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La tombe d'Allan Kardec à Paris (Wikipedia)

Comprendre le Brésil en un mot : d'où vient-il, ce kardecismo/kardécisme ?

Ancien cadre dirigeant d’une grande entreprise française au Brésil, Christian Pouillaude a vécu, travaillé, voyagé au Brésil depuis plus de 40 ans. Passionné de musique brésilienne (au point de collaborer avec Radio Latina) et de tout ce qui touche à son pays d’adoption, il vit aujourd’hui dans la ville de son épouse, Rio de Janeiro, et collabore avec Bom Dia Brésil à travers une chronique mensuelle intitulée Palabres. Palabres, car on ne peut pas comprendre le Brésil sans saisir toutes les nuances de certains mots du vocabulaire brésilien. Palabres, car ce sont des mots qui prêtent à la réflexion et à la discussion. Le douzième volet de cette chronique se penche sur kardécisme, ce spiritisme codifié par le philosophe français Allan Kardec, beaucoup plus populaire au Brésil qu'en France...

« Allan Kardec ? Non, vraiment je ne vois pas qui c’est, je ne vois pas de qui vous voulez parler. Il est français, dites-vous ? » dit le Français. « Mais oui », répond le Brésilien, « tout le monde le connaît ici au Brésil, c’est même le Français le plus connu chez nous, bien plus que Zidane ! C’est le père du spiritisme. » « Le quoi ? » s’étonne le Français.

13.000 centres spirites dans tout le Brésil

C’est un grand malentendu franco-brésilien. Les Français ignorent qui est Allan Kardec, Hyppolyte Léon Denizard Rivail de son vrai nom, né à Lyon en 1804 et mort à Paris en 1869. Ils ont aussi complètement oublié le spiritisme, qui fut pourtant une philosophie importante en France au XIXe siècle : Victor Hugo était spirite, par exemple. Au Brésil, au contraire, le spiritisme a prospéré et est désormais considéré comme une vraie religion, qui a plus de quatre millions d’adeptes. La grande majorité des spirites sont issus de la classe moyenne éduquée et aisée des grandes métropoles du Sud et du Sud-Est. C’est une religion très ouverte qui cohabite œcuméniquement avec le catholicisme et les religions afro-brésiliennes. Depuis longtemps, les centres spirites jouent un rôle social essentiel au Brésil, que ce soit pour la santé, l’aide sociale ou l’éducation : ils sont donc vus d’un très bon œil par les autorités politiques. Il y aurait aujourd’hui 13.000 centres spirites répartis dans tout le pays.

Communication avec les esprits

Les deux piliers spirituels du spiritisme sont la communication avec les esprits et la réincarnation, mais il incorpore aussi un socle chrétien, avec un accent mis sur la charité. Sa devise est inscrite sur la célèbre tombe, en forme de dolmen, de Kardec au cimetière du Père-Lachaise : « Naître, mourir, renaître encore et progresser sans cesse. » L’activité religieuse n’est pas à proprement parler un culte, mais est constituée de lectures en commun, de conférences, de débats, d’ateliers. Ces lectures se basent sur les cinq livres qu’Allan Kardec a consacrés à la « codification » du spiritisme, vendus à plus de 30 millions d’exemplaires au Brésil. Il y est certainement l’auteur français le plus lu !

Un autre aspect du spiritisme est extrêmement connu et populaire au Brésil, mais aussi controversé : les médiums guérisseurs, tels Chico Xavier dans le passé et João de Deus aujourd’hui, mondialement renommé, qui reçoit d’innombrables patients à Abadiânia, près de Brasilia.

Alors, désormais vous ne pourrez plus dire à vos amis brésiliens que vous ne connaissez pas Allan Kardec, le célèbre spirite français !

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