Fin décembre, une nouvelle contre-expertise concernant le crash de l'AF447 a été remise à la justice. Elle met directement en cause les pilotes d'Air France. Le 1er juin 2009, le vol ralliant Rio à Paris traverse une zone de turbulences, les sondes Pitot gèlent, entraînant un dérèglement des mesures de vitesse de l'Airbus et désorientant les pilotes. L'avion décroche et s'abîme au large des côtes brésiliennes faisant 228 morts. Air France et Airbus sont mis en examen depuis mars 2011 pour « homicides involontaires ». Depuis la bataille judiciaire n'a de cesse, éveillant la colère des familles des victimes.
« La réaction inappropriée de l'équipage »
Une première expertise judiciaire, rendue en 2012, pointait tout à la fois des problèmes techniques ainsi qu'un manque de formation des pilotes sur la procédure à adopter lors du givrage des sondes. Une première contre-expertise avait alors été demandée par Airbus. Remise en avril 2014, elle insistait sur « la réaction inappropriée de l'équipage » et avait permis de clore l'enquête. Toutefois, Air France et les familles des victimes avaient demandé qu'elle soit invalidée, la jugeant par trop favorable à Airbus. En novembre 2015, la cour d'appel de Paris leur donnait raison et renvoyait l'affaire en instruction.
Une seconde contre-expertise avait alors été demandée en février 2017. Selon France Info, elle souligne que la « cause directe » de l'accident « résulte des actions inadaptées en pilotage manuel » des pilotes. « Le pilotage manuel a été imposé par la déconnexion du pilote automatique consécutive au givrage des sondes » précisent les experts. Ils mettent ensuite en avant diverses « causes indirectes », telles qu'une « insuffisance d'entraînement de l'équipage au pilotage à haute altitude », « une absence de formation au travail en équipage des copilotes », sans oublier l'absence du commandant de bord au début de l'incident. Les experts pointent également du doigt « l'ambiguïté du classement de la procédure Stall (alarme de décrochage ndlr) » dans la documentation du constructeur et de la compagnie aérienne.
L'indignation des familles
Air France a précisé dans un communiqué ne « pas souscrire aux conclusions qui conduisent notamment à la mise en cause sévère de l'équipage disparu », dont elle prétend « défendre la mémoire ». La compagnie ajoute que « la sécurité des vols est et a toujours été sa première priorité, la formation des pilotes a toujours été assurée avec exigence, en conformité avec la réglementation en vigueur ».
Danièle Lamy, présidente de l'association de victimes Entraides et solidarité AF447, représente les proches des victimes françaises, brésiliennes et allemandes. Elle est révoltée par ce rebondissement judiciaire, comme le rapporte LCI : « Nous ressentons la plus grande indignation, à la limite de l'écœurement. Le problème des sondes Pitot est balayé, on a l'impression qu'Airbus est intouchable. C'est toujours la faute des pilotes qui ne sont pas là pour se défendre. »
Les parties ont désormais deux mois pour faire des remarques sur ces conclusions provisoires et être entendues par les experts si elles le souhaitent, avant la remise du rapport définitif.