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(Guy Pichard/Bom Dia Brésil)

Le festival parisien Brésil en Mouvements fête ses 15 ans

Organisé par l’association Autres Brésils, ce festival du film documentaire basé à Paris, au cinéma des 7 Parnassiens, débute mercredi 25 septembre pour se terminer dimanche 29. Au programme : des films, des débats et un apéro musical. Ce festival résolument engagé va célébrer les combats des femmes brésiliennes, et plus généralement, les luttes sociales et politiques actuelles dans le pays. Bom Dia Brésil a rencontré Bia Rodovalho, la programmatrice de Brésil en Mouvements.

Pouvez-vous nous présenter le festival en quelques mots ?

Bia Rodovalho - Brésil en Mouvements existe depuis 2005. Nous sommes un festival de documentaires brésiliens mais pas que. Il y a aussi des débats, des concerts, des expositions et même des ateliers pour les plus jeunes. En constante évolution, le festival a pour but de montrer un cinéma engagé et de diffuser une pensée par l’image des luttes au Brésil. Les mouvements auxquels le nom fait référence sont ceux des mouvements sociaux. C’est via le documentaire qu’ils sont exposés et nous souhaitons montrer ce que le cinéma brésilien a de plus beau en termes d’esthétique, mais aussi de politique. 

Où se déroule l’évènement ?

Depuis l’an dernier, nous avons pris nos quartiers au cinéma des 7 Parnassiens, dans le XIVe arrondissement. Il y a eu une longue bataille juridique pour notre ancien lieu de projection, le cinéma La Clef (situé dans le XIVe arrondissement, il est fermé depuis le 15 avril 2018, ndr) qui a malheureusement fermé, même à la suite de la création d’un collectif pour le sauver et même le racheter. Ceci dit, nous sommes très contents d’être aux 7 Parnassiens !

Pensez-vous que le festival a aujourd’hui plus d’importance que les autres années, étant donné le contexte actuel du Brésil ?

Tout à fait ! Le pays est dans un moment important de son histoire, et pas seulement en termes de luttes sociales, mais aussi en ce qui concerne le cinéma plus globalement. Deux idées nous ont guidés pendant la programmation du festival : l’occupation et la résistance. L’occupation d’abord, que ce soit avec les terres occupées par le Mouvement des travailleurs ruraux sans terres (MST) par exemple ou les squats. Cela peut être aussi occuper des espaces et les transformer en lieu politique, voire même occuper le cinéma brésilien, qui est attaqué depuis le début du mandat de Jair Bolsonaro. Depuis la suppression du Ministère de la Culture à aujoud’hui le contrôle et la mise sous tutelle de l’Agence de cinéma Brésilien (l’équivalent de notre CNC, ndr), nous assistons à une série d’actions et de coupes budgétaires qui ne font pas que l’affaiblir, mais vont aussi le détruire ! La vieille censure n’est pas loin…

N’est-ce pas paradoxal au moment où vient de sortir Bacarau, auréolé du Prix du jury du Festival de Cannes ?

Nous avons en ce moment une série de films brésiliens extraordinaires, qui sont diffusés dans le monde entier ! L’exemple de Bacarau est flagrant. Il y a eu récemment la Mostra do Filme Marginal (le festival du film marginal, ndr) à Rio de Janeiro qui diffusait trois films avec lesquels le gouvernement était en désaccord. L’espace qui accueillait les projections a demandé de retirer les films et les organisateurs ont décidé d’être solidaires et de déprogrammer tout le festival ! C’est très symbolique. La Cinémathèque de São Paulo va aussi accueillir une inédite  « mostra de films militaires » prochainement... Cela renforce notre idée de montrer un autre cinéma ici via le cinéma documentaire, qui bénéficie de peu de sorties commerciales.

Quel est le temps fort de cette édition ?

Quelle question difficile ! Forcément, la séance d’ouverture avec la projection du film Chão qui parle du MST, un très beau film qui a notamment été diffusé à la Berlinale (le Festival international du film de Berlin, ndr). C’est un très grand film, vraiment.

Y a-t-il des films en lien avec la France ?

Deux documentaires sont réalisés par des Français, qui vivent entre le Brésil et la France. Il y a déjà Indianara, qui est diffusé le samedi 28 septembre. Ce film d’Aude Chevalier-Beaumel et Marcelo Barbosa montre un combat pour la survie des personnes transgenres au Brésil. Le dimanche à 15 heures sera montré Bloqueio de Victoria Alvares et Quentin Delaroche sur la grève des routiers au Brésil en 2018.

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