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Rosana Lanzelotte et Olivier Baumont (Béatrice Lagarde/DR)

Les 350 ans de François Couperin célébrés à Rio par un duo franco-brésilien

« On ne pouvait pas laisser passer cette année sans célébrer les 350 ans de François Couperin ! » C’est dans un excellent français que s’exprime pour Bom Dia Brésil Rosana Lanzelotte, l’une des plus grandes clavecinistes brésiliennes, à l’origine du spectacle Apoteose de Couperin-350 anos, qui aura lieu vendredi soir à 20h à la Sala Cecilia Meireles de Lapa, à Rio.

C’est en début d’année à Paris que l’instrumentiste de 57 ans a imaginé ce concert avec une autre référence du clavecin mondial, son ami le Français Olivier Baumont. Ensemble, ils joueront des pièces de François Couperin (1688-1733) pour deux clavecins, puis séparément une grande suite composée par le chef de file de la musique baroque en hommage à Jean-Baptiste Lully (1632-1687), qui le précéda à la cour de Louis XIV. « Une rencontre entre le style italien de Lully et le style français de Couperin », décrit Rosana Lanzelotte.

Plus qu’un concert, un spectacle vivant

Mais plus qu’un simple récital, il s’agit d’un véritable spectacle répondant  aux exigences de « Musica Brasilis », le grand projet musical initié en 2009 par la claveciniste. « Nous ne voulions pas que ce soit juste un concert tel quel, qui n’a plus sa place aujourd’hui car ce n’est plus attractif pour le public. Nous voulions raconter la musique dans un contexte historique, en l’expliquant. La musique baroque a été d’ailleurs conçue comme cela, pour accompagner un ballet ou un spectacle », justifie-t-elle.

Mis en scène par Manoel Prazeres, ce spectacle fait ainsi appel à Helena Varvaki pour la narration de l’Apothéose de Lully, la comédienne introduisant chaque mouvement (« Lully aux Champs Elysées », « l’enlèvement de Lully au Parnasse », etc.) avant qu’il ne soit joué, mais également à six jeunes danseurs du Centro das artes da Maré, dirigé par la chorégraphe Lia Rodrigues.

Des Indiens dans la ville

Rosana Lanzelotte et les six danseurs du Centro das artes da Maré (Béatrice Lagarde/DR)

Ces derniers interviendront selon un scénario original ajouté récemment par Rosana Lanzelotte. « On voulait en profiter pour faire quelque chose qui rapproche cette commémoration de Couperin du Brésil », explique-t-elle, racontant qu’au début du 17e siècle, en 1613-1614, six ambassadeurs de la tribu des Tupinambas – qui seront interprétés par les danseurs - ont été emmenés en France depuis São Luís (Maranhão). « Quand ils sont arrivés, ils ont provoqué un grand frisson à Paris ; on les a montrés à la cour de Louis XIII au Louvre, baptisés et même travestis avec des vêtements de l’époque », poursuit-elle.

Cet engouement pour le Nouveau Monde inspirera notamment les compositeurs des 17e et 18e siècles Ennemond Gaultier et Jean-Philippe Rameau, ce dernier lui consacrant un opéra-ballet, Les Indes Galantes – inspiré par les peuples autochtones de Louisiane -, dont la dernière entrée, Les Sauvages, sera également jouée vendredi soir par Rosana Lanzelotte. « On voulait aussi mettre ce contexte en valeur et je suis très contente parce que je pense qu’il n’est pas très connu des Brésiliens », résume la claveciniste.

Musique barock

Des Brésiliens qui ont retrouvé le goût pour la musique baroque depuis quelques années, les jeunes en particulier, après une première vague dans les années 1970, quand Rosana Lanzelotte faisait ses débuts. « C’est une musique qui parle aux jeunes, grâce notamment aux groupes de rock qui l’ont utilisée, et beaucoup d’entre eux veulent apprendre à jouer du clavecin », s’enthousiasme l’instrumentiste, qui fait encore aujourd’hui l’objet de morceaux composés spécifiquement pour elle par des compositeurs brésiliens.

Un répertoire brésilien pour clavecin qui jusqu’au 20e siècle était constitué principalement d’œuvres religieuses, avant que des compositeurs contemporains comme Osvaldo Lacerde, Antônio Guerreiro ou encore Ernesto Nazareth s’affranchissent de ce cadre. Rosana Lanzelotte a rassemblé et interprété leurs principales compositions dans un album, O cravo brasileiro, sorti en 1998. En attendant, si vous voulez l’entendre jouer du François Couperin en compagnie d’Olivier Baumont, c’est vendredi soir à la Sala Cecilia Meireles qu’il faudra vous rendre (billets à partir de R$ 20 en cliquant ici).

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