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photo de la favela Santa Marta

Une année au sein d'une ONG dans la favela de Santa Marta à Rio

Clémence Schilder vient de rentrer à Strasbourg. Cette étudiante française de 22 ans a passé un an au sein de l'ONG Atitude social, située dans la communauté de Santa Marta, sur le flanc du quartier de Botafogo, à Rio.

Fondée il y a quinze ans par un couple de Brésiliens, Robespierre Avila et Leslie, l'organisme a pour but d’intégrer les personnes de la favela, qui sont en situation de vulnérabilité sociale, à la société en leur offrant un accès à la culture. Elle propose donc différentes activités, telles que des cours d’alphabétisation, de musique, sur l’environnement, d’anglais ou encore de dessin. Atitude Social comporte une dizaine de volontaires au total, dont deux étrangers, un Russe et jusqu'au mois dernier la Française Clémence.

S'évader quelques instants du quotidien grâce à la culture

Clémence Schilder (au centre) avec des membres d'Atitude Social (DR)

C'est dans le cadre d'un stage obligatoire pour son Master en médiation interculturelle à l'université de Lille que l'étudiante contacte Atitude Social pour les rejoindre. Ce qui ne devait durer qu'un mois aura finalement duré toute une année. La jeune femme a commencé par donner des cours de français, mais qui se sont vite arrêtés par manque d'intérêt de la communauté, puis a pris part à différentes missions au sein de l'ONG : aide à l'organisation d'événements culturels dans la favela (concert tous les vendredis soir), notamment lors des jours fériés, activités pour les enfants, brocantes, préparation de repas... Parmi les fonctions principales, savoir écouter les personnes s'exprimer sur leur quotidien a également été une tâche primordiale, au cœur même de la mission de volontariat.

Le coeur de l'ONG est centré essentiellement sur les enfants, afin de les faire sortir un peu de leur quotidien difficile et de leur offrir un cercle de socialisation en leur proposant différents divertissements en groupe, mais aussi de les sortir un peu de la favela (sortie au cinéma par exemple), raconte Clémence à Bom Dia Brésil :

« Dans un environnement difficile et très violent comme la favela, l'ONG est un lieu d'échappatoire. L’éducation dans la favela est dure, les trafics de drogue et d’armes y sont présents, les enfants sont exposés aux fusillades toutes les semaines. C’est une façon pour eux de s’évader à travers la musique, le dessin et de sortir un peu du cadre familial qui peut être oppressant à plein d’égards. »

Transmettre des valeurs

Les volontaires apprennent aussi aux enfants à respecter des règles et tentent de leur transmettre des valeurs à travers des projets et des initiatives artistiques. Le directeur d'Atitude Social, Pierre, a par exemple mis en place le bazar ecologico, qui propose de laver la communauté en échange d'habits. Il y a aussi le projet du volontaire Berimbau pour faire de l'art plastique avec les déchets,  qui a vocation à pouvoir transmettre aux enfants des valeurs environnementales. 

Au-delà des enfants, l'ONG tente aussi d'offrir des ouvertures culturelles aux adultes, explique Clémence :

« Une fois, nous avons fait venir à Santa Marta un groupe de samba de Mangueira, qui est une autre favela de la zone nord de Rio. Cela avait permis aux habitants de s’amuser au rythme de la musique et de rencontrer des habitants d’une autre favela de la ville. C'était un chouette moment ! »

La favela : la « felicidade » au delà des clichés de violence

Si au début, les rapports entre Clémence et les habitants de la favela étaient distants, une fois la confiance installée, les relations ont pu évoluer avec le temps :

« Quand je suis arrivée en décembre, on ne me parlait pas beaucoup, en pensant que j’allais juste être de passage. Quand ils ont vu que j’étais là pour du long terme, ils ont commencé à chercher à me connaître. Les habitants sont toujours ouverts à d’autres points de vue, aux échanges, ils vont toujours t’encourager, ils sont toujours contents d’avoir des volontaires qui viennent de l’étranger et qui s’investissent dans la vie culturelle de la favela. Même s’il y a des tours touristiques à Santa Marta, cela reste encore rare pour eux de voir des étrangers dans la favela, surtout qui ne soient pas juste de passage. Pour moi, les gens les plus ouverts, les plus réceptifs, les plus solidaires que j’ai pu rencontrer au Brésil étaient toujours dans la favela. »

Etre volontaire une année au sein d'Atitude Social est une expérience qui aura appris à Clémence différentes qualités professionnelles, comme apprendre à garder son sang-froid face à des situations extrêmes, mais aussi être en mesure d'identifier les besoins d'une population, pour mettre en place des projets ayant un réel impact social pour la communauté.

Loin des clichés qui ne mentionnent que la violence au sein des communautés, la Française retient avant tout de son expérience la force des habitants de Santa Marta, qui conservent toujours un sentiment de felicidade, un optimisme sans faille, ne se laissent jamais abattre et trouvent toujours un moment pour faire la fête et rigoler malgré les difficultés du quotidien.

« Pour moi, la favela illustre beaucoup le paradoxe du Brésil : c’est vrai que c’est un pays violent, mais il ne faut regarder que ça et voir toutes les belles choses qui en ressortent. »

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