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Le président brésilien, Jair Bolsonaro, le 4 septembre 2019 à Brasilia (Marcelo Camargo/Agência Brasil)

Ça fait du ramdam au Brésil : Bolsonaro fait de nouveau l’éloge de la dictature de Pinochet en répliquant à Bachelet

Jair Bolsonaro n’est pas qu’un nostalgique de la dictature brésilienne. Il apprécie tout particulièrement la chilienne également – sous laquelle son ministre de l’Economie, Paulo Guedes, a d’ailleurs servi. Il a eu l’occasion de le rappeler ce mercredi en apportant une réplique cinglante à la Commissaire de l’ONU aux Droits de l’homme et ancienne présidente du Chili, Michelle Bachelet, qui avait déploré un « rétrécissement de l’espace démocratique » au Brésil.

« Ces derniers mois, nous avons observé un rétrécissement de l’espace civique et démocratique, caractérisé par des attaques contre les défenseurs des droits de l’Homme, des restrictions imposées au travail de la société civile », a déclaré ce mercredi Michelle Bachelet à Genève, citée par l'Estadão, déplorant la hausse des violences policières et le discours du gouvernement, qui légitime cette violence à l’encontre des populations les plus défavorisées du Brésil.

Double réplique

Sur Twitter, par manque de place, Jair Bolsonaro n’a pu que s’indigner de son ingérence « dans les affaires intérieures et la souveraineté brésilienne » - sa nouvelle rhétorique particulièrement efficace pour raviver la flamme de ses soutiens. Réitérant également tout le bien qu’il pense des « droits de l’homme (des criminels), qui attaquent nos courageux policiers civils et militaires » et balançant une pique au passage au président français puisque, selon lui, Michelle Bachelet est « dans la ligne de Macron ».

Pour illustrer son tweet et lui donner plus d’acide, il l’a accompagné d’une photo de l’ancienne présidente du Chili en compagnie de ses ex-homologues (de gauche) d’Argentine et du Brésil, Cristina Kirchner et Dilma Rousseff.

Bolsonaro évoque le père de Bachelet, mort sous la torture

Mais sur Facebook, Jair Bolsonaro a été plus loin dans sa réplique, la dotant d’une suite à visée beaucoup plus personnelle envers Michelle Bachelet : « Elle dit que le Brésil a perdu de l’espace démocratique, mais elle oublie que son pays n’est pas devenu un Cuba grâce à ceux qui ont eu le courage de mettre un terme au pouvoir de gauche en 1973, parmi ces communistes son père officier à l’époque ».

Une attaque particulièrement violente car, comme l’a rappelé l’Estadão, le père de Michelle Bachelet, Alberto, qui été général de l’armée de l’air chilienne au moment du coup d’Etat de septembre 1973, s’est opposé à Augusto Pinochet et est décédé à l’âge de 50 ans en prison des suites d’actes de torture en mars 1974. Plus de 32.000 personnes ont été torturées sous la dictature chilienne (1973-1990) et plus de 3.000 ont trouvé la mort.

Bolsonaro, un admirateur de longue date de Pinochet

Ce n’est pas la première fois que le président brésilien rend hommage au dictateur chilien. S’il avait évité le sujet lors de sa visite officielle à Santiago en mars dernier, se contentant de dire que « beaucoup de gens l’aiment bien, d’autres ne l’aiment pas », il était bien plus loquace dans un passé pas si lointain. La BBC Brasil avait rappelé à l’époque que Jair Bolsonaro avait notamment déclaré qu’Augusto Pinochet « avait fait ce qu’il devait être fait », qu’il « aurait dû tuer plus de gens » ou encore qu’« il avait dû agir de manière violente pour reprendre le pays ».

Mais cette dernière attaque devrait laisser des traces. Malgré l'entente cordiale affichée entre Sebastián Piñera et Jair Bolsonaro ces derniers mois, le premier a réagi ce mercredi, condamnant fermement les propos du second.


Sur les réseaux sociaux, si les partisans du chef de l'Etat brésilien affichent leur enthousiasme, les opposants, eux, s'attristent du nouveau malaise diplomatique provoqué par l'occupant du Planalto.

« Chaque fois plus fier de n’avoir jamais pensé une seule seconde à voter pour vous. Continuez à me rendre fier ainsi. Parlez plus président ! Détruisez d’un coup ce qu’il reste de notre diplomatie ! »

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