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« J'aime peindre les femmes telles qu'elles sont et y adjoindre la culture du Maranhão »

Jeune artiste plasticienne du Maranhão, Amanda Lutiere, 22 ans, est venue récemment présenter son travail en France. Tout d'abord à l'occasion du Salon d'art contemporain français au Carrousel du Musée du Louvre à Paris, puis à l'Auberge de Jeunesse HI Lille, à l'invitation de l'association Envol Brasil, en partenariat avec l'association Açaí. Bom Dia Brésil l'a rencontrée.

 Comment cette possibilité d'exposer en France s'est-elle présentée ?

Amanda Lutiere (A. Perraud Boulard/Bom Dia Brésil)

L’an dernier, j’étudiais pour entrer en fac de médecine. Et j’ai décidé que je devais concilier tout à la fois l’art et les études. Je me suis dit que je devais investir dans les deux carrières : étudier pour être artiste, mais aussi pour être médecin. Et j’ai fait un portfolio virtuel, que j’ai commencé à envoyer à diverses galeries. J’ai aussi fait des recherches concernant les salons et les foires d’art, tant en Europe qu’au Brésil. Et en janvier, j’ai reçu des nouvelles d’une galerie qui faisait une exposition à Paris et qui avait retenu mon travail. Puis dans la foulée, j’ai eu le contact pour exposer aussi à Lille. En revenant au Brésil, je vais aussi exposer à Rio de Janeiro, en février. Venir présenter mon travail en France, c’est comme vivre un rêve.

C'est votre première fois en dehors des frontières brésiliennes ?

Jusqu’à maintenant, mon travail n’avait été présenté que dans le Maranhão. J’avais déjà mon projet, la collection Saba, dessiné, mais j’ai dû chercher des appuis financiers et de l’aide. Une amie a commencé à travailler avec moi et on a fait beaucoup d’expositions, commencé à vendre des toiles, des produits dérivés pour pouvoir financer ce projet et réussir à voyager à Paris afin de faire l’exposition. C’est la première fois que je viens en Europe. São Luis est une capitale, mais très isolée, c’est une île et loin des autres capitales. Donc c’est plus difficile de voyager à partir de là.

Comment avez-vous commencé à vous intéresser à l'art ?

(DR)

Depuis toute petite, j’ai toujours dessiné. Personne dans ma famille n’était dans le domaine de l’art. Ni ma mère ni mon père ne savent même dessiner la moindre petite fleur. J’ai commencé à y dévouer de plus en plus de temps. Quand j’étais petite au lieu de courir, je préférais dessiner. J’ai cherché à prendre des cours, mais il n’y avait rien. Donc j’ai étudié à la maison, testé, fait des essais à partir de différents matériaux, réalisé des recherches sur Internet.

Quelles sont vos références ?

Parmi mes références, Candido Portinari, je trouve que c’est un artiste exceptionnel, qui a divers styles. Donc je m’identifie beaucoup à lui, car lui aussi explorait différents matériaux. De manière plus contemporaine, j’aime le travail de Nestor Junior, un artiste de Florianopolis.

Comment définiriez-vous votre travail ? Quel est votre projet ?

J’aime peindre des figures féminines, mais aussi aborder la partie sentimentale, émotionnelle. Je travaille notamment ces aspects à travers diverses représentations de la lune, car je trouve que c’est un symbole très féminin. Et l’instabilité émotionnelle est aussi quelque chose de bien féminin, la question des cycles sont à mettre en rapport avec la lune. Les femmes, je tente de les exprimer d’une autre manière. Je n’aime pas la vision stéréotypée d'elles qui est le plus souvent proposée. Les miennes ont des rondeurs, d’autres sont maigres, elles ont des vergetures. Je tente d’y inclure des éléments plus réels. Dans l’histoire de l’art, de manière générale, la femme a toujours été représentée à travers des regards masculins. Donc je trouve important de la représenter par mes yeux de femme. Je n'hésite pas aussi à déconstruire aussi le corps féminin, le représenter de manière plus irréelle. J'y adjoins toute la culture maranhense.

L’idée est d’aider les femmes à s’accepter telles qu’elles sont ?

C’est plus une conséquence, parce qu’au début, je voulais peindre ce que je voyais. Notamment en prenant mon corps comme modèle. Mais les gens ont commencé à me dire qu’ils trouvaient super que j’encourage les femmes à s'accepter.

Comment est le monde de l’art dans le Maranhão ?

C’est très dynamique ! On y trouve beaucoup d’artistes comme moi qui n’ont pas fait d’école d’art, mais qui se donnent les moyens de développer leur art. Le graffiti aussi se développe beaucoup. 

Existe-t-il des centres culturels qui vous appuient ?

Quand on veut organiser un événement culturel, c’est très souvent collaboratif : on regroupe des peintres, des artistes, des musiciens et tout le monde divise les coûts. On survit de cette manière. Mais c’est très compliqué, tant de vendre que d’obtenir des aides financières. Il faut beaucoup lutter pour obtenir quoi que ce soit. Les diverses coupes budgétaires dans la culture n’ont pas aidé.

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