Preto (« noir ») est un spectacle de Marcio Abreu mettant au coeur de sa thématique le racisme et la différence. Il sera présenté ce vendredi 2 février au théâtre Paul Eluard de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) en portugais avec des sous-titres en français, avant de reprendre les représentations au CCBB de Rio de Janeiro. Bom Dia Brésil a évoqué avec Marcio Abreu le contexte de création de la pièce, à l'aube de la tournée européenne de sa companhia brasileira de teatro.
Comment est née Preto ?
C'est le dédoublement d'une pièce que nous avons créée en 2015, Projeto Brasil. J'ai fait beaucoup de lectures sur le Brésil, notre histoire sociopolitique et éthnico-culturelle, notamment les textes abolitionnistes de Joaquim Nabuco. L'oeuvre d'Achille Mbembe (docteur en histoire et grand théoricien du post-colonialisme, ndlr) a également été capitale dans ma réflexion. Durant notre tournée, nous avons présenté la pièce à travers le pays ainsi qu'à l'étranger, ce qui a soulevé la question de comment les autres nous voient et vice-versa. De là est né le projet Preto. A partir d'études sur le racisme au Brésil, on a construit une dramaturgie hybride, qui laisse s'exprimer différents champs artistiques, tels que la danse et le théâtre notamment.
Vous y évoquez la question du racisme au Brésil...
La pièce part en effet de cette thématique. C'est déjà un défi de parler de cette notion au Brésil. Le racisme structure pourtant l'histoire du Brésil. Il est difficile dans l'art d'aborder des thèmes d'une telle importance. Il faut donc trouver une voie sensible pour évoquer un thème si aride. Preto pose la question de la coexistence et de l'affirmation des différences. Le spectacle présente six acteurs, dont trois noirs, qui coexistent dans des espaces dramaturgiques variés.
Parler d'une personne noire en utilisant le terme preto n'est pas bien vu au Brésil. Pourquoi avoir donc choisi ce terme pour intituler votre spectacle ?
Les mots preto ou negro peuvent être tous deux utilisés d'une manière positive ou négative, mais choisir d'intituler le spectacle Preto, c'est une manière d'ouvrir le thème, en parlant de la couleur. Ainsi, on amplifie la langue elle-même, ainsi que le thème du racisme.
En quoi vous semble-t-il intéressant de présenter ce travail en Europe ?
En dehors du Brésil, on vit dans ce mythe que c'est un pays où il n'y a pas de racisme. On repose sur une espèce d'hypocrisie avec l'idée d'une démocratie raciale. Or, c'est un pays où les jeunes noirs sont victimes d'un génocide, où l'on assassine des transsexuels, des travestis. Il est important de montrer cela à l'extérieur et d'offrir une réflexion sur la différence. Le traitement dramaturgique du thème est universel. On ne parle pas directement du sujet, pour éviter un ton pamphlétaire, qui n'est pas recherché ici. On l'évoque différemment, en faisant vivre côte à côte des corps, des histoires, des expériences différents les uns des autres. C'est aussi ce qui crée différentes possibilités de lectures, une pluralité des langues qui nous semblaient importantes pour évoquer le racisme et les différences.
Découvrez dans cette vidéo la présentation de Preto :
Informations pratiques :
Vendredi 2 février, à 20h
Théâtre Paul Eluard de Choisy-le-Roi 94600 Choisy-le-Roi
Le spectacle sera en portugais, sous-titré en français.
Pour plus d'informations, rendez-vous sur la page Facebook de l'événement ou sur le site du théâtre.
Les lecteurs de Bom Dia Brésil peuvent bénéficier d'un tarif préférentiel de 12 euros, au lieu de 20 euros, avec le code « Bomdia » à donner au moment de la réservation en billetterie (01 48 90 89 79 ou sur reservation.theatre@choisyleroi.fr).