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Jair Bolsonaro le 2 mai 219 (Agência Brasil)

Ça fait du ramdam : quand Bolsonaro invitait les étrangers à « venir coucher avec les femmes du Brésil »

Une nouvelle petite phrase du Président brésilien Jair Bolsonaro a fait jaillir un vent de contestation dans la communauté féministe, ainsi que chez différents mouvements sociaux et les gouverneurs de six Etats brésiliens. Une campagne de dénonciation nationale contre le tourisme sexuel a été lancée en réaction à ses propos.

Bolsonaro ne veut pas du « tourisme gay »

« Si quelqu'un veut venir ici et coucher avec une femme, qu'il se sente libre... Désormais, nous ne pouvons plus conserver cette image de paradis du monde gay. » Jair Bolsonaro a prononcé cette déclaration polémique au cours d'un café da manhã avec des journalistes le 25 avril dernier. Ils l'interrogeaient sur son image de président homophobe à l'international. En effet, alors qu'il doit recevoir le prix de Personnalité de l'année 2019 le 14 mai prochain, via la Chambre du Commerce Brésil-Etats-Unis, le Musée Américain d'Histoire Naturelle de New-York et le Cipriani Hall ont déjà tous deux refusé d'accueillir la cérémonie.

Selon Bolsonaro, sa réputation d'homophobe est née en 2009, quand il a mentionné l'existence d'un supposé kit gay, mis en place dans les écoles par Fernando Haddad, alors Ministre de l'Education. Il affirme être devenu « la cible du monde entier » en assumant son agenda conservateur. Pour étayer sa pensée, il a enfin indiqué que « le Brésil ne peut pas être le pays du monde gay, du tourisme gay. Nous avons des familles. »

Réactions contre le tourisme sexuel envers les femmes

De toute évidence, promouvoir « le sexe à volonté » avec les femmes brésiliennes a provoqué l'indignation. Plusieurs personnes d'influence se sont exprimées, comme par exemple le célèbre écrivain brésilien Paulo Coelho sur son compte Twitter : « Les femmes brésiliennes ne sont PAS une marchandise. Le tourisme sexuel n'est PAS une raison de visiter le Brésil. »

pernambuco dit non au tourisme sexuel

Campagne contre le tourisme sexuel de la région Pernambuco, en réaction aux propos de Jair Bolsonaro

Des mouvements sociaux, des organes de justice, mais aussi six Etats brésiliens (Pernambuco, Rio Grande do Norte, Maranhão, Paraíba, Bahia et Espírito Santo) ont également réagi pour contester les propos du Président. Différents visuels de protestation ont été relayés sur les différentes plateformes de réseaux sociaux, avec un message de fond commun à tous : « Le Brésil est à disposition des touristes. Pas les femmes. » Plus de 125 entités ont décidé de lancer une pétition publique, afin d'obtenir le soutien de la population dans cette campagne de désapprobation. À date, le nombre de signataires a atteint 1500.

Selon Disque 100, le service pour dénoncer les situations de violence (disponible 24/24 et 7/7), le Brésil enregistrait 4 cas par heure de violences sexuelles impliquant des filles et des adolescentes entre 2012 et 2016. Pour Renata Deiró, Présidente de la Commission de Protection des Droits des Femmes de l'OAB Bahia, Jair Bolsonaro fait l'apologie de la culture du viol : « Il  offre les femmes comme des marchandises. Comme si elles représentaient un attrait touristique du Brésil, quand en vérité, nous combattons cela depuis longtemps [...] Il encourage les hommes à croire que le Brésil est un lieu où on obtient facilement du sexe et que les corps des femmes sont à disposition. »

La Chambre de commerce et de tourisme LGBT du Brésil a par ailleurs publié un communiqué pour rappeler au Président brésilien que le tourisme LGBT a généré 218,7 milliards de dollars en 2018 au Brésil, et que des pays tels qu'Israël, l'Espagne, la France, les États-Unis ou le Canada investissent constamment dans le tourisme LGBT. « Le discours présenté ne reflète pas le concept de tourisme LGBT, qui ne favorise pas le tourisme sexuel (...) La Chambre de commerce et de tourisme LGBT du Brésil et la population LGBTI + du pays répudient les préjugés et considèrent le tourisme comme une activité lucrative qui favorise l'emploi, améliore l'image du pays à l'étranger et réaffirme l'engagement du Brésil en faveur de la défense des droits égalitaires », peut-on lire dans le communiqué.

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