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école(Marcelo Camargo/Agência Brasil)

Ça fait du ramdam : les écoles brésiliennes, berceaux d'un « endoctrinement idéologique » ?

Dimanche et lundi avaient lieu les épreuves d'entrée à l'Université de São Paulo (USP). Au programme, des textes de Karl Marx, de Chico Buarque, sympathisant du Parti des travailleurs, ainsi qu'une bande dessinée de Laerte, auteur transsexuel. Des choix ayant fait naître la controverse sur les réseaux sociaux, certains les ayant considérés politiques, telle une provocation faite au président nouvellement investi, Jair Bolsonaro :


« Et il n'y a pas d'endoctrinement dans l'éducation, non mon ami... »

D'autres, au contraire, se sont montrés particulièrement ravis de cette sélection :

 « En ce moment, la joie d'appartenir à la communauté de la USP me mène au 7e ciel. »

Un président opposé à l'endoctrinement

Un débat qui ramène aux positionnements affichés par le nouveau président brésilien. Celui-ci a dénoncé notamment durant sa campagne la circulation dans les écoles d'un supposé « kit gay » ou incité parents et élèves à dénoncer les professeurs prônant « le communisme et la théorie du genre ». Il avait également vivement critiqué en novembre dernier une épreuve de l'Enem, l'équivalent brésilien du baccalauréat, pour son utilisation d'un terme issu du milieu LGBT. Jair Bolsonaro avait alors expliqué que, selon lui, cette question n'apprenait rien aux élèves et que l'examen serait totalement revu s'il était élu. Il vient d'ailleurs de nommer comme responsable de l'Enem Murilo Ferreira, docteur en économie de la Fondation Getulio Vargas, soulignant que le focus devrait être mis sur l'« apprentissage académique » et non l'endoctrinement.

En résumé, l'école ne devrait en aucun cas être un lieu d'« endoctrinement idéologique ». Des idées partagées par Damares Alves, ministre de la Femme, de la famille et des droits de l'homme, qui en moins d'une semaine a fermement marqué son opposition à la théorie du genre, en affirmant que « les petites filles sont des princesses et les petits garçons sont des princes » et que, au Brésil, les premières « s'habillent en rose » et les seconds « en bleu ».

Affronter les réelles problématiques de l'éducation brésilienne

Le 7 janvier paraissait par ailleurs un sondage réalisé par Datafolha montrant que 54 % de la population était favorable à l'éducation sexuelle à l'école et 71 % souhaitaient que les sujets politiques soient abordés au sein des établissements. Mais de nombreux internautes se sont opposés à l'interprétation à en tirer :

 « Education sexuelle, pas orientation sexuelle. Discussions politiques, pas endoctrinement politique. Vous n'avez pas encore compris, hein ? »

Toutefois, pour Cássio Gabriel et Afonso Hipólito, ces débats masquent une réalité de l'éducation brésilienne plus dramatique :

 « Vous sentez cette chaleur ? En février, des milliers (millions ?) d'élèves vont étudier dans des salles où il fera très chaud, avec des ventilateurs cassés et 40 enfants dans un espace fait pour seulement 20. Et pendant ce temps, il y a des gens qui pensent que le problème de l'éducation, c'est "l'endoctrinement de gauche" et la couleur des vêtements. »

 « Le problème de l'Education, selon Bolsonaro, c'est l'endoctrinement marxiste, et ses adeptes y croient. »

Suit une liste recensant les problèmes d'équipements des établissements scolaires, nombreux à ne pas avoir de laboratoire pour les cours de sciences, l'infrastructure pour une connexion Internet rapide, de salles de sport, de bibliothèques ou même plus basiquement du papier toilette, voire même d'accès à l'eau et au tout à l'égout.

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