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Mobilisation des « Femmes contre Bolsonaro » le 29 septembre 2018 à Rio (C.CHAUVEL/BOM DIA BRÉSIL)

À Rio, les femmes se mobilisent massivement pour dire « non » à Jair Bolsonaro

Samedi après-midi, dans les rues du Centro de Rio, elles sont venues par milliers envahir la place Marechal-Floriano de Cinelândia. Dans la Cidade Maravilhosa comme dans tout le Brésil et même à l’étranger, le mouvement des « Femmes contre Bolsonaro » avait organisé via les réseaux sociaux une mobilisation suivie en masse contre le candidat du Parti social libéral (PSL).

Mobilisation des « Femmes contre Bolsonaro » le 29 septembre 2018 à Rio (C.CHAUVEL/BOM DIA BRÉSIL)

Adriane, consultante de 47 ans, est venue manifester, et elle se sent rassurée par la force de la mobilisation : « C’est un succès et ce type d’événement peut faire changer les choses, il y a beaucoup d’indécis et cela montre qu’il y a encore beaucoup d’énergie pour lutter contre le discours de la haine et de la discrimination. » En tant que femme noire, elle se sent d’autant plus en danger si Jair Bolsonaro venait à être élu. « J’ai peur pour moi et mes enfants, on risque un retour en arrière », confie-t-elle.

« En tant que femme, je ne peux pas soutenir un candidat comme  lui »

Maiara, étudiante en psychologie de 24 ans, dit ne plus craindre aujourd’hui une élection du candidat du PSL « grâce à ce mouvement de femmes qui est en train de grandir ». « Ma plus grande peur, c’est de voir le soutien qu’il reçoit, notamment des femmes, car en tant que femme, je ne peux pas soutenir un candidat comme  lui, qui plus est opposé à tout ce en quoi je crois et qui n’a aucune proposition pour la population brésilienne », affirme-t-elle.

« Je ne suis pas venu ici contre Bolsonaro, mais pour les femmes »

Mobilisation des « Femmes contre Bolsonaro » le 29 septembre 2018 à Rio (C.CHAUVEL/BOM DIA BRÉSIL)

Si une majorité de femmes de tous les âges et horizons, jusqu’à plusieurs actrices et présentatrices de Globo, dont Fernanda Lima, ont afflué aux abords du Conseil municipal et du Théâtre municipal, une bonne part d’hommes a tenu à prendre part aussi à la mobilisation, tel Vinicius Davi. Couvert d’un drapeau LGBT, l’étudiant en histoire de l’art de 28 ans est venu par solidarité : « Je ne suis pas venu ici contre (Jair) Bolsonaro, mais pour les femmes, les mères, les sœurs, les filles, et les homosexuels, on est tous ensemble, d’ailleurs, je ne veux pas prononcer son nom, c’est un mot interdit parce que plus on en parle, plus on l’alimente. »

Outre des militants de candidats de gauche – PT, Psol, PDT et Rede en majorité - aux différentes élections du mois prochain, ceux du mouvement LGBT sont en effet là en nombre, Jair Bolsonaro étant bien connu également pour son positionnement radicalement homophobe. « Ce n’est pas le premier candidat fasciste, mais aujourd’hui, après que beaucoup de gens sont morts pour notre combat, nous sommes plus forts, nous pouvons être là en portant ces couleurs (il désigne son drapeau arc-en-ciel, ndr) et même s’il y a encore besoin de beaucoup de changements, cette élection peut aider », souligne Vinicius Davi.

« Beaucoup de gens ont peur de la violence et de la corruption »

Mobilisation des « Femmes contre Bolsonaro » le 29 septembre 2018 à Rio (C.CHAUVEL/BOM DIA BRÉSIL)

Marcos, lui, ne représente pas un mouvement en particulier, mais il est présent par conviction politique. « Ce sont les femmes qui l’ont organisé, mais ici, tout le monde est contre la haine et le fascisme, c’est un acte avant tout contre ce candidat et son mouvement fasciste », déclare l’enseignant de 53 ans. Pour lui, cette soudaine montée de l’extrême droite au Brésil n’est pas qu’un phénomène national : « Le monde entier est comme ça, beaucoup de gens ont peur de la violence et de la corruption, mais ici, la crise a été pire qu’avant et cela a favorisé ce genre de candidat, d’autant plus avec le contexte politique général et les problèmes de la gauche comme de la droite. »

Comme les autres manifestants rencontrés samedi après-midi, même s’il a bon espoir que Jair Bolsonaro ne soit pas élu, Marcos estime que les idées du candidat du PSL vont néanmoins rester un moment dans l’air du temps brésilien : « L’élection ne va rien résoudre, ce mouvement fasciste va continuer et c’est pour cela que l’on doit montrer notre positionnement. »

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