Depuis 2016, la rougeole était considérée comme éradiquée au Brésil par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Cependant, depuis quelques semaines, la résurgence de cette maladie particulièrement contagieuse, mais aussi l'existence d'une possibilité de retour de la poliomyélite, de la diphtérie et de la rubéole préoccupent les autorités sanitaires. Notamment celles des Etats du Roraima et d'Amazonas, situés dans le nord du pays, qui ont déclaré l'état d'urgence début juillet, selon Agência Brasil, après avoir enregistré respectivement 384 et 995 cas de rougeole, faisant trois morts.
Un retour en provenance du Venezuela
Monique Catache, pédiatre et néonatologiste, explique pour Bom Dia Brésil l'origine de cette épidémie : « Dans le nord du pays, le retour de la rougeole s'est fait avec l'arrivée d'immigrés vénézuéliens (selon l'OMS, le Venezuela est actuellement le pays le plus touché en Amérique latine par la rougeole, ndr). Les cas ont alors explosé ». « Cependant, en dehors de cette zone, il existe quelques cas, mais pas de quoi considérer encore cela comme une épidémie » tient-elle à préciser.
Ayant également ressurgi au Venezuela, la situation face à la poliomyélite, considérée éradiquée depuis 1994 au Brésil, s'avère aussi préoccupante. Dès le mois de juin, le ministère de la Santé brésilien alertait quant à la menace de retour de la maladie dans 312 communes brésiliennes, notamment dans l'Etat de Bahia. Extrêmement contagieuse, la poliomyélite touche principalement les jeunes enfants et peut entraîner la paralysie des membres inférieurs ou du système respiratoire. Il n'existe pas de traitement et l'unique solution pour s'en protéger est le vaccin. Et c'est justement un trop faible taux de vaccination des enfants qui est pointé du doigt par les autorités, selon Agência Brasil.
Le vaccin, seule protection contre ces maladies mortelles
Monique Catache explique ainsi que « dans certains Etats, on note que ces dernières années, moins de personnes se sont fait vacciner contre ces maladies ». Une constatation confirmée par les données divulguées récemment par le ministère de la Santé, faisant état d'une diminution du taux de vaccination des enfants brésiliens ces trois dernières années. Ainsi, le vaccin tríplice viral, protégeant de la rougeole, des oreillons et de la rubéole, couvrait presque 100 % des enfants brésiliens jusqu'en 2014. En 2017, ils n'étaient plus que 85 %. De même, pour la polio, de 95 % d'enfants vaccinés en 2015, ils ne sont plus que 78,5 % en 2017. La tendance est la même pour le DTP (diphtérie, tétanos et coqueluche) : de plus de 90 % d'enfants vaccinés en 2015, ils ne sont plus que 78,2 % en 2017. L'Estadão souligne qu'en dessous de 95 % de taux de vaccination pour être immunisé d'une maladie, celle-ci risque de réapparaître.
Dans un communiqué de presse, le ministère de la Santé explique que ces chiffres sont probablement dus à « un manque d'information de la population sur les risques concernant une faible couverture de vaccination ». « Le mouvement anti-vaccins collabore à propager la maladie dans la mesure où le nombre de personnes vulnérables est plus important », précise Monique Catache. Pour éviter toute situation de crise, il faut donc renouer avec la vaccination, selon le médecin Isabella Ballalai, présidente de la Société brésilienne d'immunisation, interrogée par Nexo : « Les personnes doivent se vacciner, il n'y a pas d'autre solution. La vaccination a permis de réduire la mortalité infantile et d'augmenter notre espérance de vie. On ne peut pas perdre toutes ces avancées ».