« J’ai beaucoup de chance ! » Dimanche 19 mai, dans l’ancienne quadra de l’école de samba de la Rocinha, à Rio, Wagner Rocha Gonçalves exprime sa gratitude. L’Association de culture, d’art et de sport de la Rocinha (Acaer), qu’il a fondée il y a un an, est « inaugurée ». Enfants, familles, mais aussi l’association française Graines de Joie et le Rotary Club Marseille Monte Cristo, qui soutiennent financièrement le projet nommé « Vaincre avec le sport », sont là. Au programme : roda de capoeira, danses afro-brésiliennes, remise de cordes (graduation), repas et remerciements aux associations.
Wagner Rocha Gonçalves, physiothérapeute de 40 ans, sait tout faire : capoeira, boxe, lutte libre, MMA. Mais cela fait déjà vingt-trois ans qu’il enseigne plus particulièrement la capoeira aux enfants et adolescents de la plus grande favela d’Amérique latine, où il est né et a grandi.
L'Acaer fête son premier anniversaire
L’objectif de Wagner est de rendre la pareille : « J’ai grandi avec la capoeira, elle m’a aidé et éduqué. J’ai eu de très bons maîtres. Aujourd'hui, je veux que les jeunes de la communauté connaissent la même chance que moi ». Son association est née l’an dernier notamment grâce au soutien financier des organismes marseillais, qui ont récolté 5.000 euros pour aider au financement de matériel pour l’Acaer : instruments de musique, ballons, sac de boxe, matériel informatique etc. Pour Cécilia Salone, présidente et fondatrice du Rotary Club Marseille Monte Cristo, présente à Rio pour l’inauguration, « c’est formidable de voir le projet prendre forme après tant d’efforts ».
Le partenariat entre Graines de Joie et Wagner s’est fait un petit peu par hasard. En 2016, le physiothérapeute, qui est aussi professeur de boxe, a pour élève Marie-Charlotte, Française installée à Rio, déjà bénévole pour l’association marseillaise. C’est elle qui met en relation Wagner et Laurent Fabri, le président de Graines de Joie. « Aujourd’hui, ils m’aident brillamment. Je les remercie tous ». Frédérick Bousquet, parrain de Graines de Joie, présent lui aussi le jour de l’inauguration, félicite le Brésilien : « Ce que fait Wagner est impressionnant. Le sport, c’est la meilleure école de la vie. »
Le président de l’Acaer a environ 90 élèves, dont 15 professeurs déjà formés pour enseigner l’art martial afro-brésilien. « Nous donnons nos cours de capoeira dans cinq lieux différents de la favela et grâce au nouveau matériel, on va pouvoir ouvrir deux nouveaux locaux », explique-t-il avec enthousiasme. « Ils font vraiment du bon travail », raconte Marquelena, maman de João Miguel, 9 ans, jeune élève de capoeira. « Ils sauvent de nombreux adolescents du trafic de drogue. »
Construction d’un local
À l’avenir, Wagner, en partenariat avec les associations marseillaises, a pour projet la construction d’un local qui deviendrait le siège de l’Acaer. « J’aimerais aussi pouvoir rémunérer mes professeurs, pour les fidéliser. Ils ont tous un travail et c’est parfois compliqué de faire les deux. » Le Carioca voudrait aussi instaurer un repas pour ses élèves après le cours de capoeira : « Cela fidéliserait leur venue et éviterait qu’ils passent leur temps dans les rues de la favela. » Pour l’aider, n’hésitez ainsi pas à contribuer via Graines de Joie.