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Paula Forteza (Consulat de France à Rio de Janeiro)

Paula Forteza : « Pour protéger les lycées français, il faut réformer le système »

Paula Forteza, députée (LREM) de la 2e circonscription des Français de l’étranger (Amérique latine et Caraïbes), était en déplacement au Brésil ces derniers jours. Bom Dia Brésil l’a rencontrée dimanche 25 mars lors d’une réception au consulat de France de Rio de Janeiro. Interview.

Vous avez été élue le 17 juin 2017. Quel bilan tirez-vous de vos premiers mois en tant que députée des Français de l’étranger ?

Ça a été très actif, car nous avons un agenda de réformes très chargé. Mon rôle est particulier, je représente 33 pays et environ 100.000 Français. Je dois me déplacer très régulièrement et en même temps soutenir et accompagner les réformes qui ont lieu au niveau national. C’est un bilan très positif, d’autant que nous voulons approfondir la relation entre la France et l’Amérique latine. Nous pensons qu’il y a beaucoup d’opportunités à creuser en termes politique, économique ou sur des thèmes comme le développement durable, le droit des femmes ou la gouvernance d’Internet. Ce sont des sujets qui sont portés à l’international par le président de la République et qui pourraient rapprocher nos deux zones géographiques.

En octobre dernier, l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) avait annoncé une réduction du budget de 33 millions d’euros. Les parents d’élèves des lycées français, au Brésil et ailleurs dans le monde, s’inquiètent d’une baisse des moyens alloués à l’enseignement français à l’étranger. Comment pouvez-vous répondre à leurs préoccupations ?

Dimanche 25 mars au consulat de Rio (Bom Dia Brésil)

Le Président s’est engagé à maintenir au moins pendant deux ans les crédits de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, l’organe qui gère les lycées français de l’étranger, en attendant une réforme de cet organisme. L'AEFE a connu des problèmes de gestion, ça a été souligné par la Cour des comptes. Il y a eu une réduction budgétaire qui fait partie d’un effort global demandé à tous les ministères pour rentrer dans les exigences européennes. C’est quelque chose qui a été voté par les Français, car Emmanuel Macron l’a porté depuis le début de sa campagne. Cette coupe budgétaire a été surcompensée par l’AEFE, qui a fait des annonces sur des réductions de postes ou l’augmentation des frais de scolarité qui ont bien sûr fait peur à tout le réseau. Ce qu’il faut, c’est vraiment réformer ce système, il n’est plus soutenable dans le temps, il faut le réformer parce nous voulons protéger les lycées français, éviter les inégalités, la diversité qui n’arrive plus à s’exprimer.

Comment cette réforme va-t-elle être conduite ?

Un groupe de travail a été mis en place entre le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l’Education, des élus qui suivent le dossier. Nous avons aussi une collègue, Samantha Cazebonne (qui doit refaire campagne dans une législative partielle dans la 5e circonscription des Français de l’étranger, ndlr), qui est une ancienne directrice de lycée, qui a été missionnée pour faire un diagnostic très complet avec le soutien de tous les députés français de l’étranger. Dès qu’elle va pouvoir nous rejoindre, elle va écouter toutes les parties prenantes : syndicats, parents d’élèves, conseils d’établissements locaux. Le Président s’est exprimé sur l’importance de la francophonie, il y a des ambitions élevées pour l’enseignement du français à l’étranger (Emmanuel Macron veut doubler le nombre d’élèves dans les lycées français à l’étranger, selon RFI, ndlr), l’organisation et les moyens vont suivre.

Je suis assez choquée par l'assassinat de Marielle Franco, j’espère que la justice brésilienne trouvera les coupables et pourra expliquer ce qui s’est passé.

Lors de votre séjour au Brésil, vous avez également rencontré des concitoyens qui ont évoqué avec vous la situation sécuritaire à Rio...

J’ai eu des retours, notamment sur l’assassinat de Marielle Franco il y a quelques jours. Je suis assez choquée, j’espère que la justice brésilienne trouvera les coupables et pourra expliquer ce qui s’est passé. En termes de droits de l’homme, d’expression politique, ce qui s’est passé est extrêmement grave. Certains concitoyens sont préoccupés par le rôle éventuel de la police dans l’alimentation de la violence. Je ne suis pas experte sur ce sujet, mais ce que j’entends, c’est que la communauté française est très préoccupée, les associations qui intervenaient dans des communautés telles que la Rocinha se disent que c’est devenu trop dangereux. On peut réfléchir à des actions que le consulat pourrait mettre en place pour protéger un peu plus les Français. Il y a des mécanismes qui ont été mis en place un peu partout, comme par exemple l’organisation en îlots dans la communauté française pour pouvoir s’entraider. En tant que députée française, j’ai peu de leviers d’action. Mais nous avons une mission informelle qui est de faire remonter au niveau politique et dans l’opinion publique les préoccupations de nos électeurs.

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