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Marielle Franco (Jeso Carneiro/Flickr)

Marielle Franco, conseillère municipale assassinée à Rio de Janeiro

La conseillère municipale de Rio de Janeiro Marielle Franco et son chauffeur ont été assassinés dans la soirée du mercredi 14 mars dans le quartier d’Estacio. Elue du Parti socialisme et liberté (Psol), formation de l’ancien candidat à la mairie Marcelo Freixo, Marielle Franco avait participé plus tôt dans la soirée dans le quartier de Lapa à un événement sur les questions raciales. Elle rentrait chez elle avec son chauffeur et son assistante quand une voiture s’est arrêtée à leur hauteur. Ses occupants ont ouvert le feu avant de prendre la fuite sans rien emporter. Selon G1, Marielle Franco a été atteinte par au moins quatre tirs à la tête et son chauffeur, Anderson Pedro Gomes, par au moins trois tirs dans le dos. La troisième occupante de la voiture, l’assistante Fernanda Chaves, n’a été que légèrement blessée.

La piste d'une exécution privilégiée

Les enquêteurs envisagent plusieurs hypothèses, mais celle qu’ils privilégient est celle d’une exécution. Les vitres de la voiture de Marielle Franco étant teintées, les policiers suspectent que les tueurs l’aient suivie et qu'ils connaissaient la position exacte de chacun des occupants du véhicule. Dans la soirée, des amis de Marielle Franco et des élus se sont rendus sur les lieux de l’assassinat. Marcelo Freixo, député (Psol) de l’État de Rio, a dénoncé un « crime inadmissible » et affirmé que Marielle Franco n’avait jamais reçu de menaces : « Nous allons évidemment attendre les conclusions de la police, mais toutes les caractéristiques du drame sont celles d’une exécution. » Le maire de Rio, Marcelo Crivella, a déploré un « assassinat brutal » et rappelé « l’honnêteté, le courage et l’esprit public » de la conseillère municipale.

Engagée pour les droits des femmes, des noirs et des habitants des favelas

Sociologue de 38 ans, Marielle Franco se présentait comme une enfant du quartier de la Maré. Elue pour la première fois conseillère municipale en 2016, elle était connue pour son activisme en faveur des femmes, de la cause LGBT, des noirs, et des habitants des favelas, et pour ses critiques à l’égard de la police militaire. La veille de son assassinat, elle protestait contre la violence à Rio de Janeiro sur Twitter.

Le 10 mars, elle s’en prenait ainsi avec véhémence au 41e bataillon de police militaire, qu’elle qualifiait de « bataillon de la mort », pour ses actions dans le quartier d’Acari : « Assez de faire peur à la population, assez de tuer nos jeunes ! »

Marielle Franco avait été nommé rapporteure de la commission créée par l'assemblée municipale de Rio de Janeiro pour observer l'intervention fédérale dans la sécurité publique de l'Etat de Rio. Sa mort a soulevé une vague d'émotion au Brésil. Ce jeudi 15 mars, plusieurs actions vont être menées dans différentes villes. A Rio, le Psol a annoncé une veillée à 11 h sur la place de Cinelândia, devant l'assemblée municipale. Un autre événement est prévu à 17 h devant l'assemblée législative de Rio (Alerj). Selon Globo, d'autres manifestations sont prévues à São Paulo, Belo Horizonte, Salvador, Recife, Natal et Belém.

L’assassinat d’hommes et de femmes politiques au Brésil survient avec une fréquence choquante pour une démocratie. Il y a moins de deux ans, UOL relevait ainsi que dans la région de la Baixada fluminense, dans la grande aire métropolitaine de Rio de Janeiro, 14 candidats et politiques avaient trouvé la mort entre 2015 et septembre 2016.

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