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(Sinara Fernandez/Facebook)

Ça fait du ramdam : une campagne polémique sur la planification familiale divise le Brésil

« N'ayez que les enfants que vous pourrez élever ». En lançant cette campagne fin novembre 2017, la municipalité de Quarai (Rio Grande do Sul) n'imaginait certainement pas qu'elle aurait un tel retentissement médiatique. Il aura fallu attendre qu'elle soit affichée sur un panneau à proximité de la mairie fin janvier, prise en photo puis divulguée sur Facebook par Sinara Fernandez (voir ci-dessous), une habitante de la petite commune, le 6 mai dernier, pour qu'elle commence à faire parler d'elle. Une quinzaine de jours plus tard, la publication avait déjà recueilli plus de 12.000 réactions, 2.400 commentaires et avait été partagée 138.000 fois.

Outre le slogan, l'affiche explique un peu plus le message que la campagne souhaite délivrer : « Vous n'avez pas les conditions émotionnelles, personnelles et économiques ? Réfléchissez bien avant d'avoir des enfants ! », avant d'inviter les habitants à utiliser sur les réseaux sociaux le mot-clé #AEscolhaÉSua (c'est ton choix).

Une vague d'indignation

Certains internautes se sont indignés face à de tels propos. L'une d'entre elles y voit une attaque au libre arbitre de chacun : « C'est au minimum une invasion dans les droits individuels. Le rôle du gouvernement est de gérer l'argent public de manière pratique, honnête et efficace et non de s'immiscer dans la décision personnelle de l'individu. Donnez des emplois et une éducation décents au peuple, et alors ce manque de respect face aux droits de chacun ne sera plus nécessaire ». Nombreux sont également les reproches quant à la stratégie adoptée. « Facilitez l'accès à la vasectomie et à la ligature des trompes dans les SUS, informez plus les jeunes sur la contraception : c'est cela votre responsabilité. Pas ce genre de campagnes déplacées » commente ainsi un internaute sur Facebook. Une autre déplore une « mauvaise utilisation de l'argent public », ajoutant qu'il aurait été plus efficace de l'employer à « informer la population concernant les actions publiques menées pour pouvoir réaliser une planification familiale, car de nombreuses personnes ne les connaissent pas ».

Mais certaines personnes dénoncent l'hypocrisie d'une campagne où l'on fait culpabiliser les gens ayant des enfants dans de mauvaises conditions, alors que l'avortement est illégal. « Alors oui, il y a le stérilet, la pilule ou encore le préservatif. Mais des accidents, ça arrive aussi. Et dans ces cas-là, les gens doivent bien faire avec, que les conditions soient bonnes ou mauvaises pour accueillir un enfant », explique ainsi l'une d'entre elles.

Le panneau de la discorde

D'autres ne comprennent pas en quoi l'initiative réalisée en partenariat avec le secrétariat municipal à la Santé gêne tant.

 « Je n'ai rien vu de mal dans la campagne réalisée sur la planification familiale lancée par la mairie de Quarai. Une réflexion sur le contrôle de la natalité est super bienvenue, non ? »

Et nombreux sont les internautes à louer au contraire la démarche. Les messages de félicitations et d'appui se multiplient sur Facebook et Twitter. « Excellente campagne. Quand on met au monde un nouvel individu, la responsabilité n'est pas seulement en rapport avec le noyau familial, mais bien avec l'ensemble de la société. C'est pour ça que c'est un acte qui doit être réfléchi et planifié », estime un internaute. Un autre commentaire de la publication sur Facebook souligne que « riches ou pauvres, il y a des personnes qui ne donnent aucune attention à leurs enfants, ce qui est nocif pour eux, mais aussi pour la société. Alors évidemment qu'il faut réfléchir avant d'avoir des enfants ». Enfin certains estiment qu'il serait bon que ce genre de campagne soit réalisée sur le plan national.

 « L'objectif principal est la réflexion, déclare Fabiana Saldanha, secrétaire municipale à la Santé de Quarai, sur son compte Twitter. Nous ne soulevons pas la question de savoir s'il faut ou non avoir des enfants, mais bien celle des conditions, dans un sens plus élargi d'auto-évaluation. Etre responsables dans nos choix. »

Dans une entrevue réalisée par Zero Hora, elle a insisté sur le fait que l'idée était bien de choquer. « Toutes les campagnes de planification familiale sont extrêmement succinctes. Elles n'amènent pas à se sentir responsable des choses. Nous voulons que les personnes réfléchissent à cette grande responsabilité qui est de mettre quelqu'un au monde » souligne-t-elle.

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