatre films – Le Grand homme à 13h, Ni le ciel ni la terre à 15h, La Fille inconnue à 18h et Cloclo à 20h15. L’acteur belge sera présent juste avant la dernière séance, à 19h45, pour un débat avec le public.
Outre les projections, le Festival Varilux offre aussi diverses activités autour du cinéma français. « Il y a mostra et festival, on doit aussi prendre en compte cette dimension-là », observe Emmanuelle Boudier, qui cite, parmi les événements parallèles, des rencontres professionnelles franco-brésiliennes. « Des producteurs et distributeurs français vont échanger avec des professionnels brésiliens pour aider le cinéma brésilien en favorisant des accords de coproduction », décrit-elle. Mais il y a également au programme, entre autres, un laboratoire d’écriture de scénario afin « d’aider quinze projets brésiliens à voir le jour ».
Un festival à succès, mais en lutte face à la crise
Après neuf éditions et autant de succès auprès du public et des distributeurs de films français toujours plus nombreux grâce à l’excellente couverture offerte par l’événement, on peut désormais penser que le Festival Varilux a de beaux jours devant lui, mais le travail reste néanmoins intense avec cette crise économique qui n’est pas complètement terminée.
« Nous sommes contents car, jusque-là, nous n’avons jamais réduit la voilure ou annulé. Beaucoup de gens ont envie que le festival existe et font tout pour nous aider, mais chaque année, nous reprenons notre bâton de pèlerin pour trouver des sponsors en plus de Varilux, qui nous est fidèle », explique Emmanuelle Boudier. « Dans cette période, les entreprises coupent tout ce qui est culturel et même si c’est neutre pour elles en termes de coût, c’est psychologiquement plus difficile de les convaincre », ajoute-t-elle. Alors, n’hésitez pas à faire le plein de cinéma français jusqu’au 20 juin dans les salles participantes (cliquez ici pour le programme) et bonne séance !