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Dans les Lençois maranhenses (Wikimedia)

De São Luis à Fortaleza, sur la route des émotions nordestines

Du sable, du soleil et de l’eau, une nature sauvage et préservée, des ciels d’un bleu si profond qu'on s'y perdrait. Sur la Route des émotions, entre São Luis (Maranhão) et Fortaleza (Ceará), on rencontre un Brésil hors du temps et des paysages d’une beauté à couper le souffle. Bom Dia Brésil l’a parcourue à la fin du mois de juin et vous invite à en découvrir les principales étapes. Tour d’horizon.

São Luis, grandeur et décadence d’une cité coloniale

Fondée par des colons français en 1612 en hommage au roi Louis XIII, située sur une île, São Luis est la capitale du Maranhão. « Comme tous les villes brésiliennes, São Luis est intéressante pour son mélange de cultures, souligne Daniel Souza, guide spécialisé dans la Route des émotions, basé à São Luis. Le centre historique, qui fait l’objet d’un programme de rénovation, a été classé au Patrimoine mondiale de l’humanité par l’Unesco en 1997. » Les Français y sont restés trois ans, de 1612 à 1615, les Néerlandais ne feront pas mieux, de 1641 à 1644, et on respire surtout un parfum de Portugal en cheminant dans ses rues pavées, entre les maisons au toit de tuiles rouges et façades à azulejos. Nombre d’entre elles sont dans un état de délabrement préoccupant, symbole de la décadence d’une ville qui était plus grande que São Paulo au XIXe siècle.

Les Lençóis maranhenses, merveille de sable et d’eau

São Luis possède un autre grand atout : c’est la plus grande ville à proximité du parc national des Lençóis maranhenses. Plus de 150.000 hectares de dunes et de lagunes qui s’entrelacent comme des draps, d’où le nom du parc. La principale porte d’entrée des Lençóis est Barreirinhas, une ville de 50.000 habitants, avec de nombreux restaurants et hôtels, qu’on rejoint après quatre heures de route depuis São Luis. « On peut aussi accéder au parc par Santo Amaro, 40 km avant Barreirinhas quand on vient de São Luis, qui est très proche de l’entrée du parc. Ou à l’est, par Atins, un petit village de pêcheurs », indique Daniel Souza. Un séjour de quelques nuits à Atins, avec ses rues en sable, ses vaches, ânes, chèvres, coqs, chiens en semi-liberté et ses pousadas de plus en plus nombreuses, ne manque assurément pas de charme.

En 4x4, à cheval ou à pied, l’entrée dans le parc des Lençóis est peut-être le moment où la Route des émotions porte le mieux son nom. Les dunes peuvent atteindre 25 mètres de haut, le sable est d’un blanc éclatant, l’eau douce des lagunes est d’une limpidité sans pareille. « On ne visite pas la même partie du parc selon l’endroit où on séjourne, précise Daniel. A Atins, par exemple, on est plus proche de la mer. A Barreirinhas, on monte très haut quand on entre dans le parc et on a une belle vue d’ensemble. » Les plus courageux se lanceront dans la traversée du parc à pied : trois jours d’est en ouest, d’Atins à Santo Amaro, ou deux jours d’Atins à Barreirinhas en passant par l’oasis de Baixa Grande.

Quant à la saison idéale pour visiter les Lençóis, pour Daniel, il faut privilégier juin-juillet-août, après la saison des pluies qui va jusqu’en mai : « De juin à août, les lagunes sont pleines. On peut en voir quelques-unes remplies jusqu’à fin novembre, car certaines d’entre elles ne s’assèchent jamais. Mais elles sont souvent moins belles que les lagunes qu’on voit en juin-juillet. »

Le delta du Parnaíba, entre Maranhão et Piaui

D’Atins, on peut rejoindre en bateau un autre village de pêcheurs, Caburé, puis accéder au port de Tutóia après 1h30 de route, dont une bonne partie sur la plage. A Tutóia, cap sur le Delta de Parnaíba, appelé également Delta des Amériques. « C’est le troisième plus grand delta marin au monde après le Nil et le Mékong, le seul delta marin des Amériques », affirme Daniel Sousa. Composé de cinq bras du rio Parnaíba qui se jettent dans la mer, on le traverse en naviguant entre 80 îles, des plages de sable fin, des dunes, des lagunes et une mangrove à la faune très riche. Singes hurleurs, capucins, iguanes, caïmans et crabes peuvent y être aperçus. « Le tourisme s’est beaucoup développé, la faune est un peu plus difficile à voir », regrette pourtant Daniel Sousa.

Si on ne traverse pas l’ensemble du delta, la ville un peu endormie de Parnaíba, dans le Piauí, peut être une porte d’entrée pour le découvrir grâce à des excursions à la journée. La plus recherchée est celle qui permet d’assister à l’envol des guarás, ces ibis rouges du delta, qui affluent par centaines sur une île juste avant le coucher du soleil.

Jericoacoara, le village coupé du monde devenu station balnéaire

En quittant Parnaíba, on découvre vite les paysages arides du sertão et on roule au milieu des palmiers de carnauba, dont la cire est utilisée dans les cosmétiques, certains cirages et confiseries. L’arrivée dans le Ceara, pourtant « l’État le plus riche de la région », selon Daniel Souza, se fait sentir : les conducteurs doivent y slalomer entre d'innombrables nids-de-poule, n’hésitant pas basculer d’un bas-côté à l’autre de la route. Dans le petit port de Camocim, on prend un bac pour traverser une rivière et on se lance dans un nouveau périple sur la plage et au milieu des dunes pour atteindre Jericoacoara, au milieu du parc national du même nom.

Longtemps simple village de pêcheurs, « Jeri » se distingue comme Atins par ses rues sablonneuses. La comparaison s’arrête là. Jericoacoara est aujourd’hui une station balnéaire à la mode. « Le tourisme s’y est beaucoup développé. On y trouve des hôtels et des restaurants très chics, on peut y pratiquer la capoeira ou danser le forro, mais Jeri a su garder son charme », estime Daniel Souza.

C’est une destination très prisée des kite-surfeurs grâce à ses vents soutenus d’août à décembre. On peut explorer la côte aux alentours. A l’ouest de Jeri, on peut ainsi visiter « une magnifique mangrove sèche ». Et à l’ouest, on trouve une côte plus découpée, avec l’arche rocheuse de la Pedra Furada et la Lagoa do Paraiso et ses eaux bleues-vertes où on se laisse bercer par des hamacs immergés. En fin de journée, un détour par l’immense duna do Pôr do Sol, d'où on peut observer un magnifique coucher de soleil, est une expérience incontournable. Touristes comme habitants y affluent à partir de 17h.

Au fait, dans quel sens faut-il prendre la Route des émotions ?

Partir de São Luis pour découvrir les Lençóis, le delta du Parnaíba puis Jericoacoara avant de terminer son périple à Fortaleza : c’est dans ce sens que le voyage est le plus souvent proposé. Mais parcourir la Route des émotions en sens inverse a aussi ses adeptes. Parce que de plus en plus de vols internationaux arrivent à Fortaleza, ce qui rend cet itinéraire plus facile pour les touristes européens. Et parce c’est peut-être dans le Maranhão que les émotions sont les plus fortes. « C’est mon Etat, je dis toujours que c'est le plus beau, lance Daniel Souza. Les Lençóis, c’est magique, vraiment unique. C’est l’endroit le beau de toute la route, autant garder le meilleur pour la fin. »

Daniel Souza, guide francophone basé à São Luis. Pour le contacter, cliquez ici.

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