Durant le carnaval à Rio de Janeiro, il y a de la danse, de la musique, des couleurs de tous côtés, mais aussi... des échasses (« pernas de pau » en portugais) ! Depuis quelques années, de plus en plus d'échasses sont visibles en tête de défilés, surtout dans les blocos féministes et LGBT. Pour en savoir plus sur cette activité sportive qui gagne en popularité auprès des femmes, Bom Dia Brésil a rencontré Elisa Caldeira, artiste aux multiples talents et professeure d'échasses.
Pouvez-vous nous parler de l’activité pernas de pau et comment en êtes-vous arrivée à pratiquer cela ?
Cela fait environ quatre ans que je pratique les échasses. J’ai toujours aimé les activités de cirque, je fais de la danse, du théâtre, j’ai tout le temps besoin d’avoir mon corps en mouvement, et un jour, je me suis dit que j’allais essayer les échasses ! Aujourd’hui, je me produis pour le bloco de carnaval féministe Bloco Das Mulheres Rodadas et donne également des cours avec elles, ainsi que mes propres cours « Oficinas Do Crack ».
Justement, les blocos féministes et LGBT ont souvent des échasses en tête des défilés au carnaval. Peut-on dire que les pratiquer est un acte militant féministe et pourquoi ?
A l’origine, ce n’est pas une activité féministe, mais c’est vrai que les échasses ont pris racine dans le carnaval et ont gagné en popularité grâce aux blocos féministes et à l’essor des sujets féministes en général dans la société. Pratiquer les échasses a été une façon de dire : « On va faire les blocos à notre façon ». Aujourd’hui, c’est effectivement une activité pratiquée majoritairement par des femmes, même s’il y a aussi des hommes. Monter sur ses échasses, c’est être en hauteur, dominer, montrer une certaine forme de pouvoir. Cela demande d’être à l’écoute de son corps, d’avoir conscience de chacun de ses mouvements, de se faire confiance et de maîtriser la situation. De ce point de vue-là, les échasses ont un aspect féministe car elles poussent les femmes à se dépasser, à prendre l’espace et à voir leur corps comme un élément de puissance. Dans les groupes de échasses, il y a beaucoup d'affection, de sororité, d'entraide. C'est un espace bienveillant où chacune, quel que soit son niveau, se sent encouragée à avoir confiance en elle et en son corps. C'est une activité fun !
Comment se passent vos cours d'échasses ?
Les cours que je donne avec Mulheres Rodadas ont lieu tous les samedis, de 15h à 17h, à la Praça Paris, jusqu’en septembre. Mes cours appelés « Oficinas do Crack » ont lieu les jeudis et samedis pour les débutant-es et les lundis et mercredis pour le niveau avancé. On a un groupe WhatsApp sur lequel j’informe du lieu et de l’heure du prochain cours car c’est au feeling, à l’improviste, dans la rue. Les « Pernaltas do Crack » sont là pour « produire le rêve, le fantasme ». La particularité de mes cours est que je ne propose pas d’apprendre à défiler et danser avec les échasses, mais à être capable de les utiliser dans la rue et de faire face à toutes situations. Faire des échasses, notamment durant le carnaval, ça demande d’être capable de tourner sur soi-même si besoin, de monter et descendre des trottoirs, de gérer des situations imprévues, d’être capable de refixer rapidement une échasse si elle ne tient pas bien, en somme d’être hautement adaptable.
Des événements prévus prochainement ?
Il est toujours possible de s’inscrire pour les cours d'échasses du Bloco Mulheres Rodadas (cliquez ici), ainsi qu’à mes cours Oficinas do Crack en me contactant sur Instagram. Autrement, je joue actuellement au théâtre dans la pièce Menines, au théâtre Glaucio Gill. Cette pièce casse les préjugés et certitudes sur les sexualités, en utilisant l’humour pour poser différentes questions sur le genre. Nous sommes sept jeunes acteurs-trices cis, trans, non-binaires et on joue tous les mercredis et jeudis à 20h. A la fin, toute l’équipe échange avec les spectateurs et spectatrices qui le souhaitent. Venez, venez, venez !