Si vous êtes allés faire un tour du côté d’Itajai (Santa Catarina), qui accueille ce mois-ci la 8e étape de la Volvo Ocean Race 2017-2018, vous n’avez dû trouver aucun gobelet en plastique au village de course. Ou plutôt si, mais les verres réutilisables de l’entreprise Meu Copo Eco (« Mon Verre Eco »), cofondée par la Brésilienne Larissa Kroeff et le Français Joris Fillatre à Florianopolis.
C’est en 2011 que les deux jeunes lancent leur start-up, déterminés à combattre le fléau environnemental que représentent les gobelets en plastique jetables, dont le Brésil consomme 720 millions d’unités en moyenne par jour ! L’idée est simple : imposer dans les lieux où ils sont distribués en masse, principalement les grands événements (festivals culturels, compétitions sportives…), des verres réutilisables, que le visiteur acquiert via une caution (5 reais en général) et peut ensuite soit conserver soit rendre en récupérant sa caution.
Près de 5 000 clients dans tout le Brésil
Deux ans après son lancement, Meu Copo Eco se trouvait un directeur commercial en la personne de Martin Joufflineau, un autre Français, installé à Rio, ami d’enfance de Joris Fillatre. Dans la Cidade Maravilhosa, on ne lui prédisait pas un grand succès de l’initiative. « On me disait : "Ici à Rio, cela ne marchera pas, repartez en Europe, on a d’autres problèmes !" » raconte-t-il à Bom Dia Brésil.
Les oiseaux de mauvais augure sont déjà bien loin, Meu Copo Eco progresse vite : l’entreprise compte 25 employés, près de 5.000 clients dans tout le Brésil, dont 80 % dans le secteur de l’événementiel, le reste étant des entreprises, écoles et institutions.
Bénéfice pour le client et le consommateur
« Le modèle fonctionne bien car on transforme un coût en une recette pour nos clients tout en joignant l’utile à l’agréable pour les consommateurs », indique Martin Joufflineau. En effet, ces verres sont en général personnalisés aux couleurs de l’événement qui les utilise et les visiteurs n’hésitent pas à le rapporter chez eux – plus de 70 % en moyenne. « C’est un véritable produit d’activation sur la conscience écologique, je suis convaincu que le public final y adhère », se félicite le Français.
Si le Brésil n’a pas encore passé le cap, comme en France, de l’interdiction de la vaisselle en plastique jetable non recyclable, Martin Joufflineau estime que le succès de Meu Copo Eco démontre qu’un premier cap a été franchi : « Aujourd’hui, il n’y a pas de chemin de retour, le jetable est mal vu, on sait qu’il faut le réduire. A Rio, on s’en rend bien compte ».
Agir au niveau local plutôt qu’au fédéral
Néanmoins, si les entreprises brésiliennes prennent peu à peu un engagement environnemental, tant qu’il y a un intérêt financier, la prochaine étape est nécessairement politique. A l’échelle gouvernementale, les avancées sont trop lentes et c’est ainsi localement que Meu Copo Eco tente d’agir par la même occasion.
Ce n’est ni en voiture ni en avion que Martin Joufflineau s’est rendu la semaine dernière à Itajai, mais en bateau, sur le catamaran Mare XX construit par son oncle, Benoît, qui vit depuis plus de 30 ans à Paraty (Rio de Janeiro). Baptisée projet Route, cette traversée a entrepris de recueillir un maximum de déchets en mer et sur les plages des villes dans lesquelles les deux hommes ont fait étape tout en discutant avec les élus locaux des initiatives environnementales qui pouvaient être prises, notamment en termes d’interdiction du plastique jetable. A Itajai, Mare XX a poursuivi sa mission, oeuvrant pour la campagne de l’ONU #MaresLimpos (« #MersPropres ») dont l’objectif est de combattre la pollution des océans par le plastique. En mer comme sur terre, il y a de quoi lever son verre pour Meu Copo Eco.