Régulièrement, Bom Dia Brésil vous explique qui se cache derrière les noms de rues ou de stations de métro de certaines villes brésiliennes. Ce madi, à l'occasion du jour de la Conscience noire : Zumbi dos Palmares.
Son nom a été donné à des rues de São Paulo, de Guarulhos, de Recife, à un quartier de Manaus, à une université pauliste, ou encore à l’aéroport de Maceio (Alagoas). Sa statue orne également la Praça Onze à Rio, le Pelourinho à Salvador ou encore la Praça Antônio Prado à São Paulo. Zumbi, c’est un véritable symbole : celui de la lutte pour la liberté des noirs au Brésil.
De Francisco à Zumbi
Les informations sur sa vie sont néanmoins assez vagues et sa légende s'est construite a posteriori. Il serait né vers 1655, dans le quilombo dos Palmares - une communauté d’esclaves en fuite, la plus importante du pays, située dans la capitainerie du Pernambuco, plus précisément dans la serra da Barriga - aujourd'hui situé en Alagoas. On ne connaît pas son nom de naissance.
A six ans, Zumbi aurait été fait prisonnier lors d’une expédition de Brás da Rocha Cardoso. Ce dernier l’aurait emmené à Porto Calvo et chargé le père Antônio Melo de s’occuper du garçon, qui aurait alors été baptisé « Francisco ». Il aurait appris le portugais et le latin. Cependant, à 15 ans, il se serait enfui et aurait rejoint le quilombo dos Palmares. C’est à cette époque qu’il aurait choisi de prendre le nom de « Zumbi », qui viendrait d’une langue africaine, le quimbundo, et signifierait « spectre », « âme d’une personne décédée ».
Devenu adulte, il s'est illustré dans les années 1670 en défendant sa communauté, attaquée par les troupes portugaises. Il a pris la tête du pouvoir militaire au sein du quilombo dos Palmares, dirigé par son oncle, Ganga Zumba, puis par lui-même après la mort de ce dernier en 1678, qui aurait été empoisonné. On estime qu’à cette époque, le quilombo compte environ 20.000 habitants.
14 ans de résistance à l’oppression portugaise
Dès lors, Zumbi a mené pendant 14 ans une guerre sans relâche face aux Portugais, lancés dans une opération de destruction du quilombo. Les colons ont dû s’y reprendre à 16 fois pour parvenir à mater les membres de la communauté, ces derniers étant avantagés par un terrain montagneux qu’ils connaissent parfaitement et une stratégie militaire efficace de guérilla.
La dernière expédition a été menée en 1694 par Domingos Jorge Velho, un bandeirante, l’un de ces aventuriers partis explorer l’intérieur du pays à partir de l’Etat de São Paulo. A la tête de 2.000 hommes lourdement armés, il n'a laissé aucune chance à Zumbi et ses hommes. Ceux-ci auraient tout de même résisté durant 22 jours. Blessé, Zumbi serait parvenu à s’enfuir et à se cacher, mais il aurait été dénoncé, en échange de sa liberté, par Antônio Soares, l’un de ses capitaines, et est assassiné par Furtado de Mendonça le 20 novembre 1695, à l'âge de 40 ans. Zumbi a été décapité et sa tête a été exposée sur la place publique du Patio do Carmo, à Recife, avec pour objectif de mettre un terme au mythe selon lequel le quilombola était immortel.
Depuis 1995, le 20 novembre est célébré le jour de la Conscience noire, en hommage à Zumbi dos Palmares. Mais il est à noter que sa légende n'est pas épargnée non plus par les controverses, soulevées par certains historiens. Dans son best-seller, Guide politiquement incorrect de l'histoire du Brésil (2009), le journaliste Leandro Narloch les reprend, considérant le héros noir du Brésil comme le leader autoritaire d'un quilombo où la démocratie n'aurait pas eu sa place et où l'esclavage lui-même aurait été pratiqué.