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Lors de la Flip 2016 à Paraty (Agência Brasil)

Classiques et contemporains, 11 romans brésiliens à lire de toute urgence

Se déroulant jusqu'au dimanche 29 juillet, la Fête littéraire internationale de Paraty (Flip) est l'un des événements les plus attendus dans le monde de la littérature brésilienne. Elle attire chaque année nombre d'illustres invités internationaux. Au programme de cette édition 2018, on note ainsi la présence de Leila Slimani, écrivaine en vogue, Alain Mabanckou ou encore André Aciman, auteur de Appelle-moi par ton nom. Mais la Flip permet également de mettre en lumière la littérature brésilienne, du fait des auteurs locaux conviés et aussi de la mise à l'honneur d'un auteur brésilien : cette année, la femme de lettres Hilda Hist. Même s'il existe des événements tels que le Printemps littéraire brésilien, la littérature brésilienne reste plutôt méconnue en France, étant souvent limitée à Paulo Coelho, Jorge Amado ou parfois même Clarice Lispector. Bom Dia Brésil a donc demandé à Rogério Pereira, rédacteur en chef de la revue littéraire Rascunhos, et à Nicolle, membre de l'équipe de TAG Experiências Literárias, un site envoyant chaque mois à ses abonnés un livre de littérature tant brésilienne qu'étrangère, de sélectionner chacun les trois classiques et les trois romans contemporains de la littérature brésilienne indispensables à lire, selon eux.

Du côté des classiques

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Le consensus est trouvé entre Nicolle et Rogério qui estiment tous deux que Dom Casmurro (1899) de Machado de Assis, est à mettre entre toutes les mains. C'est l'histoire de Bento Santiago, surnommé Dom Casmurro, un personnage silencieux et introverti. Durant son adolescence, il s'éprend de Capitu. Alors que sa mère l'avait prédestiné à devenir prêtre, il abandonne le séminaire. Les deux amoureux se marient. Si le bonheur est tout d'abord au rendez-vous, peu à peu la méfiance et la jalousie font leur apparition dans la vie du couple. Notamment lorsqu'il s'avère que leur fils Ezequiel a des traits de ressemblance avec Escobar, le meilleur ami de Bento...

Disponible dans diverses éditions brésiliennes, notamment en livre de poche chez L&PM.
Publié en français par les éditions Métailié, sous le titre Dom Casmurro et les yeux de ressac.
Nicolle recommande également :

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As três Marias (1939) de Rachel de Queiroz, ouvrage faisant partie de la collection de TAG.
Guta, Maria José et Gloria se rencontrent toutes jeunes dans un internat de Fortaleza, dans le Ceará. Très soudées, elles sont surnommées par l'une des bonnes soeurs de l'établissement Les Trois Maries. Devenues adultes, elles suivent des chemins différents : l'une d'entre elle devient mère de famille, l'autre se tourne vers la religion. Quant à Guta, elle aspire à une autre vie où elle pourrait vivre seule et ne pas être obligée de se marier...

Publié en portugais seulement aux éditions José Olympio.

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O Cortiço (1890) d'Aluísio Azevedo

L'oeuvre évoque le quotidien des habitants de la pension São Romão, du nom de son propriétaire, João Romão, Portugais immigré au Brésil. A la recherche d'une vie meilleure et de la richesse, il ne lésine devant aucun moyen pour y parvenir, même les plus illégaux. Jaloux de son voisin, Miranda, un bourgeois, il entre en concurrence avec lui. Avant de réaliser qu'il peut être un atout dans ses rêves d'ascension sociale : il abandonne du jour au lendemain son amante Bertezola, une esclave fugitive, pour épouser la fille de Miranda...
Disponible en portugais dans diverses éditions, notamment Saraiva Bolso ou encore en ligne gratuitement.
Rogério, quant à lui, conseille :

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- Vidas secas (1938) de Graciliano Ramos

Dans le sertão semi-désertique, poussés par la sécheresse et la famine, le vacher Fabiano, sa femme Vitória, leurs deux enfants et la chienne Baleine s’installent dans une ferme abandonnée. Ils se mettent au service d’un maître qui les exploite et survivent dans le dénuement extrême. Dans ce monde seulement régi par les rapports de force et l’hostilité de la nature, la parole est rare et maladroite, la communication presque impossible. Finalement une nouvelle sécheresse ravage leur troupeau, les jetant dans une nouvelle errance. Seul espoir ténu : une vie meilleure au Sud, dans une grande ville.
Publié en portugais aux éditions Record.
Publié en français, sous le titre Vies arides, aux éditions Chandeigne.

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- A paixão segundo G. H. (1964) de Clarice Lispector

G. H., une femme de la classe moyenne de Rio, découvre un cafard dans la chambre de sa bonne. Cette rencontre provoque une violente crise d’effroi chez G.H qui bouleverse complètement sa vie. Le cafard semble renvoyer G. H à une réalité primordiale insoutenable qui engendre une crise totale du sens. G. H, dans un vaste monologue, déploie l’expérience de sa passion au sens biblique.
Publié en portugais aux éditions Rocco.
Publié en français par l'éditeur Des Femmes, sous le titre La Passion selon G. H.

Du côté de la littérature contemporaine

Rogério indique :

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- Dois irmãos (1990) de Milton Hatoum

Fils d'une Indienne au service d'une famille libanaise installée à Manaus, le narrateur tente de reconstituer le passé et de savoir qui est son père. Partagé entre l'admiration et le dégoût pour Yaqub et Omar, jumeaux condamnés à répéter le mythe de la haine fraternelle, lui, le bâtard, le domestique, entreprend de raconter la chute d'une famille qui a lieu parallèlement à la disparition des valeurs traditionnelles de Manaus.
Publié en portugais aux éditions Companhia das Letras.
Publié en français aux éditions du Seuil, sous le titre Deux frères.

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- Lavoura arcaica (1975) de Raduan Nassar

Le roman peut apparaître comme une version du Fils prodigue. Le rebelle est traqué par lui-même - son corps, ses mots - entre la chambre-utérus où il est réfugié et la «maison du père» fondée sur le langage de la tradition - d'une tradition dont les racines plongent de ce côté de l'Océan, sur les bords de la Méditerranée, au Liban. Et c'est contre cette limite qu'il bute et qu'il laboure son passé, remontant jusqu'à une violence primordiale, d'avant toute loi.
Publié en portugais par Companhia das Letras.
Publié en français par Gallimard, sous le titre La Maison de la mémoire.

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- Eles eram muitos cavalos (2001) de Luiz Ruffato

Une journée dans la vie de la ville de São Paulo : des gens perdus dans l'anonymat de la mégalopole, des couples qui se défont, des enfants mordus par des rats dans des taudis immondes, des enlèvements, des meurtres, des camelots, des vagabonds, des chômeurs, des prêcheurs sur les places, des voleurs, des chauffeurs de taxi qui racontent leur vie à leurs passagers, tous plongés dans la nostalgie d'une vie d'avant meilleure mais abandonnée au nom de l'argent et de la survie. Les protagonistes se croisent sans se rencontrer et l'auteur, placé dans la perspective du personnage et non du spectateur, donne un aspect très singulier à cette fresque d'un immense troupeau perdu dans l'anonymat d'une vie frénétique, dont personne ne connaît plus rien.
Publié en portugais par Companhia das Letras.
Publié en français aux éditions Métailié, sous le titre Tant et tant de chevaux.
Nicolle, de son côté, vous conseille :

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- O Seminarista (2009) de Rubem Fonsecaouvrage faisant partie de la collection de TAG.
Le personnage principal de ce récit tue sans aucun état d'âme. Mais ce n'est pas non plus un acte lui semblant plaisant. C'est juste un travail lui permettant de dédier son temps à ce qu'il aime vraiment : les livres, le cinéma et les femmes. Toutefois, le jour où il veut quitter la profession, il se rend compte qu'il n'était pas aussi détaché de ses actes qu'il pensait l'être et doit affronter les fantômes d'un passé qu'il pensait avoir effacé.

Publié uniquement en portugais aux éditions Agir.

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- Ainda estou aqui (2015) de Marcelo Rubens Paivaouvrage faisant partie de la collection de TAG
Dans ce roman, l'auteur évoque Eunice Paiva, sa mère, une femme semblant avoir eu plusieurs vies. Mariée au député Rubens Paiva, elle était à ses côtés quand il a été destitué puis qu'il s'est exilé en 1964, durant la dictature. Mère de cinq enfants, elle s'est retrouvée à les élever seule lorsqu'en 1971, son mari a été emprisonné par des agents de la dictature, avant d'être torturé, puis assassiné. Une douleur profonde qui l'a amenée à se réinventer, puisqu'à la suite de ce drame, elle a repris ses études et est devenue avocate, se spécialisant dans la défense des droits indigènes.

Publié uniquement en portugais par Companhia das Letras.

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- Rakushisha (2007) d'Adriana Lisboa
Haruki est un dessinateur carioca d'origine japonaise. Il est invité à illustrer la traduction d'un classique de la littérature japonaise de Matsuo Basho. Il décide donc de passer quelques temps dans le pays de ses aïeux, ce qu'il n'avait jamais envisagé avant. A la veille du départ, dans un wagon du métro de Rio, il rencontre Celina, une mystérieuse femme avec qui la connexion est immédiate. Il l'invite à l'accompagner durant son séjour au Japon...

Publié uniquement en portugais par Alfaguara.

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