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Charles Aznavour (Wikipedia)

Quand Charles Aznavour donnait « rendez-vous à Brasilia »

Charles Aznavour est décédé ce lundi à Paris à l’âge de 94 ans. Une triste nouvelle qui a également touché le Brésil où ce monstre sacré de la chanson française était très connu.

C'est à la fin des années 1950 que Charles Aznavour découvre le Brésil pour la première fois lors d'un périple en Amérique du Sud. Il en revient avec le titre Rendez-vous à Brasilia, sorti en 1960 à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle capitale. Une chanson interprétée par lui-même ainsi que Guy Marly ou encore Los Matecoco à la même époque.

Un titre à la sonorité et au texte très carnavalesques qui peut paraître hors de propos quand on connaît Brasilia, mais il s’agissait aussi d’un adieu à Rio comme capitale : « Grâce au ciel, on s'abandonne/Et que Rio nous pardonne/Si déjà ce cri résonne/Rendez-vous à Brasilia/Non, ce n'est plus un mirage/Tout est près pour le voyage/Carioca, fais tes bagages/Rendez-vous à Brasilia. »

Ce n’était pas l’une de ses chansons les plus connues, mais il l’a tout de même interprété à la télévision une dizaine d’années plus tard avec Mireille Mathieu.

Autre morceau très inspiré par la musique brésilienne : La Baraka (1974), mais dont les paroles n'ont rien à voir avec le Brésil, le titre lui-même étant un mot arabe.

Le Brésil, pays photogénique

Charles Aznavour viendra au Brésil à plusieurs reprises, dont la dernière fois en 2017, notant l'évolution de Rio et São Paulo à chaque passage. « A Rio, il y a plus de gens. A Sao Paulo, il y a plus d'immeubles », soulignait-il à la Folha de S.Paulo en 2008.

Il ajoutait qu'il aimait sortir dans la rue au Brésil pour y prendre des photos. Dans la capitale paulista, il s'était notamment rendu à la station de métro Armênia pour en tirer un cliché, appréciant la référence au pays d'origine de ses parents.

« Moins attiré par les filles du Brésil que par la musique »

Qu'appréciait Charles Aznavour au Brésil ? « J’ai été moins attiré par les filles du Brésil que par la musique, les chanteurs, les danseurs, et l’art brésilien en général, notamment l’art de la rue et ses peintres populaires », répondait-il en 2014 dans une pastille télévisuelle pour le groupe Engie.

Du répertoire brésilien, il aimait particulièrement Antônio Carlos Jobim « qui a eu un impact incroyable sur la musique mondiale », indiquait-il au Globo en mars 2017. « Mais j’aime aussi Gilberto Gil, Roberto Carlos, Chico Buarque, Jorge Ben, Sergio Mendes, Astrud Gilberto, Elis Regina et bien d’autres », précisait-il.

Il y a dix ans, le chanteur se disait néanmoins déçu par les nouveautés brésiliennes qu'il avait pu écouter, critiquant le fait que les nouveaux artistes brésiliens ne conservent plus « un ingrédient brésilien » dans leur répertoire. « Il y a moins de mélodie et une plus grande volonté d'imiter les Nord-Américains (...) Avant, c'était le Brésil que tout le monde voulait imiter. Aujourd'hui, les Brésiliens veulent faire de la musique comme les étrangers et ils n'auront pas autant de succès qu'avant », déplorait-il, regrettant l'époque de la bossa nova où « tous les artistes avaient une impulsion créatrice originale qui prenaient en compte des éléments du Brésil, de la politique, de la culture, pour inventer une musicalité qui, même avec une inspiration américaine, comme le jazz, était très brésilienne, puisqu'elle intégrait la samba ».

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