2018 ne sera pas l’année des grands soirs franco-brésiliens en matière culturelle. Mais c’est ce secteur qui continue d’embellir la relation France-Brésil à Rio même en temps de crise que le consulat général de France a tenu à réunir le temps d’une soirée au Musée d’art de Rio (MAR) vendredi.
De petits moyens, mais des ambitions intactes
« Il n’y aura pas de grands projets au Brésil cette année, mais ce n’est pas grave, on crée des liens avec les écoles, les institutions, on se nourrit de petits moyens pour obtenir le plus d’opportunités », confie le consul général de France, Jean-Paul Guihaumé, qui a pris son poste en septembre dernier et organisait à cette occasion sa première réception.
A la recherche de la date idéale pour l’organiser, c’est sur une fête très symbolique en France que cela est parfaitement tombé : la Chandeleur. « C’est une tradition française que les Brésiliens ne connaissent pas, donc cela permet de se retrouver avant le carnaval et d’échanger autour de la gastronomie aussi, de faire quelque chose de sérieux sans se prendre au sérieux », explique Romann Datus, le nouvel attaché de coopération et d'action culturelle arrivé en poste en même temps que Jean-Paul Guihaumé, qui en a profité pour rappeler aux convives l’histoire de la Chandeleur. Dans une ambiance musicale néanmoins brésilienne, ces derniers ont ainsi pu déguster les galettes et crêpes d’Amélie Crêperie, qui a plusieurs restaurants à Rio.
« Un aller-retour de plus en plus riche entre la France et le Brésil »
Un mets qui a comblé le plus breton des artistes invités, Erwan Le Bourdonnec. Après une année 2017 pleine, avec notamment une magnifique Nuit Blanche à Niteroi, l’architecte et artiste poursuivra cette année ses projets franco-brésiliens et son travail d’ambassadeur, dans l’idée de « faire venir des artistes français au Brésil et des artistes brésiliens en France ». Il annonce également des projets à São Paulo. « Je vais faire une petit infidélité à Rio », sourit-il.
Les convives brésiliens partageaient eux aussi une relation spéciale avec la France. Bia Junqueira, codirectrice du festival de théâtre carioca Tempo, dont la 8e édition a eu lieu en octobre dernier, le confirme : « Il y a un aller-retour de plus en plus riche entre la France et le Brésil, et le Tempo Festival est un moyen très fort d’établir ce dialogue, ce n’est pas un simple rapport d’importation/exportation ». Un lien franco-brésilien solide et ancien, dont le symbole à Rio est sans conteste, selon elle, le Theatro Municipal, inspiré par l’Opéra Garnier.
Crêpe ou tapioca ?
C’est dans le domaine de la musique expérimentale que Chico Dub, lui, noue des liens entre le Brésil et le reste du monde, dont la France, avec son festival Novas Frequências, fondé en 2011 et dont la dernière édition a eu lieu en décembre. « En Europe, la perception de la musique brésilienne est encore ancrée dans les années 1950 et 1960, notre mission est donc de faire connaître cette musique contemporaine brésilienne qui n’est pas assez mise en valeur », décrit-il. « Mais le Brésil lui aussi a mis du temps à regarder en dehors de ses frontières et notamment du côté de la francophonie, et cela change grâce à notre festival et ceux avec lesquels nous sommes en réseau à travers le monde », ajoute le producteur culturel.
Mais si les liens culturels franco-brésiliens ont ainsi resplendi tout au long de la soirée, Bom Dia Brésil a néanmoins voulu en profiter pour trancher une question cruciale : crêpe ou tapioca ? Tous nos interlocuteurs se sont pris la tête entre les mains : Bia Junqueira a trahi son pays pour les crêpes, Chico Dub est resté fidèle au tapioca. Erwan Le Bourdonnec, enfin, a fait preuve de diplomatie pour permettre une égalité parfaite : « Le tapioca au Brésil et les crêpes en France ! »